
La foreuse Klemm KR 707 employée pour creuser les ouvrages.
L’entrepôt aux cent forages
Si Groupe Géotec est bien connu dans le domaine de la géotechnique, ses activités ne se limitent pas à l’étude des sols. Entre autres métiers, elle œuvre aussi dans la géothermie de surface. Une chaufferie livrée en décembre dernier vient le rappeler. Et l’installation de Moissy-Cramayel, en Seine-et-Marne, s’avère de belle taille : 100 sondes qui descendent à 100 m de profondeur.
Le dispositif, conçu par l’entreprise Accenta, assurera le chauffage et le rafraîchissement d’un entrepôt logistique de 100 000 m². Monoprix utilisera le bâtiment comme plate-forme pour l’Île-de-France. Le chantier était confié à un groupement mené par Flexim, sous la maîtrise d’œuvre de la société Séti.
Un promoteur dynamique
Géotec Énergie et Énergie Verbeke, deux filiales du Groupe Géotec, étaient chargées de la construction des sondes et de leurs raccordements à la chaufferie. « Les projets de cette envergure sont assez rares en France, notamment en raison du montant de l’investissement requis et de la superficie du terrain nécessaire, analyse Frédéric Barnoud, directeur du groupe. Toutefois, Prologis, opérateur majeur en France et propriétaire des locaux, est très dynamique sur ces questions. L’Ademe et la Région ont aussi contribué très sensiblement au financement. » Ces deux institutions ont apporté 25 % du budget.
Les opérations de forage et de raccordement se sont déroulées entre décembre 2020 et juin 2021. Avant le début des travaux, les deux entreprises ont réalisé un test de réponse thermique. Ce protocole consiste à installer une sonde pilote sur le site, identique aux ouvrages à venir, et à observer son fonctionnement. « Ces mesures permettent de connaître la conductivité du sol et sa géologie, explique le directeur. Nous pouvons ainsi dimensionner le champ de sondes et le valoriser. »
Les subtilités du métier
L’emprise tout en longueur (250 m × 17 m) a déterminé la répartition des capteurs. Ces derniers forment trois lignes disposées en quinconce. Le chantier a mobilisé entre cinq et huit personnes suivant les tâches. Une foreuse Klemm KR 707 était à la manœuvre. Une seconde machine est venue en renfort durant deux mois.
Les forages de 127 mm de diamètre étaient creusés au marteau-fond-de-trou. Quand un trou était terminé, les compagnons installaient la sonde puis comblaient la cavité avec du ciment. Lors de cette étape de remplissage, toute présence d’air doit être évitée, « car ce dernier empêche un bon échange thermique avec le sol en place », précise Frédéric Barnoud.
Ce n’est pas la seule particularité qui distingue la géothermie de la construction de pieux. « les aléas en géothermie peuvent être nombreux pour l’entreprise,entre autres lors de la mise en place de la sonde. L’opération doit être rapide afin d’éviter que le forage ne se referme. La présence de sables peut également bloquer sa descente. Nous réalisons beaucoup d’essais durant toute la durée des travaux afin de valider les ouvrages. Une installation géothermique doit durer entre 25 et 50 ans. Nous devons donc être certains qu’elle fonctionne correctement. Les procédures internes de contrôle de la qualité s’avèrent alors essentielles. L’audit sur le site initié par Qualit’EnR a validé les procédures suivies et a permis la reconduite notre certification RGE Qualiforage. »
Dernière spécificité, propre au marteau-fond-de-trou, l’envoi d’air sous pression dans le trou entraîne d’importantes remontées d’eau, entre 20 et 30 m3 par ouvrage, dont l’évacuation doit être anticipée. Les sondes ont ensuite été raccordées à deux conduites principales qui assurent la liaison avec la pompe à chaleur.
Encore dans l'ombre
Après ce grand projet, Groupe Géotec compte bien poursuivre le développement d’une activité présente dans l’entreprise depuis 2009. Elle possède un parc de dix foreuses adaptées à ce type de chantier. Ses équipes devraient d’ailleurs réceptionner une nouvelle machine à la fin du mois. « Si en termes de travaux nous nous concentrons sur la géothermie sur sondes, nous avons en revanche la capacité au sein de Géotec France de conduire des études aussi bien pour de la géothermie sur sonde que sur nappe », précise Frédéric Barnoud.
Néanmoins, le directeur déplore que cette technologie soit encore peu connue. « Nous sommes membre de l’Association française des professionnels pour la géothermie et nous nous associons à la promotion de cette solution décarbonée. Malheureusement, les médias comme la RT 2020 semblent l’occulter au détriment des autres énergies renouvelables. De surcroît, la géothermie de surface est souvent confondue avec la géothermie profonde. »
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