
Brise-roches hydrauliques : briser ne suffit plus
Dans le monde des matériels de chantier, le statut des outils a changé. À force d’améliorations, les produits les plus haut de gamme sont aujourd’hui devenus de potentiels leviers d’économie. En carrière, les brise-roches hydrauliques (BRH) étaient bien souvent considérés comme du consommable. Cette opinion recule petit à petit, à mesure que la traque aux dépenses inutiles s’intensifie. « Dans l’industrie extractive, le BRH représente entre 6 et 8 % du coût de la pelle. Les exploitants choisissent leur porteur et ensuite cherchent un accessoire qui convient, indique Guillaume Ledru, chef des ventes pour les équipements outils hydrauliques d’Epiroc France. Pour autant, nous avons affaire à un public de connaisseurs. » Un public de connaisseur dont l’un des principaux problèmes aujourd’hui réside dans la rareté du personnel qualifié. « Le secteur a beaucoup de mal à recruter, remarque Christian Bianchi, responsable marketing et communication de Montabert. Nous tâchons de concevoir des matériels qui compensent le manque d’expérience de l’opérateur. »
Cette volonté de protéger le BRH et sa performance des erreurs de manipulation se manifeste par l’intégration de plusieurs dispositifs. Le plus élémentaire consiste en des suspensions qui réduisent les secousses susceptibles d’abîmer le bras la pelle. Indeco ajoute à son amortisseur supérieur des amortisseurs latéraux en vue de limiter les vibrations radiales. La présence de bague anti-poussière peut aussi empêcher les intrusions de particules qui encrasseraient la machinerie. Les systèmes de graissage automatique lubrifient le point de contact entre le pic et le piston sans intervention s’avère efficace, à condition de l’utiliser correctement. Une frappe doit durer entre 20 et 30 secondes. Il faut ensuite attendre que l’appareil recharge. Si la frappe se prolonge, la quantité de graisse n’est plus suffisante, « le pic chauffe alors et s’use vite », analyse Guillaume Ledru. Par ailleurs, il ne faut pas oublier de remplir le réservoir ou changer la cartouche. Dans ce domaine, Epiroc a pris le parti de commercialiser uniquement de la graisse biodégradable. « La prévention de l’usure est équivalente, dans quelques cas elle est même améliorée », souligne le responsable.
De la fréquence à la localisation
Viennent ensuite différents systèmes destinés au contrôle du piston. Chez les principaux fabricants, tels que Epiroc, Indeco ou Montabert, les modèles lourds (plus de 1,5 t) sont munis de systèmes contre les coups à vide. L’alimentation du piston se coupe quand la stabilité du pic n’est pas assurée. Pendant la phase de fonctionnement, la variation de vitesse de frappe s’est généralisée. Montabert a poussé le choix jusqu’à 15 vitesses. « Ce procédé minimise les pertes d’énergie par vibration ou chaleur, note Christian Bianchi. Il limite en outre le vieillissement de l’outil. » De son côté, Epiroc a muni depuis 2017 sa gamme HB (des BRH compris entre 2 et 10 t) du dispositif IPS. Ce dernier démarre et arrête automatiquement le BRH. « Il n’y a pas besoin d’atteindre une certaine stabilité pour déclencher la ligne », détaille Guillaume Ledru. La course du piston est ajustée en fonction de la pression exercée sur le burin. « Ces derniers temps, nous communiquons plus activement sur ce procédé. Il contribue à réduire les coûts de réparation. Le manque de compétence entraîne parfois des gestes inadéquates, des frappes à vide pour chasser les poussières par exemple. L’IPS constitue une protection contre ce type de pratiques. » Néanmoins, tous ces mécanismes d’assistance ne peuvent pallier une absence de maintenance. « Un marteau bien entretenu peut durer longtemps, rappel Guillaume Ledru. Un de nos clients en carrière possède un modèle de 7 t qui affiche 7 000 heures de travail en quatre ans. Son piston n’a toujours pas été changé. »
En parallèle de ces perfectionnements du BRH, les fabricants ont planché sur différents services annexes en vue de soutenir la productivité des utilisateurs. La télématique a fait son apparition depuis peu. En 2020, Epiroc a lancé Hatcon, un boitier fourni de série avec les modèles HB. Leur propriétaire peut activer gratuitement son compte sur la plate-forme My Epiroc. Il pourra y suivre les heures de fonctionnement et la position de son accessoire. Le dispositif est autonome du porteur. Montabert a répliqué il y a quelques mois avec Omni-M, en standard pour ses équipements lourds (de 1,9 t à 4,8 t). Il possède quelques fonctionnalités supplémentaires. « Il est possible de définir un périmètre de sécurité, précise Christian Bianchi. Si le matériel sort de la zone, une alerte est envoyée. L’utilisateur peut également paramétrer des rappels de maintenance. » L’accès à ces informations est gratuit tant que l’appareil est sous garantie. L’enrichissement de ce panel d’indicateurs constituera à n’en pas douter l’un des axes de travail des années à venir. Il nécessitera toutefois d’établir des connexions entre l’équipement et le porteur.
Préoccupations inédites
L’extension des services concerne aussi des missions plus traditionnelles. Depuis cette année, Epiroc France propose d’opérer à l’extraction de la douille basse du BRH sur place, sans retour à l’atelier. Son équipe ou un distributeur peut intervenir avec un outil conçu à cet effet. La substitution requiert alors une demi-journée. « Le produit figurait déjà à notre catalogue, mais les taux d’utilisation sont trop faibles pour motiver les acheteurs, explique Guillaume Ledru. Cette nouvelle prestation répond mieux au besoin des exploitants. » Si la question de l’énergie devient plus pressante, elle reste très dépendante des pelles, les équipements de bonne qualité étant déjà muni des systèmes hydrauliques optimisés. Indeco revendique par exemple jusqu’à 20 % d’économie de carburant avec ses produits classés « Fuel Saving ». Au-delà du réservoir, la conjoncture actuelle met en avant certains sujets autrefois secondaires. « Nous cherchons des moyens pour que tout monde puisse continuer à travailler malgré les pénuries, observe Christian Bianchi. Cette situation nous pousse à réfléchir à la durée de vie de nos produits ou à la possibilité de les réparer. » À l’image de l’ensemble de la filière des matériels de chantier, les constructeurs de BRH entrent dans une nouvelle époque où l’efficacité ne peut plus écarter la sobriété.
Des options de choc

Matériel particulièrement sollicité, le brise-roche hydraulique (BRH) mérite qu’on s’y attarde. Voici quelques caractéristiques à garder en tête au moment de choisir son modèle.
Ménager le piston
Le graissage de la pointe s’avère crucial pour le bon fonctionnement de l’outil. Les systèmes automatiques à cartouche ou à réservoir apportent garantie une bonne lubrification et suppriment les arrêts. L’opérateur doit néanmoins rester vigilant au temps de frappe ainsi qu’au niveau de graisse.
Se méfier des poussières
Les particules sont préjudiciables à toutes les mécaniques. Des bagues anti-poussières peuvent barrer la route à ces éléments nocifs. Indeco va jusqu’à proposer un dispositif de buses inclus dans l’équipement. L’eau diffusée piège les grains et les ramène au sol.
Varier les vitesses
Le changement de fréquence constitue la principale avancée de ces dernières années. Les modèles de bonne qualité proposent en général plusieurs vitesses. Le BRH sélectionne la plus pertinente en fonction de la pression exercée sur la pointe par le matériau. Le procédé IPS d'Epiroc ajoute le démarrage et l'arrêt automatique du piston.
Fabriquer en France
Les pénuries et le réchauffement climatique attirent l’attention sur les distances entre les producteurs et les utilisateurs. En la matière, Montabert peut se prévaloir de posséder une seule usine, à Saint-Priest près de Lyon. Selon un audit commandé par le fabricant cette année, trois quarts de ses fournisseurs sont implantés dans l’Hexagone. Parmi ces entreprises, 75 % sont à moins de 200 km de son site. Par ailleurs, le groupe a ouvert en 2021 un atelier de mécanosoudure dans ses locaux. Il peut ainsi concevoir ses propres berceaux de BRH. Première illustration de cette compétence : une nouvelle version du V32 annoncée pour 2023
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