Au terme d’une année 2020, complexe à gérer mais moins mauvaise que prévu, les fabricants établis en Europe ont renoué avec un état d’esprit positif. Tous se montrent optimistes et tablent sur une hausse de leur activité cette année.

Les ventes sur le marché européen des engins de chantier ont reculé de 6,4% en 2020. Cette baisse apparemment modeste s’explique par les performances des équipements légers et compacts, synonymes de gros volumes, dont les ventes n’ont quasiment pas été affectées l’année dernière. De fait, le repli de leurs ventes s’est limité à 3%. En revanche, les matériels de production ont subi une baisse de 19% de leurs ventes, au cours de ce qui s’est avéré une année difficile. Cet écart entre les gammes légères et les gammes lourdes s’explique par les conditions de marché qui ont prévalu en 2020. A la différence des petits équipements de chantiers et les matériels compacts, les acquisitions de matériels de production obéissent à des stratégies d’investissement dans le temps long. Les incertitudes liées à la situation sanitaire qui ont perduré sur les trois derniers trimestres 2020 et le manque de visibilité du côté des entreprises de construction, expliquent ce décalage. En outre, au terme d’un cycle de croissance marquée, le secteur de la construction, qui reste le premier client pour les fabricants de matériels, était attendu à la baisse.


La contraction de l’activité des constructeurs de matériels pour la construction et les infrastructures observée en 2020 est sans commune mesure par rapport au décrochage des années 2008/2009.

Présentant le rapport à la presse, le président du CECE, Niklas Nillroth, indique que « comme nous le savons tous, 2020 a été la plus inattendue et la plus imprévisible des années. D’un point de vue économique, nous avons connu une année de bouleversements avec des certitudes et des prévisions qui s’effondraient et nous laissaient sans réelles perspectives. Cependant, les secteurs de la construction et de l’industrie en Europe ont fait preuve d’une grande résilience et d’une capacité à rebondir rapidement, limitant les dégâts engendrés par les mesures de confinement prises au cours du premier semestre ».

« Avec la transformation digitale du secteur, les matériels guidés à distance et la volonté de faire de l’Europe le premier continent neutre e carbone constituent trois opportunités pour les fabricants de matériels de chantier »

Niklas Nillroth, président du CECE

La relance attendue des activités de construction et d’infrastructure, notamment grâce aux effets du plan de relance européen, explique l’amélioration du climat des affaires dans le secteur et l’optimisme affiché par les fabricants quant à l’évolution à court terme de la conjoncture. « Il est important de rappeler que 2020 avait démarré conformément aux prévisions, avec une baisse du marché de l’ordre de 5% au premier trimestre, soit un ralentissement classique en sortie de cycle qui avait été anticipé par les industriels », rappelle Niklas Nillroth. « Cependant, au deuxième trimestre, les restrictions d’activité à travers l’Europe ont commencé à faire sentir leurs effets néfastes, impactant le marché de 28% sous les niveaux de l’année précédente. La baisse des ventes au deuxième trimestre reflète également le différentiel avec un niveau de référence particulièrement haut, lié en partie à la tenue du salon Bauma 2019 et à la traditionnelle augmentation des ventes qui en découle. Avec l’assouplissement des mesures de verrouillage au troisième trimestre, les ventes ont atteint des niveaux similaires à ceux de 2019 et sont restées stables d’une année sur l’autre. Le dernier trimestre de l’année a vu l’amélioration attendue de la demande et les ventes en Europe ont augmenté de 9%. Cela reflète également le bénéfice des affaires reportées au premier semestre qui se matérialisent au quatrième trimestre ». Si la grande majorité des marchés sont en phase avec la conjoncture du secteur, deux pays se démarquent : l’Italie, dont les volumes de vente se sont maintenues au même niveau qu’en 2019 et le marché turc a rétabli la situation après son « crash » de 2019.

Perspectives 2021

Si les perspectives macroéconomiques à court terme restent incertaines, avec des risques liés à la propagation des variants du virus, le climat des affaires au sein de l’industrie européenne des équipements de chantier, reste positif. De fait, après des mois d’amélioration, l’indice du climat des affaires de l’enquête Baromètre des affaires du CECE est significativement plus élevé en mars 2021 qu’au début de la pandémie au printemps 2020. Autre signal positif : le niveau de satisfaction à l’égard des affaires courantes, qui s’est également considérablement amélioré. En outre, les prises de commandes des fabricants européens augmentent progressivement depuis décembre 2020 et les ventes sur le marché européen sont également sur une trajectoire de croissance établie. Une amélioration cohérente avec l’amélioration des ventes d’équipements constatée au quatrième trimestre 2020.

Dans ce contexte, et considérant les factures d’incertitude, le CECE avance une prévision de croissance de 5% du marché européen cette année. « Une évaluation réaliste », pour Niklas Nillroth « Les incertitudes persistantes et considérant les niveaux élevés du marché en valeur absolue, même une stagnation des ventes en 2021 ne serait pas une déception ». Décryptage : le marché mondial devrait également afficher une croissance modérée en 2021, mais la volatilité du marché chinois et son influence significative sur le reste du monde, font qu’il est difficile d’avancer des prévisions fiables. À moyen terme, les fabricants de matériel de construction seront confrontés à d’autres facteurs de risques risques, au premier rang desquels figurent l’envolée des dettes dans de nombreux pays. Une situation difficilement tenable et qui entrainera une baisse des investissements dans les infrastructures publiques quand les mesures d’austérité devront être mises en place.

« Le comité fait pression pour une concurrence accrue au sein de l’industrie sidérurgique afin de limiter les hausses de prix »

Riccardo Viaggi, secrétaire général du CECE

De fait, comme le souligne Riccardo Viaggi, secrétaire général du  CECE, « les tendances à long termes incitent à la prudence. Le plan de relance européen fait la part belle à la construction et aux infrastructures. Mais qu’adviendra-t-il quand les budgets auront été consommés ? Assisterons-nous à un atterrissage en douceur où à un décrochage brutal ? »
A plus court terme, les prix plus élevés et des délais plus longs, qui sont les principales conséquences de l’envolée des cours de l'acier, mais ils ne se font pas encore sentir de manière majeure commande d’initier une stratégie européenne.  » Nous savons que la reprise, surtout aux États-Unis et dans l’UE, s’accompagnera d’une augmentation à long terme des prix des matières premières, y compris de l’acier, mais nous surveillons et agissons de toutes les manières possibles » assure Riccardo Viaggi. « Récemment, nous avons demandé à la Commission européenne de supprimer les mesures de sauvegarde de l’acier, qui sont des facteurs qui faussent cette concurrence. L’UE le fait pour «protéger» les producteurs d’acier européens, mais c’est au détriment des utilisateurs d’acier européens, comme le CECE, mais aussi de l’ensemble de l’industrie automobile ».

Signal faible

Anticipant les cycles économiques, la location constitue toujours un indicateur avancé du marché des matériels. En 2021, la reprise se poursuit, mais avec quelques difficultés ici et là: en Allemagne, l’accès au marché se fait lentement, en Suisse ce sont les délais de livraison des équipements qui tendent à s’allonger,  notamment dans le domaine des matériels d’élévation de personne. En France les tarifs de location sont toujours sous pression et en Finlande, l’impact de l’aggravation de la crise sanitaire se fait désormais sentir sur l’activité des loueurs  L’inertie relative du secteur de la construction et les effets des politiques de relance engagées par les gouvernements se traduisent par des perspectives positives pour l’industrie de la location de matériel. Sur le long terme, l’incertitude économique et des investissements limités en CAPEX des entrepreneurs pourraient soutenir les contrats de location En 2021, il est important de noter que la reprise sera due au rebond de l’activité  dans la plupart des pays. Cependant, seuls l’Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark pourraient renouer dès fin 2021 avec leur niveau d’avant Covid.

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