Enchères Mat, filiale spécialisée du groupe Enchères VO, opère dans la moitié sud de l’hexagone. Enchères VO
Enchères Mat, filiale spécialisée du groupe Enchères VO, opère dans la moitié sud de l’hexagone.
Dans un contexte économique où le marché du matériel de chantier d’occasion se complexifie, Enchères Mat, filiale spécialisée du groupe Enchères VO, continue de tirer son épingle du jeu en s’appuyant sur une expertise, un maillage régional solide et une connaissance des tendances du secteur. Entretien avec Thomas Prim, directeur d’Enchères Mat, à la tête d’un dispositif de ventes aux enchères particulièrement actif dans le Sud-Ouest.

Enchères Mat est née il y a une vingtaine d’années dans le giron du groupe Enchères VO, maison de ventes familiale historiquement implantée à Toulouse. Si le groupe s’est d’abord spécialisé dans les ventes de véhicules particuliers et utilitaires, Enchères Mat s’est imposée comme la branche dédiée aux matériels lourds : poids lourds, tracteurs routiers, matériel de manutention, agricole, forestier ou encore de travaux publics. Chaque dernier mardi du mois, une grande vente physique est organisée sur le site du Bruguières (31), avec présentation en roulant des véhicules, sauf exception pour les grues ou matériels très spécifiques. Une vente également accessible en live à distance, depuis le site mat.encheres-vo.com. À cela s’ajoutent plusieurs ventes externalisées chaque année, souvent en partenariat avec des acteurs du BTP comme Chausson Matériaux, qui renouvelle régulièrement son parc de plateaux-grues, et de malaxeurs à béton. Un marché sous tension « Le marché de l’occasion reste actif, mais les prix sont en net recul depuis début 2025, rapporte Thomas Prim. Si la demande reste forte, notamment sur certaines marques premium (Mercedes, Iveco, Volvo), la vente de tracteurs routiers est devenue plus complexe, notamment à cause des évolutions normatives. Certaines marques comme Renault rencontrent davantage de difficultés à trouver preneur. En revanche, les matériels bien entretenus, avec historique de maintenance complet, restent très prisés. Les plateaux-grues issus de flottes bien suivies comme celles de Chausson Matériaux trouvent toujours preneur, parfois à plus de 50 % de leur prix neuf après 5 ou 6 ans d’utilisation. »

Critères d’achat

Les professionnels de l’achat sont vigilants sur les heures de fonctionnement, l’état des organes d’usure (chenilles, flexibles, freins), et l’entretien. Un matériel avec des pièces fatiguées perd très vite en valeur. Le directeur fait état d’un retournement de tendance sur le segment des chariots élévateurs électriques : « Il y a trois ans, on en vendait beaucoup. Aujourd’hui, la demande est moins importante, liée à une crainte relative aux coûts de maintenance (batterie, chargeur) qui freine encore certains acheteurs. » Autre évolution notable : la hausse des ventes issues de contentieux, signe de la détérioration de la conjoncture. Enchères Mat collabore régulièrement avec des établissements de crédit et sociétés de leasing pour revendre des matériels récupérés après défaut de paiement. « On constate une légère augmentation des dossiers contentieux depuis un an, notamment dans le transport, mais aussi dans le secteur des travaux publics, indique Thomas Prim. Des ventes organisées pour le compte de tribunaux de commerce, comme celui de Grasse récemment, ont concerné plusieurs entreprises en liquidation, y compris des loueurs ou des distributeurs de matériels TP ».

Une expertise adossée à la data

La force d’Enchères Mat repose également sur sa capacité à analyser les tendances du marché en temps réel. Grâce à la régularité des ventes et à l’exploitation de la donnée (prix atteints, rotation, origine, état, ....), l’entreprise ajuste finement ses estimations et ses conseils aux vendeurs. Chaque matériel est inspecté, testé, et passe une VGP (vérification générale périodique) qui garantit transparence et fiabilité. « Vendre une pelle, tout le monde peut le faire. Ce qui fait la différence, c’est notre capacité à la valoriser justement, à identifier les points faibles, et à rassurer l’acheteur sur ce qu’il achète. ». Avec un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros pour Enchères Mat (et environ 300 millions pour le groupe Enchères VO), l’entreprise reste à taille humaine, mais ambitionne de poursuivre son développement au niveau national, sans renier son ADN de proximité. « On n’est pas là pour bâtir un empire, mais pour faire ce qu’on sait faire de mieux : accompagner les pros du chantier avec rigueur, transparence et efficacité. »

Opérations dédiées

Le modèle Enchères Mat ne se limite pas aux ventes classiques. Des ventes sur site, conçues "sur mesure" pour des clients grands comptes, permettent d’organiser des opérations de déstockage ou de renouvellement de flotte dans des conditions optimales. Si cela est courant avec Chausson Matériaux, Enchères Mat est en discussion avancée avec une entreprise de travaux publics pour une vente portant sur des pelles, chargeuses sur pneus et tombereaux articulés.