Après avoir réalisé son premier bilan carbone en 2020 pour identifier les leviers de progrès, le concessionnaire Caterpillar en France a mis en œuvre différentes mesures visant à baisser ses émissions de CO2. Le déploiement, à l’échelle nationale, d’un programme d’écoconduite s’inscrit dans le prolongement de cette démarche.

Comment Bergerat Monnoyeur diminue la facture énergétique de son parc de véhicules

« Près de 70 % des émissions directes de carbone de Bergerat Monnoyeur en France proviennent de notre parc de véhicules de service et de fonction, rappelle Bertrand Milliat, directeur de la RSE et de l’expérience client chez Bergerat Monnoyeur. Dans le cadre de notre stratégie RSE et de notre politique environnementale globale, nous avons souhaité mettre en œuvre des mesures correctrices à même de réduire notre empreinte carbone ». L’installation de panneaux solaires, la meilleure isolation des ateliers, la généralisation de l’éclairage électrique avec des ampoules à basse consommation sont autant de mesures, déjà effectives, qui ont été mises en œuvre au cours de ces deux dernières années. En 2023, Bergerat Monnoyeur va plus loin en s’attaquant aux émissions de son parc de véhicules. Dans ce domaine, la marge de manœuvre est relativement faible. Parmi les alternatives, le renouvellement « accéléré » de la flotte opérationnelle, pour accéder à des véhicules moins gourmands en carburant et l’introduction de motorisations alternatives aux carburants « fossiles ». Dans les deux cas, les freins existent : le coût et les délais de livraison pour la première solution, la disponibilité et la fiabilité des technologies électriques, hybrides et même hydrogène pour la deuxième. « Nous ne nous fermons aucune voie et sommes ouverts à toutes les options, assure Bertrand Milliat. L’écoconduite, qui est un concept éprouvé, nous a paru d’autant plus pertinente qu’elle peut être mise en œuvre rapidement. Nous avons donc souhaité la déployer dès 2023 en nous fixant des objectifs réalistes ». Pour cette première année de mise en œuvre, le concessionnaire ambitionne de réduire sa consommation de carburant de 5 à 10 %, et donc, par effet rebond, d’abaisser d’autant ses émissions de GES liées aux véhicules.

Projet de groupe

L’approche ludique proposée à la jeune pousse WeNow spécialisée depuis 2015 dans la décarbonation des mobilités en entreprises a convaincu le concessionnaire. À l’issue de deux pilotes réalisés en région portant sur une flotte mixte (dépanneur, vendeur), et considérant les résultats obtenus, y compris en Île-de-France, il a donc été décidé d’adopter le principe à grande échelle. Si tous les dépanneurs Bergerat Monnoyeur sont donc engagés dans la démarche, soit 400 utilitaires légers, c’est en réalité, l’ensemble du groupe Monnoyeur qui est concerné. De fait, Aprolis, autre filiale du groupe est également impliquée dans le projet avec un parc sensiblement équivalent. Avec une flotte de 1 700 véhicules VP et VUL pour les deux entités, l’enjeu est d’importance, les prix des carburants s’étant appréciés considérablement. En 2022, la facture « carburant » de Bergerat Monnoyeur s’est ainsi élevée à 4 millions d’euros. Il est même stratégique pour le groupe Monnoyeur qui gère un parc en France de plus de 2 300 véhicules. Si l’âge moyen de VP n’excède pas 18 mois, elle atteint 60 maxi pour les utilitaires légers. Comme le mentionne Romain Prévost, directeur Achats du groupe, « dans un contexte d’approvisionnement perturbé, l’intensification du programme de renouvellement des VUL permet de contenir la moyenne d’âge du parc global autour de 3,5 ans ». De fait, le vieillissement du parc, facteur d’émissions et de consommations accrues, est sous étroite surveillance. Toutes les technologies (hybride, hybride rechargeables, électrique) ont été évaluées sur les VP. Dans le domaine des VUL, le problème réside dans une offre encore embryonnaire et qui, avec des autonomies « effectives » d’une centaine de kilomètres, n’est pas adaptée aux conditions d’utilisation des véhicules de dépannage, sauf à recharger deux à trois fois dans la journée. La commercialisation, dans le courant de l’année du Renault Master et des Peugeot Expert, Citroën Jumpy et Opel Vivara chez Stellantis fonctionnant à l’hydrogène pourrait répondre à ces contraintes d’exploitation.

Gaming

Comme les véhicules en service, ces derniers seront équipés du module de connexion permettant de récupérer les données comportementales de conduite et le pourcentage de carburant ou d’énergie (pour les véhicules électriques), gaspillés. Ces datas sont traitées et interprétées en une note sur 10 qui correspond à un comportement ayant généré ce gaspillage, tout l’enjeu étant de coacher chaque conducteur à la fin de chaque trajet pour l’inviter à changer sa conduite. Le concept de l’écoconduite n’est pas nouveau. Sur ce marché, WeNow a choisi de se démarquant en adoptant un positionnement particulier. Forts de leurs expériences professionnelles acquises au sein de grands groupes (Engie et Total Energies), les fondateurs de la jeune pousse ont voulu privilégier une approche à même d’intéresser les entreprises et de les convaincre d’agir. De fait, la solution développée se caractérise par son retour sur investissement rapide, et sa dimension ludique, à même de fédérer les utilisateurs, quel que soit leur profil. « Nous observons chez nos clients, une baisse moyenne de 10 % de leur budget carburant mais il est important de prendre en compte les conséquences positives de la démarche dans le domaine de la sécurité routière ou les besoins de maintenance des véhicules, souligne Valérie Mas cofondatrice de WeNow. L’intérêt de notre solution n’est pas tant d’apporter des conseils et de promouvoir les vertus de l’écoconduite mais réside surtout dans la capacité à les impliquer dans la durée à la démarche en les encourageants et en les récompensant ». L’approche est résolument ludique. Une volonté forte exprimée par Manuel Bachelez, directeur des Opérations de Service chez Bergerat Monnoyeur, en charge des questions de QSE lors du déploiement du programme à l’échelle nationale, « notamment pour tenir compte de l’âge moyen de la population ciblée dont la moyenne d’âge oscille autour de 32 ans ». La démarche est aussi personnalisée. Ainsi, chaque lundi matin, les techniciens itinérants reçoivent une notification leur rappelant les enjeux de l’écoconduite. Comme le souligne sa conceptrice, l’animation est essentielle dans la réussite du programme. Il est essentiel de le faire vivre afin de maintenir l’intérêt des participants au quotidien et d’assurer leur implication dans la durée. Si le concepteur dispose d’un tableau de bord permettant de piloter le programme, le rôle de l’encadrement et des relais internes est capital. C’est la mission confiée à Bertrand Lemesle, responsable HSE chez Bergerat Monnoyeur, en charge de l’animation de la démarche auprès des techniciens itinérants intervenant en dépannage qui sont 100 % connectés. « Il faut être convaincu du bien-fondé de la démarche et s’assurer de la motivation de nos collaborateurs, commente l’animateur. Nous nous adressons à une population de techniciens, quotidiennement au contact de nos clients et qui connaissent parfaitement les enjeux des chantiers et qui ont compris que cela conférait à Bergerat Monnoyeur une avance vis-à-vis de ses concurrents ». L’enjeu est, de fait, tout à la fois économique, technique, financier, commercial mais aussi humain et sociétal.

Avec un point de bascule estimé à 6 % d’économie de carburant, le retour sur investissement est rapide. L’opération est donc vertueuse, les collaborateurs étant à fois sensibilisés aux enjeux de l’écoconduite mais aussi à la question de la sécurité routière. En outre, les émissions résiduelles de CO2 imputables aux véhicules instrumentés sont compensées par des projets coordonnés en France, entre autres, par l’ONF.

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