
Les dirigeants de Kiloutou en pleine présentation de la gamme Impakt à la presse.
L'après milliard chez Kiloutou
Dans l’histoire de Kiloutou, 2022 restera celle du milliard. Le 13 avril, le groupe a présenté à la presse ses résultats, une conférence organisée dans son centre d’essai de Fretin, près de Lille. Et le loueur a engrangé un chiffre d’affaires de 1,018 milliard d’euros l’année passée, en hausse de 28,4 % par rapport à 2021 (6,6 % à périmètre constant). « Le Covid nous avait mis un coup d’arrêt, suivi d’un rebond en 2021. Nous avons accéléré en 2022 », observe Olivier Colleau, président exécutif de Kiloutou.
Ce changement de rythme s’est traduit par deux acquisitions importantes hors de l’Hexagone : le loueur danois GSV et son homologue portugais Grupo Vendap, numéro un de leur marché locale avec respectivement 22 et 18 % de part de marché. Le chiffre d’affaires international a été propulsé à 317 millions d’euros, soit une croissance de 118 % par rapport au précédent exercice (11 % à périmètre constant). Kiloutou est désormais présent dans sept pays* et se hisse à la troisième place parmi les loueurs européens.
Négociations réussies
En France, la marque jaune et noire affiche un chiffre d’affaires de 703 millions d’euros, en augmentation de 8 % (6 % à périmètre constant). Pierre Knoché, directeur général France, attribut cette hausse au maintien des approvisionnements en matériels malgré l’explosion des délais de livraison, au recrutement de 1 000 employés et à l’augmentation des tarifs. « Nous avons réussi à renégocier nos prix avec 75 % de nos clients. Nous devrions arriver à 100 % cette année. »
Olivier Colleau se montre plus mesurer au moment d’évoquer 2023. « L’année s’annonce incertaine, entre la situation géopolitique et l’inflation. Les travaux publics et la construction neuve sont mal orientés. En revanche, la rénovation devrait se porter mieux. Kiloutou a l’avantage de pouvoir répondre aux besoins d’une clientèle variée. Par ailleurs, la location gagne du terrain sur la propriété. Dans une période de doute, les exploitants préfèrent aussi louer plutôt qu’acheter des machines neuves. »
Dans les prochains mois, le loueur devrait ouvrir entre 15 et 20 nouvelles agences. « Nous demeurons des acteurs modestes en Espagne et en Italie, analyse le président. Nous avons encore la place de nous développer. » Les investissements matériels se montaient à 270 millions d’euros en 2022, ils seront moindres en 2023. « La baisse sera comprise entre 10 et 20 %. Nous consacrons 35 % du budget à l’acquisition des produits bas carbone. »
Services numériques
De son côté, Pierre Knoché prévoit de recruter 1 000 collaborateurs. Il devrait inaugurer quatre implantations généralistes et quatre enseignes Kiloutou Signalisation, une nouvelle entité spécialisée dans les équipements de signalisation de travaux. « Nous sommes néanmoins prudents. Nous resterons fidèles à notre philosophie : investir dans les performances du chantier. »
Difficile d’être performant au XXIe siècle sans des outils numériques solides. Le groupe a revu son site internet. La nouvelle version a été mise en ligne en janvier. « Le chiffre d’affaires de vecteur a été multiplié par 20 en trois ans, souligne Vincent Ranaivoson, directeur de la transformation de Kiloutou. Nous visons 34 millions d’euros en 2023. »
Cette mouture intègre des services de suivi de flotte pour 15 000 machines. « Nous allons proposer également du partage d’usage, indique le directeur. Les clients pourront partager les matériels loués avec d’autres entreprises. Cette mesure évite les rotations de camions et la multiplication d’engins peu utilisés sur les chantiers. » L’entreprise a par ailleurs créé une interface de visio-assistance, Apizee. Elle traite 15 % des demandes de dépannage.
Camion électrique
En parallèle de ce renforcement numérique, Kiloutou adapte son offre aux préoccupations montantes du BTP. Il continue d'étendre sa gamme Kare, qui rassemble des systèmes de prévention, tels que des dispositifs de détection des piétons ou des exosquelettes. Elle accueille depuis peu à la vente un bracelet qui détecte les coups de chaleur et les cales d’appui au sol Ergo-Gen.
Autre argument, la série Impakt réunit des engins qui peuvent contribuer à réduire les émissions de CO2 des exploitants. Elle s’enrichit d’un chariot télescopique 6 m, d’une nacelle de 20 m et des packs de batteries transportables. Cette famille compte environ 70 références pour un parc de 3 500 machines. « Ces engins sont aujourd’hui loués pour des opérations en milieu urbain ou dans des zones confinés », explique Pierre Knoché.
Cette marque s’ancre dans une stratégie environnementale plus large. Le loueur organise les Rencontre du matériel durable, qui rassemblent les acteurs de la filière autour de ces questions. « Nous avons entre autres travailler à des études pour comparer le coût total d’une machine thermique et d’un équivalent électrique, précise Audrey Miclard, directrice développement durable de Kiloutou. Nous nous attendions à une baisse de l’électrique, mais c’est le thermique qui a augmenté. »
L’entreprise réfléchit avec le cabinet de conseils Carbone 4 à ses engagements climatiques. En matière de transport, le groupe possède une trentaine de camions au gaz. Il vient de recevoir son premier porteur 32 t électrique. Pour autant, Olivier Colleau déplore le peu soutien reçu par le secteur : « les matériels sont une part de la solution au problème des émissions du BTP, mais encore faut-il qu’ils soient connus et demandés. Nous demandons un bonus écologique, à l’image de celui attribué aux voitures. »
* : France, Allemagne, Danemark, Espagne, Italie, Pologne, Portugal.
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