
Depuis près de 60 ans, l’entreprise Vaugon est spécialisée dans le déchargement de bateaux transportant les granulats (sables et graviers principalement en provenance des carrières du bassin parisien) pour les centrales à béton, les usines d’enrobés et les plates-formes de valorisation des matériaux en Île-de-France. Une activité très spécifique que les industriels ont préféré externaliser ou n’ont pas intégrée dans leur process de travail au regard des savoir-faire à développer et des investissements spécifiques à réaliser. « La difficulté pour nos opérateurs est de maîtriser le fonctionnement des pelles de manutention équipées de benne preneuse. Pour décharger un bateau, il faut gérer l’équipement pour ne pas enfoncer le bateau dans l’eau et le faire trop bouger, contrôler le balan de la benne et être suffisamment précis pour ne pas endommager les parois, le plancher ou les overgands des bateaux, souligne Didier Vaugon, directeur de l’entreprise éponyme. Dans ce métier, la fonction Matériel est déterminante, nous devons choisir nos matériels en fonction de la configuration du site, c’est-à-dire de la hauteur et de la largeur des quais, de la taille des bateaux, de la hauteur et la portée de déversement. Autant de paramètres qui font la spécificité des matériels toujours équipés d’une cabine avancée, surélevée ou, plus généralement, télescopique. Du temps des pelles à câbles, il suffisait de mettre un câble plus long. Aujourd’hui, si l’équipement ne descend pas assez bas, nous ne pouvons pas décharger le bateau et si on ajoute une rallonge verticale, on risque de ne plus aller assez haut pour remplir une trémie, par exemple. » Certaines machines, fonctionnant à l’énergie électrique, sont encore plus dédiées au site sur lequel elles interviennent puisqu’elles sont raccordées au réseau électrique.
Du « sur-mesure » en série
Au regard de la spécificité des matériels, et considérant la difficulté de trouver des machines de remplacement, l’exploitant conserve ses pelles dans la durée et veille à maintenir un taux de disponibilité maximale de son parc. La maintenance est réalisée en interne avec au besoin un appui du constructeur. Deux principales classes de machines ont été déterminées : 25 et 40 t. Elles sont équipées d’une benne preneuse, dont la capacité varie de 1 à 2 m3, parfois d’un grappin, une pince à balle de papier, voire un crochet de levage puisque les pelles sont équipées de clapets de sécurité. « Nous avons une obligation de résultat auprès de nos clients mais nous sommes maîtres des moyens. À nous de définir le matériel et de nous organiser en conséquence, certaines plates-formes devant être alimentées en permanence, d’autres ponctuellement, précise Didier Vaugon. Nous devons assurer la continuité de l’approvisionnement des installations de production de nos clients, souvent en fonction de l’arrivée des bateaux. » Avec une quarantaine de pelles de manutention à pneus ou à chenilles, l’entreprise dispose d’un parc conséquent, presque exclusivement de marque Liebherr, à l’exception d’une Fuchs. Un constructeur sélectionné sur des critères de longueur de gamme, de technologie, de SAV et de coût d’exploitation. De plus, le fabricant adapte son matériel aux particularités de la manutention portuaire. À ce titre, le balancier allégé conçu par Liebherr permet de monter une benne preneuse de plus grande capacité ou d’allonger l’équipement. Le débattement de la pelle s’en trouve amélioré. La productivité aussi. « Cela relève aussi les forces de levage en position négative des pelles de manutention qui, à l’origine, étaient conçues pour un travail au-dessus du sol… Ces innovations sont appréciables parce qu’elles sont adaptées à notre métier. Ce qui est dommage, c’est que le bureau d’études de Liebherr est de moins en moins réceptif aux demandes particulières de ses clients ou à l’adaptation ou la modification de ses innovations. La possibilité de personnaliser les machines tend à se restreindre. Il s’agit plus de choisir des options dans un catalogue que de définir une pelle à l’unité », déplore Didier Vaugon.
TCO
La consommation de carburant, qui est intégrée dans les critères de sélection de l’exploitant, se révèle en baisse sur les nouvelles générations, pour des capacités de manutention augmentées grâce à des cycles de travail plus rapides. Le dispositif de gestion du moteur combiné au vérin de récupération d’énergie positionné sur la flèche concourt à l’efficacité énergétique des nouvelles pelles. Une attention particulière est apportée au circuit hydraulique, les bennes preneuses rotatives étant exigeantes en pression et en débit. Les dispositifs anti-rupture de flexibles sur les vérins de flèche et de balancier, pour une sécurité maximale sur chaque intervention, sont jugés pertinents. Le suivi technique internalisé des pelles de manutention fait partie des compétences du prestataire, qui depuis 2011, dans un souci environnemental, a opté pour une huile hydraulique biodégradable à base d’esters saturés sur ses nouvelles pelles. Les opérateurs du prestataire étant affectés à une machine, la durée de vie de chaque machine est optimisée.
Configurations spéciales
La LH 22 M Industry Litronic de chez Liebherr annonce le nouveau parti prix de l’industriel en matière de design propre aux pelles disposant de la motorisation Phase V. L’équipement de travail existe dans de multiples versions pour être adapté au mieux aux besoins de l’exploitant. De même pour les outils en bout de flèche, dont la capacité varie selon leur type : de 0,40 à 0,60 m3 pour les grappins, de 1,0 à 1,80 m3 pour la benne de reprise et de 0,40 à 1,10 m3 pour le grappin de tri. Avec 11 m de portée maxi, ce modèle dont le poids en ordre de marche varie de 19,2 à 21,9 t en fonction de la configuration de la flèche développe une puissance moteur (ISO 9249) de 105 kW. Exploitée par une nouvelle technologie hydraulique, elle permet d’augmenter les performances de manutention tout en consommant moins. L’arrivée de la LH 18 M Industry Litronic illustre l’évolution du marché et la multiplication de plus petite plates-formes. Elle répond aussi à l’équation économique des exploitants, calculée sur la base des volumes à traiter et dont le taux d’engagement est raisonnable. « Ce modèle conserve les points forts de la gamme Industry, gage de fiabilité et d’efficacité, assure Philippe Izard, responsable grands comptes, agence Sud-Ouest, chez Liebherr. Les grands comptes raisonnant full service, la capacité à fournir une configuration d’usine avec l’équipement et l’outil adaptés à l’application est déterminante. » Parmi les principaux critères à prendre en considération : la stabilité de la machine qui conditionne la sécurité de l’opérateur et la performance opérationnelle de la machine. La capacité du réservoir d’AdBlue a été calculée pour assurer une autonomie de trois jours et écarter ainsi tout risque du côté de la motorisation. Pour s’adapter aux environnements variés du secteur du recyclage, Terex-Fuchs a équipé le modèle MHL250 de son système modulaire. Le principe ? Grâce à l’utilisation d’une tourelle standard, le système de chargement et le châssis peuvent être associés ou personnalisés selon les besoins. Avantage : plusieurs configurations de châssis sont disponibles : stabilisateurs quatre ou stabilisateurs deux patins avec lame d’appui. Cela permet à la MHL250 de s’adapter aux exigences particulières d’un site de production, de façon à la fois fiable et précise.
Nouveaux entrants
Des arguments à valoriser auprès d’une large palette d’exploitants alors que le nombre de fournisseurs augmente. Aux côtés des acteurs établis (Caterpillar, JCB, Komatsu, Terex Fuchs, Volvo CE), plusieurs constructeurs ont concrétisé leur intérêt en définissant des versions adaptées à ces applications diverses. C’est le cas de Hyundai CE, qui a dévoilé à Conexpo sa pelle de manutention sur pneus HW250 MH. Le Coréen se positionne sur le segment des 25 t. De son côté, Hidromek propose la pelle sur pneus HMK 210 WMH, conçue pour les installations de recyclage et de manutention industrielle. Cette machine polyvalente est dotée d’une cabine surélevée de 5 600 mm qui dégage la visibilité de l’opérateur. La pelle Doosan DX230WMH-5 est équipée de stabilisateurs avant et arrière et d’une flèche et d’un balancier spécifiquement dessinés pour la manutention de matériaux. La hauteur maximum du point de pivot par rapport au sol atteint 11,7 m, pour une portée opérationnelle maximum de 10,1 m et une profondeur de travail maximum de 4,2 m. Case se distingue avec une version sur chenilles avec tuile plate et cabine élévatrice, adaptée aux applications industrielles. La CX290D MD est proposée avec un grand choix de bras et de flèches pour une portée et une capacité de levage supérieures. Elle est adaptée à la fois à la manutention de matériaux mais aussi au chargement de ferraille. Deux configurations sont disponibles :
- la version MH, spécialement conçue avec une flèche droite de 5 m,
- la version SL, avec flèche droite renforcée et bras en col-de-cygne.
Aux côtés de la pelle sur pneus JCB Hydradig 110 W dans sa version WM pour les métiers du recyclage et de la valorisation des déchets, le constructeur propose la pelle JCB JS20MH, animée par un moteur JCB EcoMax (93 kW). Des vérins de levage spécifiques, un châssis inférieur remodelé avec une couronne d’orientation centrée et un gage de stabilité et de capacité de levage sur 360° en font une pelle de manutention d’autant plus efficace que deux balanciers (col-de-cygne de 4 m pour utilisation avec grappin ou de manutention 3 m pour pince de tri) sont disponibles.
Avec les MH3022 et MH 3024, de respectivement 22 t et 24 t, Caterpillar adresse les métiers du recyclage, centre de tri et autres applications ponctuelles (abattage d’arbres, support en chantier routier ou SNCF…). Les deux pelles affichent une grande stabilité, y compris à poids/portée max, avec une empreinte au sol sur stabilisateurs très importante. La cabine abaissée est très reculée, facilitant l’accès au poste de conduite. En option, des marches pieds avant ou arrière facilitent la montée et la descente lorsque la pelle est tournée à 90°.
Repères chiffrés
40 pelles de manutention
100 à 1 500 heures/an/pelle
Plus de 20 000 heures d’exploitation/an
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