Depuis 2020, les ventes aux enchères du groupe se déroulent uniquement sur internet. La dématérialisation n'a pas beaucoup modifié le quotidien de Saint-Aubin-sur-Gaillon, son principal site français.

Chez Ritchie, tout bouge sauf les ventes

Les plafonniers de la grande salle ne sont pas allumés. Seules des vidéos d’engins de chantier, projetées sur l’un des murs, ajoutent un peu de clarté à la lueur jaunâtre des fenêtres. Qu’importe. Les chaises en plastique orange qui remplissent la pièce sont vides. De temps à autre, quelques visiteurs traversent ce plateau sombre et sortent du hangar.

Sous un ciel gris, des machines les attendent bien alignées, roues et chenilles dans les flaques : des pelles, des chargeuses, des tombereaux, des niveleuses et même des poseurs de canalisation. Les voitures et les camions ont dû rater le parking. Mais non. Ils sont à vendre ou déjà vendus, comme tous les matériels exposés ce 7 décembre sur la plate-forme de Ritchie Bros Auctioneers, à Saint-Aubin-sur-Gaillon dans l’Eure.

À coups de clics

L’entreprise organisait alors sa cinquième et dernière vente aux enchères de l’année. Cependant, depuis 2020 et la pandémie de Covid-19, plus de rassemblement surchauffé dans ses locaux normands. Chacun devant son ordinateur, les prix grimpent à coups de clics sur le site internet du groupe.

Si les mesures sanitaires ne laissaient guère le choix, Jérôme Jouvel, directeur des opérations de Ritchie Bros France, y voit un avantage : « l’organisation gagne en simplicité. Avant, se rapprocher des clients nécessitait de se déplacer. Ces opérations n’étaient pas toujours rentables. » Le public peut toujours venir essayer les engins durant les trois jours de l’événement.

Pour autant, ces économies risquaient de nuire à la popularité de la marque dans les régions éloignées de son siège hexagonal. Elle a donc ouvert depuis 2020 trois nouvelles antennes, à Avignon, Cahors et Izeaux dans l'Isère. Les produits mis aux enchères peuvent désormais être entreposés dans ces localités.

Trois semaines de course

Même sans spectacle, une vente requiert encore beaucoup d’énergie. En trois semaines, la filiale française doit réceptionner 3 000 lots. « Nous proposons un service de transport, si les propriétaires ne souhaitent pas s’occuper de la logistique », précise Jérôme Jouvel. À l’arrivée des colis, les cartes grises sont vérifiées. Les machines font aussi l’objet d’une inspection technique dans la mesure des connaissances des salariés. « Nous ne sommes pas capables de voir tous les problèmes, mais nous avons la volonté d’être le plus transparent possible », indique le directeur. En revanche, les voitures pouvant être achetées par des particuliers, elles passent au contrôle technique.

Par ailleurs, la plate-forme de Saint-Aubin abrite un atelier de peinture. Si le gros de son activité concerne des carrosseries neuves, rien ne l’empêche de rafraîchir une pelle de seconde main pour le compte du vendeur ou de l’acheteur. Depuis peu, des vidéos des engins sont tournées. Elles viennent compléter les photos de la fiche web.

Quelques jours avant la manifestation virtuelle, les matériels sont alignés en fonction de leur numéro de passage, tâche confiée dans l’Eure à une quinzaine de sous-traitants munis d’un Cases 10. Après le dernier coup de marteau, le vainqueur a sept jours pour régler son achat et trois semaines pour le retirer.

Estimation de parc

Aujourd’hui, ce système semble presque désuet au vu des ressources numériques rassemblées par Ritchie Bros. À la suite d’une série d’acquisitions, le groupe canadien possède également le site d’annonces Mascus et une E-Marketplace, un site de vente d’occasions où ses commerciaux servent d’intermédiaires entre les clients et les propriétaires de matériels. D'autres prestations proposées en Amérique, tels que l'audit ou l'estimation d'actifs, devraient arriver en Europe dans les années à venir. « Depuis janvier 2020, nous avons une autre vision du business. Tous nos services annexes aux ventes sont en train de monter en puissance », précise David Dahirel, directeur commercial de Ritchie Bros France

Entre autres exemples de développements, une interface gratuite de gestion de parc devrait bientôt être installée sur le site internet de l'entreprise. Les clients pourront y enregistrer leurs engins. « Elle fournira pour chaque matériel les différents prix de vente au cours des six derniers mois et un prix moyen du marché calculé à partir des trois dernières années », explique le directeur. L'exploitant pourra ainsi choisir le bon moment pour vendre une machine. Et Richie Bros pourra bien sûr l'aider dans son projet.

Pour autant, David Dahirel ne voit pas les ventes aux enchères disparaître. « C'est une méthode complémentaire aux autres canaux. Elle présente l'avantage d'être rapide. En outre, nous nous occupons de tout, du marketing jusqu'aux tâches administratives. » Chaque vente française génère environ 20 millions d'euros de transactions, preuve que ce type d'opérations garde une certaine attractivité.

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