
À l’image d’autres matériels de chantier, les outils de petit compactage ont atteint un palier dans leur développement technologique. L’offre s’avère de plus en plus uniforme et les prochains standards ne sont pas encore définis. Au cours de la dernière décennie, les principaux constructeurs ont cherché à améliorer le confort d’utilisation de leurs produits. Ils ont revu les attaches des timons de manière à limiter l’amplitude des vibrations subies par l’opérateur. Les plaques un sens et réversibles de bonne qualité se situent même désormais sous la limite de 2,5 m/s²,au-dessus de laquelle le travailleur doit faire l’objet de mesures de prévention. « Les progrès dans ce domaine ont été importants, remarque Frank Vedrines, responsable marketing des applications spéciales de Bomag France. Descendre plus bas semble difficile. Cela reviendrait à diminuer l’efficacité de l’équipement. Le temps de travail s’en trouvait augmenter. Il faut chercher le meilleur compromis entre ce temps d’exposition et l’intensité des vibrations transmises. » Cette réflexion autour de l’ergonomie ne s’est pas cantonnée aux secousses. Les hauteurs des guidons et des étriers peuvent être réglées. Des poignées de transport, des roues intégrées ou des diables spéciaux ont fait leur apparition. Pour les petits travaux, Ammann, Imer et Wacker Neuson possèdent à leur catalogue des pilonneuses de moins de 50 kg, facile à déplacer.
Au-delà de la prise en main, les fabricants ont étudié tous les détails qui pouvaient rendre leurs matériels plus attractifs. Ils ont ajouté des protections pour éviter que les poussières et les roches n’abîment les organes sensibles. Les composants importants sont devenus plus simples d’accès. La plupart des réservoirs d’eau sont maintenant amovibles. Les équipements embarquent de dispositif de contrôle, tels que des compteurs horaires ou des systèmes d’évaluation du compactage (chaque manufacturier a sa technologie : ACE d’Ammann, Economizer de Bomag ou Compatec de Wacker Neuson). « Les réactions de nos clients sont partagées au sujet du Compatec, note Patrice Boffo, responsable des équipements légers de Wacker Neuson France. Certains ne s’y intéressent pas. D’autres sont plus curieux. Ils y voient un moyen de contrôler la qualité dans ses moindres détails. » « C’est une aide à la qualité l’ouvrage, confirme Frank Vedrines à propos de l’Economizer. Même un opérateur qui manque d’expérience pourra obtenir un bon résultat. L’ensemble de ces améliorations concourent à ce que la machine soit appréciée par tous les membres de l’entreprise. » Le nouvel essor de la télématique (voir notre article du 29 juin sur le site de Chantiers de France.) apporte un soutien supplémentaire à ce besoin de maîtrise.
Des alternatives incertaines
Si le présent du petit compactage se révèle plutôt homogène, son avenir reste à écrire. En ce début de décennie, les constructeurs ont choisi des voies différentes. Wacker Neuson s’est fermement dirigé vers la motorisation électrique. Le groupe avait dévoilé sa première pilonneuse à batterie durant le salon Intermat en 2015. Sa gamme aux électrons comprend désormais trois pilonneuses et trois plaques un sens. Il a par ailleurs dévoilé il y a peu un nouvel accumulateur, baptisé BP-1400, qui affiche une capacité de 1 400 Wh, contre 800 Wh pour son prédécesseur. Tous les petits matériels électriques de l’industriel utilisent ce modèle, dont un vibrateur à béton. Une unique batterie peut ainsi servir à alimenter plusieurs équipements. « Nous avons toujours privilégié le maintien de la performance à l’autonomie, précise Patrice Boffo. Néanmoins, avec la BP-1400, une pilonneuse peut fonctionner une heure à pleine puissance, alors que cet outil est utilisé en moyenne 45 minutes par jour sur le chantier. Les loueurs nous confirment qu’il n’y a pas de problème d’autonomie. » Les gros loueurs nationaux comptent en effet parmi les acheteurs de ce type d’outil, avec les collectivités locales et les paysagistes. Les entreprises de travaux publics sont plus difficiles à convaincre. « C’est petit marché dans le marché, observe le responsable. Les mentalités évoluent lentement. Les chefs de chantier et les compagnons doivent prendre le réflexe de recharger les batteries. »
Dans ce domaine, les autres fabricants expérimentent en attendant une clientèle plus étoffée. « Ces dernières années, les principaux progrès ont concerné le confort d’utilisation. La prochaine avancée portera sur les énergies alternatives, avec l’intégration des batteries. Nous travaillons sur ce sujet », indique Stéphane Delmotte, directeur des ventes de Husqvarna Construction Products France. Imer a conçu quelques prototypes électriques, mais la société n’a pas annoncé de commercialisation. Pour sa part, Bomag a mis sur le marché deux modèles de pilonneuse au gaz. « Pour un prix d’achat à peine supérieur à un produit traditionnel, une machine au gaz dégage moins de polluants, tout en conservant une autonomie comparable à l’essence ou au gazole », souligne Frank Vedrines. Mais l’industriel n’élimine aucun procédé : « il est devenu facile d’intégrer des énergies alternatives aux machines. Honda a par exemple conçu un moteur électrique qui peut se substituer à son équivalent thermique. Nous avons aussi présenté l’année dernière un prototype de rouleau tandem BW 120 de 2,5 t au gaz. Cette technologie pourrait être incorporée dans d’autres matériels de compactage. Nous surveillons ces deux directions et nous nous tenons prêts à basculer notre production quand la demande sera suffisante. »
Le pari de l’hydrostatique
En revanche, Ammann a décidé d’écarter cette question, tout du moins pour un temps. « Nous restons attentifs à l’offre électrique mais notre volonté n’est pas de nous engager sur ce segment. La technologie est trop fragile et pour obtenir une autonomie comparable au thermique, il faut deux ou trois jeux de batteries. Le coût est beaucoup plus élevé. Le modèle économique reste perfectible. », analyse Marc Gunia, directeur commercial de l'activité machine d’Ammann France. Toutefois, la société planche sur un dispositif de motorisation hybride pour son compacteur de tranché. « Nous devons encore régler quelques détails techniques. Ce procédé apportera des gains de productivité. Il réduira aussi les émissions de polluants et surtout le bruit. »
La particularité d’Amman réside pour le moment dans sa large gamme de plaques réversibles hydrostatique. Là où ses concurrents réservent ce procédé à leurs machines les plus lourdes, le groupe l’a étendu à quatre engins de moins de 500 kg. « L’embrayage s’use beaucoup et il n’est pas toujours bien entretenu, détaille le directeur. C’est pour cette raison que nous proposons des machines hydrostatiques. Elles n’ont pas besoin d’entretiens. » Le procédé d’excitation manifeste la même volonté de dépasser la norme : une technologie brevetée avec trois balourds au lieu de deux. « Elle augmente l’efficience de la machine. Le moteur tourne moins vite pour des résultats équivalents aux machines entraînées par une courroie. La capacité en montée et en descente est aussi améliorée. » Néanmoins, la qualité se paie, ces outils coûtent entre 15 et 25 % plus cher que des modèles standards. « Ce sont des produits qui intéressent les loueurs et les clients finaux exigeants, les grands groupes de TP ou les gros canalisateurs », constate Marc Gunia. Entre la disparition des courroies et les moteurs alternatifs, le petit compactage ne manque pas d’inventivité. Il attend juste l’assentiment des acheteurs.
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