La société change, les modules de chantier aussi. Les loueurs modifient leur catalogue afin de répondre à des requêtes plus variées et plus pointues.

L’apparence extérieure d’une base vie n’évoque pas le progrès. Et pourtant, en cette fin de décennie, les bâtiments de chantiers sont en pleine évolution. Les intérieurs affichent un confort inédit, signe d’un intérêt nouveau pour ces espaces. « Les entreprises ont identifié la base vie comme une ressource. Elle est maintenant considérée du point de vue de son coût global. Cette approche stratégique prend en compte l’environnement, la sécurité et le bien-être des utilisateurs », analyse François Renault, directeur matériel et directeur des spécialités de Kiloutou, présent dans ce secteur avec sa filiale Kiloutou Module. Michel Gourmelon, directeur de Loxam Module, observe également une dynamique fondée autour de ce triptyque : « nos contacts avec les directions des achats ou du matériel de grands groupes et les informations communiquées par nos agences indiquent que tout le monde partage les mêmes préoccupations. Celui qui ne s’inscrit pas dans cette démarche aujourd’hui sera hors-jeu demain. »

Toutefois, si ce mouvement est irréfutable, il reste pour l’heure désordonner. En l’absence de normes ou de règlementations, chaque client applique un cahier de charges différent. Les loueurs se trouvent donc confronter à des demandes bien moins prévisibles que par le passé. Ils doivent ajuster constamment le degré de sophistication de leurs produits. Cette versatilité favorise plutôt les groupes à la fois constructeurs et loueurs, tels qu’Algeco, Allomat (par le biais d’Euromodules) ou Cougnaud. « Il y a plusieurs avantages à fabriquer ses propres modules, explique Alexis Salmon-Legagneur, directeur général d’Algeco. Nous contrôlons la qualité des produits. Nous sommes assurés de la disponibilité des pièces détachées. Toutes nos plates-formes peuvent partager des méthodes de travail similaires. Et réciproquement, en tant que loueur, nous connaissons bien les contraintes de nos clients. Nous pouvons donc les prendre en compte lors de la conception de nos systèmes. » Si certains loueurs ne fabriquent pas encore, ils ont adopté des techniques proches de leurs concurrents. Loxam Module est propriétaire du Modulox, un module couvert par un brevet et dont l’assemblage est délégué à deux usines. Kiloutou Module effectuent de « nombreux tests au sein de [son] centre d’essais afin de contrôler la qualité des produits, notamment les schémas de soudure », souligne Gilles Petitprez, directeur de la spécialité module du groupe. « Et nous nous donnons les moyens d’être un influenceur de ce mouvement. Nous n’hésitons pas à être promoteur de l’innovation auprès de nos fournisseurs », complète François Renault.

Standard mais pas trop

Autre méthode imaginée pour répondre à ce désir de souplesse, les « packs ». Ces séries d’équipements s’installent rapidement dans les modules avant la livraison. L’offre se trouve ainsi en équilibre entre des modèles invariables, devenu trop rigides pour ce marché, et des produits sur-mesure, impossible à rentabiliser. « Tout l’enjeu de notre métier consiste dans le maintien d’un taux de rotation optimum, remarque Patrice Cougnaud, directeur général de Cougnaud Services. Le nôtre avoisine les 90 %. Plus nous nous approchons du standard, plus nous pouvons rationaliser les prix. Nos solutions restent néanmoins personnalisables, par l’intermédiaire de neuf packs, disponibles au catalogue. » Parmi les différentes options proposées, l’aménagement se révèle plus populaire. Les principaux groupes du secteur sont en mesure de livrer leurs bâtiments avec des bureaux, un réfectoire ou des vestiaires prêts à l’emploi. Ces services incluent aussi la mise en place des dispositifs nécessaires à la sécurité incendie et la télécommunication. « Au cours des cinq dernières années, nous avons investi afin de compléter nos parcs avec tout le matériel nécessaire à ces prestations, indique Alexis Salmon-Legagneur. De la sorte, le conducteur de chantier dialogue avec un seul interlocuteur et il ne règle qu’une seule facture. » Les débats de l’époque aidant, la question de l’énergie s’est invitée au milieu des armoires et des extincteurs. Celle-ci se manifeste sous deux formes. En premier lieu, le confort thermique fait désormais l’objet d’une attention plus soutenue. Des gammes conformes à la réglementation thermique 2012, mieux isolés, sont disponibles. Certains vestiaires possèdent des caissons chauffés et ventilés pour les vêtements mouillés. En outre, la climatisation commence à apparaître.

En parallèle, les exploitants ne négligent plus les consommations. Les systèmes destinés à limiter les gaspillages se multiplient : des ferme-portes hydrauliques, des capteurs de présence pour les éclairages, des minuteurs pour les vestiaires chauffants, des détecteurs d’ouverture sur les fenêtres ou bien encore des robinets temporisés. Les LED remplacent progressivement les lampes à incandescence. Pour les plus exigeants, Cougnaud Services peut installer du photovoltaïque, un chauffe-eau solaire, ou un suivi des consommations. « Ces outils ne sont pas encore mis en place systématiquement, nuance Patrice Cougnaud. Mais nous donnons les moyens à nos clients de proposer un programme respectueux de l’environnement dans sa globalité. » L’année prochaine, Algeco devrait aussi commercialiser un dispositif de contrôle des consommations. Au-delà de ces actions individuelles, c’est la filière entière qui tente d’avancer à travers l’Association des constructeurs industrialisés et modulaires : « nous avons intégré des fabricants de matériaux et d’équipements au sein de cet organisme, précise Michel Gourmelon. Ils peuvent ainsi partager nos préoccupations à ce sujet. »

La croissance des services

Enfin, la sécurité n’est pas oubliée. Ce domaine ne se borne plus à la surveillance du feu. Les entreprises de construction peuvent aujourd’hui bénéficier d'installations de contrôle d’accès, d’alarmes d’intrusion ou de caméras de surveillance. Elles peuvent même solliciter un service de gardiennage. L’extension des prestations au-delà des limites habituelles de la location constitue d’ailleurs le prochain défi du secteur. Entre autres exemples, l’approvisionnement de distributeur de nourriture ou de café devient petit à petit un standard. Cette intégration se mêlera sans doute à la recherche d’intérieur plus raffiné. « La demande s’oriente vers des espaces plus spacieux et plus esthétiques. Certains chantiers durent plusieurs années. Il faut proposer des bâtiments avec un confort comparable aux bâtiments permanents », note Patrick Cougnaud. Sa société a déjà créé un pack premium avec des moquettes, des plafonds acoustiques ou bien encore une terrasse panoramique.

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