
Année du cycle électoral où l'investissement local est habituellement moins fort, 2026 n’est pas le moment pour réduire les dotations d’investissement (fonds vert, DSIL, DETR) au risque d’amplifier la baisse de l’investissement local.
La présentation des grandes lignes du budget 2026 par le Premier ministre François Bayrou suscite une vive attention au sein du secteur des travaux publics. Si la FNTP salue la volonté affichée de maîtriser les finances publiques, elle met en garde contre une approche budgétaire qui sacrifierait l’investissement public sur l’autel de l’équilibre comptable. « Les collectivités locales portent 70 % de l’investissement public. Ce n’est pas en restreignant leur capacité d’action que l’on réduira la dette écologique ou les fractures territoriales", rappelle Alain Grizaud, président de la FNTP. Dans ce contexte, l’annonce du maintien de la dotation globale de fonctionnement (DGF) est perçue comme un signal positif, mais insuffisant.
Inquiétudes
Le gouvernement évoque un « effort » de 5,3 milliards d’euros demandé aux collectivités locales. Mais de nombreuses interrogations demeurent. Que recouvre précisément cette notion d’effort ? Faut-il y voir un gel global des dépenses, ou un ciblage spécifique des investissements ? Et surtout, quelle distinction est faite entre les dépenses de fonctionnement "à contenir", et les dépenses d’investissement, "à encourager" ? La FNTP souligne l’incohérence potentielle avec les conclusions de la récente conférence Ambition France Transports, qui a mis en lumière les besoins urgents en matière d’infrastructures pour répondre aux défis de mobilité, de transition énergétique et de développement territorial. Autre préoccupation, le calendrier. L’année 2026 correspond à un creux habituel de l’investissement local, en raison des élections municipales. Une réduction des dotations d’investissement, qu’il s’agisse du fonds vert, de la DSIL ou de la DETR, viendrait aggraver cette dynamique. La FNTP y voit un risque majeur de décrochage, tant pour l’activité des entreprises de travaux publics que pour la réalisation des objectifs climatiques. Enfin, le mécanisme de lissage des recettes fiscales, DILICO, serait reconduit. Mais le gouvernement prévoit de ne reverser que 30 % du milliard prélevé cette année aux collectivités, soit 300 millions d’euros. La FNTP dénonce une logique à courte vue, qu’elle compare à la « méthode du Sapeur Camember » : prendre d’une main ce que l’on redonne de l’autre, et appelle à une clarification rapide de la stratégie budgétaire de l’État vis-à-vis des collectivités. Elle portera ses revendications dans les prochaines semaines, à l’approche de la présentation du projet de loi de finances pour 2026. Pour Alain Grizaud, la ligne rouge est claire : « Il faut distinguer les dépenses qui préparent l’avenir, les investissements, de celles qui entretiennent le présent. La maîtrise des comptes publics est une nécessité, mais elle ne peut se faire au détriment de l’action pour le climat et pour l’équité territoriale. ».