L’entreprise ATD a livré mi-juin le chantier de déconstruction du quai des Hauts-Fourneaux à Grand-Quevilly, dans l’agglomération de Rouen. Haropa -  Port de Rouen, maître d’ouvrage du projet, a mené une enquête approfondie afin de mieux appréhender cette construction du début du XXe siècle.

Le Grand-Quevilly - Les mystères du quai


À Rouen, la fin de l’industrie lourde a laissé des traces. Mais la cité normande semble petit à petit cicatriser de ses friches. Après la fin du démantèlement de la raffinerie de Petit-Couronne en début d’année (voir Chantiers de France numéro 529), c’est la déconstruction du quai des Hauts-Fourneaux qui s’est conclu le 17 juin. Situé dans la commune du Grand-Quevilly, dans la banlieue de la métropole, cet ouvrage avait été bâti à la fin des années 1910 avec l’usine sidérurgique du même nom. La fermeture de la manufacture en 1967 le laissa à l’abandon. Les projets de Rubis Terminal l’ont tiré de son hibernation. Cette société, spécialisée dans la distribution de dérivés pétroliers et le stockage de produits liquide, exploite le terminal du Grand-Aulnay, à côté de l’ancien appontement. Elle souhaite moderniser ses infrastructures afin de pouvoir accueillir des navires plus grands.

Des archives à la Seine


Dans le cadre de cette opération, Haropa - Port de Rouen, l’établissement public chargé de l’administration des installations portuaires de la ville, a engagé plusieurs chantiers : pose de six ducs d’Albes dans la Seine, dragage de la souille et donc la déconstruction d’une partie du quai des Haut-Fourneaux. L’ouvrage mesure 220 m de long pour 19,2 m de large, dont 13 m au-dessus de la Seine. C’est cette dernière portion qui a été démantelée. La structure était constituée de voûtes en béton armé reposant sur des pieux également en béton armé, le tout adossé à d’autres voûtes en maçonnerie. Avant le début des travaux, une inspection détaillée de l’ouvrage a été conduite : des recherches dans les archives accompagnées d’inspections subaquatiques et terrestres. « Ces études ont révélé que les pieux étaient en bon état, mais que les trémies sur le hourdis, qui avait été condamné lors de la construction, s’étaient rouvertes, explique Alphonse Dakouo, ingénieur de génie civil au sein du service d’études et de travaux d’infrastructures d’Haropa - Port de Rouen. De nombreux éclats avec aciers apparents étaient aussi observables au niveau du front de quai. » La surface était de toute évidence fragile. En outre, les voûtes étaient recouvertes d’un revêtement mêlant remblais et de dalles en béton. Un diagnostic a  montré que les remblais étaient composés de matériaux non inertes.

Stockage en merlon


Le choix du maître d’ouvrage s’est porté sur l’entreprise ATD pour sa capacité à réaliser l’ensemble de la déconstruction en déporté depuis la terre au moyen de pelles long bras. « La gestion du chantier est restée locale, précise Alphonse Dakouo. ATD est installé au Petit-Quevilly. Les fers à béton ont été évacués chez la société Demofer, basée à Petit-Couronne. Les blocs bétons ont été transportés jusqu’au terminal du quai de Petit-Couronne pour être revalorisés en matériaux de sous-chaussée. » Le chantier a débuté en mars par le terrassement de la couche végétal qui recouvrait le quai. Le démantèlement des voûtes et des pieux a suivi. ATD a mobilisé cinq pelles : deux pour la déconstruction, une pour le ramassage des débris, une au tri et une dernière qui œuvrait à la mise en merlon des matériaux non inertes à l’arrière du quai. « Après avoir mené un plan de gestion des terres, nous avons choisi de les stocker sur site, indique l’ingénieur. Pour ce faire, ils ont été déposés sur des géotextiles et recouverts par un complexe géomembrane-géotextile. Une couche de terre végétale d’environ 20 cm a été mise en œuvre au-dessus de l’ensemble. » Deux plaques de répartition, de 12 m par 2,5 m, ont été utilisées afin de reporter le poids des engins de chantier sur les pieux de fondation. Au total, 2 500 m3 de terre et 6 000 m3 de matériaux ont été retirés. Haropa – Port de Rouen prévoit ensuite d’aménager une berge végétalisée à l’emplacement de l’ancien quai.

En résumé

L’enjeu
Déconstruire le quai des Haut-Fourneaux au Grand-Quevilly.

La contrainte
Un ouvrage fragilisé et des matériaux non inertes.

La solution
Utilisation de plaques de répartition et mise en merlon des matériaux non inertes.

fiche technique

Intervenants
Maître d’ouvrage : Grand Port maritime de Rouen
Maître d’œuvre : Direction du chenal et des travaux maritimes
Entreprise : ATD (filiale du groupe EPC)

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