La professionnalisation de la filière a généré un besoin de matériels de plus en plus spécifiques, capables de garantir aux exploitants sécurité, efficacité et productivité. Les fournisseurs répondent à cette évolution de fond, avec des configurations d’usine suffisamment polyvalentes pour couvrir les applications du marché. Que valent ces solutions packagées ? Est-ce la fin du  ? Qu’apportent les nouveaux entrants ? Éléments de réponse.

Avec le développement, en amont, des opérations de curage, désamiantage, dépollution et, en aval, le traitement des matériaux, la phase de déconstruction s’insère dans une séquence de travaux phasés. Les enjeux de productivité et de sécurité sont donc essentiels pour les exploitants, qui vont mobiliser les moyens les plus efficaces pour satisfaire le délai et les quantités à mettre par terre. Dans la grande majorité des cas, cette phase n’excède pas cinq jours ouvrés.

Les conséquences sur les choix des matériels se traduisent par la mobilisation de moyens spécifiques à chaque type d’opérations. Des solutions matérielles désormais issues des usines des principaux fournisseurs (Caterpillar, Liebherr, Hitachi, Kobelco, Komatsu, Volvo CE), sous forme d’offre packagée, comprennent le porteur, l’équipement et, dans certains cas, l’outil. Une tendance de fond dont l’origine s’explique notamment par l’évolution de la réglementation, et plus particulièrement la conformité européenne (norme CE). Au regard des incidences sur la garantie d’une machine potentiellement modifiée et des questions de sécurité et de responsabilité, les exploitants recourent à ces solutions globales, cela d’autant plus que la pelle de démolition va travailler de huit à 10 ans selon les cas. Des durées d’exploitation qui posent la question de l’entretien, du support technique et de la capacité à servir les pièces de rechange nécessaires.

Produits d’usine

« Sur un marché en croissance, nous observons un recul manifeste des pelles de 100 t et plus au profit des machines de 50-70 t, le segment le plus porteur, ainsi que sur des machines de plus petit tonnage pour la démolition urbaine, indique Jean-Philippe Coulombier, responsable marchés industrie et environnement chez Bergerat Monnoyeur. L’offre devient de plus en plus concurrentielle, avec l’arrivée sur le marché français de nouveaux acteurs proposant des modèles plus basiques, offrant moins de capacité et de portée. »

Autre évolution notable pour le concessionnaire de Caterpillar en France, un recours limité aux modifications par parties tierces, spécialisées dans les équipements de démolition, au profit des produits d’usine. Dans tous les cas, et principalement pour des enjeux de sécurité, de confort et de productivité, les exploitants préfèrent disposer d’une véritable pelle de démolition, y compris dans la catégorie des 30 t, modifiée pour l’application, quand, auparavant ils pouvaient utiliser une pelle de terrassement légèrement carénée et « adaptée » via des outils maison. En outre, l’offre, qui plaide en faveur de la solution constructeur, est plus compétitive et plus rapide.

Segmentation

Le marché est porteur. Acteurs nationaux, spécialistes régionaux et nouveaux entrants souhaitant se diversifier tirent les ventes. Explication : d’un côté, un marché potentiel offrant des perspectives de croissance et tiré par des clients régionaux et locaux, en renouvellement perpétuel de leur parc. De l’autre, des exploitants qui cherchent une solution unique avec un seul interlocuteur pour toutes les questions de SAV, pièces de rechange et gestion de la garantie. Schématiquement, le marché se scinde en deux types d’applications :

- Flèche standard ou flèche droite de moins de 20 m, pour des petits chantiers toujours actifs, que l’entreprise est appelée à exécuter « ponctuellement ».

- La déconstruction en milieu urbain, appliquée à de « petites » infrastructures ne nécessitant pas de flèche à très grande hauteur. Pour des raisons de transports et de logistiques sur chantier, le porteur de 35 t est capable de travailler jusqu’à 18 m voire 24 m maximum.

Pour le démantèlement de bâtiments industriels, d’immeubles de grandes hauteurs (barres HLM typiquement) ou d’ouvrages divers (château d’eau, piles de pont…), les flèches de très grande hauteur s’imposent (28 m et plus).

TCO

Au-delà des performances opérationnelles de la pelle, l’exploitant se détermine sur les coûts de transports de sa machine. Cela commande de rester en deçà des 3 m de largeur hors tout (en position transport) afin de pouvoir circuler le plus facilement possible et au meilleur coût, tant les convois exceptionnels sont complexes à gérer et chers. Dans le cas d’une machine qui coûte 30 000 € de plus mais qui permet d’économiser 10 transferts sous convoi exceptionnel, le retour sur investissement intervient dans l’année. Dans cette logique, une pelle opérationnelle rapidement sur chantier et sans avoir à recourir à une grue mobile aura la préférence de l’exploitant. De plus en plus, la mutualisation des outils de démolition est de rigueur pour des questions de budgets, entraînant la généralisation des coupleurs rapides hydrauliques. À la clé, la capacité à changer rapidement et en toute sécurité un broyeur pour une cisaille ou un BRH selon l’avancement du chantier, en limitant la pollution hydraulique. La tendance étant à la concentration, l’offre va se structurer autour des majors du secteur mais aussi des grands acteurs du recyclage, de plus en plus intéressés par ce métier de niche qui s’insère dans leur process. A contrario une offre locative avec chauffeur, qui est alors de la sous-traitance, n’est pas envisageable à court terme. Explications : la spécificité des machines, souvent attitrée à un opérateur, et la complexité des applications. Par contre, les offres de financement longue durée via les captives de principaux fabricants, avec contrat de maintenance, sont de plus en plus plébiscitées pour des matériels qui vont rarement dépasser les 1 500 heures travaillées par an, dont près de 70 % en configuration de broyage au sol, sur des durées d’exploitation oscillant entre huit et 10 ans.

Axe de progrès

Suivant la courbe d’apprentissage des exploitants, les fournisseurs poursuivent le développement de leur offre. Pour tous, l’un des enjeux principaux consiste à gagner du poids sur l’équipement dans le but d’avoir des outils plus lourds en bout de flèche, sans compromettre la stabilité de la machine. La motorisation est également l’objet de travaux de R&D. Pour optimiser la sécurité et faciliter l’utilisation de ses pelles de démolition, Caterpillar travaille sur des interfaces intuitives, simples à utiliser et prévenant toute utilisation potentiellement à risque.

Les chiffres

20 % C’est le pourcentage de travail d’une pelle de démolition équipée de son bras « très grande hauteur » ou High Reach Demolition en France.

1 200 C'est en moyenne le nombre d'heures de travail annuel pour une pelle de démolition en France métropolitaine.

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