Incontournables sur les chantiers de fondations spéciales, les foreuses se sont imposées par leur polyvalence. Le besoin de couple élevé et le durcissement des réglementations sur les émissions mobilisent les fabricants de ces matériels, chacun explorant ses propres pistes.

Avec deux lignes de porteurs de mât, Liebherr couvre l’essentiel des applications du marché des foreuses en France. L’offre s’articule d’une part autour d’une famille de machines typées « forage Kelly » destinée à recevoir une table de rotation (LB), d’autre part autour de machine pour le forage et le battage offrant davantage de polyvalence car permettant aussi de travailler avec un vibrofonceur, un marteau fond de trou ou en « soil mixing » (LRB).

Dans cette seconde catégorie, les machines se caractérisent par des puissances hydrauliques significativement supérieures, indispensables pour entraîner des outils tels que la table à double rotation. « La demande restant concentrée sur les machines de type continous flight auger (CFA) ou tarière continue, nous nous positionnons sur une niche du marché, commente Thomas Guéneau, directeur général de Liebherr Nenzing Équipements SAS. Nous restons sur notre cœur de métier, la gamme de porteurs LB, qui représente près de 70 % des ventes en France. » Sur ce segment, le produit Liebherr se caractérise par sa compacité, sa stabilité et sa productivité. Thomas Guéneau l’affirme : « À poids et encombrement équivalents, la puissance opérationnelle est supérieure, permettant de conserver une vitesse de travail élevée même en terrain difficile. Un avantage décisif par exemple lors du forage de pieux refoulés. »

«0» émission

Parmi les critères de choix qui entrent en ligne de compte, l’ergonomie du poste de conduite (essentielle aux yeux des opérateurs) et les coûts d’exploitation sont déterminants pour les exploitants. La consommation est donc primordiale. « Liebherr maîtrisant l’ensemble de la chaîne cinématique ainsi que les pompes et les distributeurs hydrauliques, l’efficacité énergétique de nos diesels est avérée, avec des écarts de consommation qui peuvent dépasser 20 % par rapport à certaines marques concurrentes, souligne Thomas Guéneau. Le suivi technique s’en trouve simplifié, les structures du SAV en France garantissent la proximité avec les chantiers. » L’industriel allemand a été le premier à dévoiler une foreuse 100 % électrique, fonctionnant sur batteries lithium-ion et offrant des caractéristiques techniques comparables à celle d’une machine conventionnelle. Opérationnelle sur plusieurs chantiers en Europe, la LB 16 préfigure une solution pour les chantiers en zone confinée. Au-delà de la difficulté à disposer d’un raccordement sur le chantier, la difficulté à définir le modèle économique de cette machine explique le choix de proposer cette machine à la location à des tarifs compétitifs. « Les premiers chantiers réalisés en Allemagne, en Autriche et en France ont permis de valider les performances de la foreuse, révèle Thomas Guéneau. Les coûts d’exploitations significativement inférieurs participent de la pertinence économique de l’offre. » La demande de foreuse électrique se développera à mesure que les municipalités feront évoluer la réglementation et exigeront des matériels zéro émission.

Avec quatre motoristes référencés (Volvo, Caterpillar, Cummins et Deutz), Soilmec couvre l’ensemble de ses besoins pour les marchés régulés. Il suit avec attention les développements des solutions alternatives au diesel, qu’il s’agisse de l’hydrogène, des biocarburants et de l’hybridation. Cela d’autant plus que la demande de puissance va croissant. La nécessité de forer sur de fortes épaisseurs et à de grandes profondeurs a une incidence sur la conception de machines. La puissance du moteur thermique conditionnant en partie la force de rotation, l’une des difficultés pour le fabricant est de contenir l’encombrement et de limiter le poids de ses foreuses. « Nous travaillons à l’allégement de nos machines en recourant, par exemple, à des aciers à haute limite élastique, en sélectionnant les blocs-moteurs affichant la meilleure efficacité énergétique et en optimisant la conception des distributeurs hydraulique de puissance et de toute la chaîne de transmission de l’énergie hydraulique. Au final, une foreuse Soilmec est de 10 à 15 % plus légère qu’une machine concurrente de même catégorie, assure Philippe Barbier, directeur commercial chez Soilmec France. Les transports sont facilités et les coûts allégés. »

Dans l’attente d’une possibilité de disposer un boîtier de raccordement au réseau, permettant la mise en œuvre d’une foreuse à motorisation électrique, l’alternative d’une machine fonctionnant sur batterie ne convainc pas. « Le bilan carbone au bout de la chaîne est catastrophique, argumente Philippe Barbier. Comme cela se fait pour les tunneliers et les grues à tour, brancher les foreuses sur le réseau d’électricité serait plus pertinent. » En dépit de son encombrement réduit, la puissance installée et la facilité de prise en main en font une alternative dans de nombreuses situations de travail jusqu’à 25,3 m de profondeur en CFA, allant au-delà des 21 m en FDP et au-delà de 53 m en Kelly. Elle est animée par un moteur conforme aux exigences de la norme actuelle et de celle à venir avec des moteurs Stage V. La technologie du dispositif EEP Energie Efficiency Package se traduit par une réduction drastique jusqu’à 30 % de la consommation de carburant, sans perte de productivité.

Effet de gamme

« En France, les foreuses travaillent majoritairement avec des tarières creuses, explique Philippe Ehkirch, en charge notamment du marché français pour Bauer. Parmi les autres procédés de forage en fondations spéciales figure le forage Kelly, la double rotation CCFA, le FDP... Bauer Machines possède des foreuses très performantes pouvant travailler à grande profondeur et pouvant être mises en œuvre pour différentes applications. » Avec quatre modèles dont les BG 23 H Single Pass Extrem dédiés à la tarière creuse grande profondeur de 26 m et la BG 28 heures Single Pass Extrem dédiée elle aussi à la tarière creuse avec une profondeur de 29 m, capables toutes les deux de polyvalence pour tout autre type de forage, ainsi que les BG 33H et BG 36 V, Bauer couvre l’essentiel des applications du marché français.

La nouvelle BG 23H Single Pass Extrem est spécialement configurée pour le marché tricolore. Son poids inférieur à 62 t, sa hauteur inférieure à 3,6 m et ses 20,51 m de longueur sont gages de transports simplifiés constituant un atout déterminant pour les exploitants. Les modèles BG 33 H et BG36 V, qui se distinguent par leur couple de respectivement 342 kNm et 365 kNm, offrent la possibilité de travailler en double rotation CCFA avec 400 kNm. Si la puissance installée reste un critère important, c’est le couple qui est de plus en plus déterminant dans le choix des exploitants. Explication : c’est lui qui conditionne la force d’extraction, de traction et de rotation de la foreuse, donc sa productivité. Pour mieux coller à l’évolution d’un marché français « ouvert et dynamique », Bauer travaille à l’élaboration d’une offre mieux positionnée en termes de prix qui devra conserver les fondamentaux de la marque en matière de fiabilité, de qualité de fabrication et de polyvalence.

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