
Deux ans après avoir regroupé les entités de la déconstruction du groupe Colas sous une nouvelle marque, Premys est-elle en ordre de marche ?
L’acceptation en interne auprès des salariés des différentes sociétés comme vis-à-vis de nos clients s’est faite rapidement. Le fait de recourir à une nouvelle appellation y a certainement contribué, tout comme celui de continuer à décliner les sociétés historiques telles que Brunel, Ferrari, Genier Deforge, Perrier et Picheta. L’objectif de notre société mère, Colas, est atteint : créer pour la déconstruction une marque unique, avec une identité forte, en phase avec les attentes des clients en matière de confiance, d’efficacité et de sécurité. Nous avons accru notre visibilité auprès de nos clients régionaux et nationaux. Parallèlement, nous nous sommes tournés vers de nouveaux segments de marché tels que le démantèlement de sites industriels sensibles.
Quels sont les principaux moteurs de la croissance ?
Nous avons pu remporter quelques grands projets tels que le démantèlement d’une partie de l’usine PSA à Sochaux, les déconstructions de l’ancien site PSA de la Garenne-Colombes et de la DGA à Bagneux. Des chantiers importants qui ont tiré notre activité. Notre stratégie de développement ne se limite pas à ces seules opérations. Premys s’intéresse à tout type d’affaires, sur tous les métiers de la déconstruction, du curage, du désamiantage et de la découpe par sciage. Notre organisation nous permet d’être à la fois un acteur local par nos agences mais aussi, par nos moyens, un intervenant national capable de réaliser tout type de travaux de démolition. C’est ainsi que nous pensons nous développer et perdurer dans un métier de spécialité.
Comment évoluent les métiers de la déconstruction ?
Même si la profession s’est structurée, la concurrence reste forte et pléthorique, avec des acteurs presque aussi puissants que nous et une multitude d’acteurs régionaux et locaux. C’est pourquoi nous essayons de nous démarquer par notre capacité financière, l’organisation de la structure et l’expertise de nos équipes. Nous mettons tout en œuvre pour rassurer les clients en nous entourant de service de prévention, en mettant en avant nos initiatives en matière de RSE et en faisant la promotion de l’économie circulaire. En outre, nous bénéficions de la notoriété du groupe Colas, notre maison mère, avec qui nous nous attachons à développer des synergies. C’est capital dans un métier qui n’est pas industriel, dont le ticket d’entrée est encore peu élevé et dans lequel trop d’entreprise prétende intervenir à la place des spécialistes.
Appelez-vous à un durcissement de la réglementation ?
À titre personnel, je ne suis pas un chantre de plus de réglementation. Attachons-nous déjà à appliquer celle qui existe et qui est certainement l’une des plus contraignantes au monde, notamment en matière de désamiantage. Cela constituerait déjà un progrès. Le système de certification de nos entreprises est bien conçu, même si les conséquences des lois sur l’économie circulaire et de la responsabilité élargie du producteur qui en découle vont profondément faire évoluer nos activités. En l’absence des décrets d’application, nous ne pouvons pas encore en mesurer toutes les conséquences.
Y voyez-vous une opportunité de valoriser vos prestations ?
A priori oui, mais cela reste encore à démontrer. Premys dispose d’un maillage de plateforme de recyclage permettant, avec celles de Colas, de répondre aux exigences de la loi. Tout l’enjeu réside dans ce que sera le statut du déchet issu de la déconstruction. D’ores et déjà, nous proposons des solutions à nos clients en B to B, avec plusieurs partenaires prestataires qui nous accompagnent dans le réemploi tel quel de ces matériaux. Nous mettons à leur disposition la ressource, charge à eux de la valoriser. Pour nos clients B to C, nous avons initié dans le Grand Est la vente de matériaux (charpente, plancher, poutre…) pour réemploi. Clairement, les clients attendent de nous plus que des solutions de recyclage des bétons et des aciers. Ils veulent maintenant qu’on leur propose des solutions pour les éléments de second œuvre.
“Un professionnel est celui qui sait travailler pour l’environnement, et en toute sécurité”
Quels sont vos axes de développement ?
Sur le plan géographique, nous couvrons tout le territoire. Nous ne consultons que peu de dossiers de croissance externe. Nous avons encore des possibilités de croissance organique. Nous poursuivons le développement de l’activité sciage/carottage autour de la marque Diam. Mais les vraies opportunités de croissance résident dans les solutions de réemploi des matériaux dans le cadre de l’économie circulaire. À terme, nous pratiquerons tous les spécialités de notre activité sur l’ensemble du territoire métropolitain.
Quid de l’international ?
À ce jour, ce n’est pas d’actualité.
Comment appréhendez-vous l’avènement du BIM ?
La précision de la maquette numérique ne nous est pas utile pour mener nos projets. Nous utilisons fréquemment la maquette 3D simplifiée dans nos modes opératoires et pour illustrer nos mémoires techniques lors des réponses aux appels d’offres. Pour certaines prestations très techniques telle que le vérinage, nous nous rapprochons du BIM afin de modéliser l’infrastructure en 3D, positionner les affaiblissements de la structure et implanter et contrôler le bon positionnement des vérins mis en place pour effondrer la structure. À plus long terme, quand nous aurons à déconstruire des bâtiments conçus sur le BIM, nos interventions seront significativement simplifiées et sécurisées.
Quelles sont vos orientations en matière d’investissement ?
Sur nos activités de démolition, nos investissements se portent principalement sur des pelles de plus de 25 t. Nous recourons à la location pour les matériels inférieurs à ce tonnage. Nos besoins sont couverts, même si nous déplorons qu’aucun fournisseur ne propose d’alternative au moteur thermique sur les pelles de fort tonnage. Sur nos activités de curage, nous privilégions de plus en plus les gammes électriques (mini-pelles, mini-chargeurs, mini-transporteurs, robots…). Sur cette activité très peu mécanisée, nous restons à l’écoute de ce que le marché peut nous proposer en termes d’innovation et sommes toujours ouverts à tester des matériels adaptés. Il reste beaucoup à inventer pour supplanter des tâches encore manuelles, pour progresser dans le domaine de la lutte contre les TMS, tout en renforçant la sécurité de nos équipes et en augmentant la productivité du chantier. Sur les matériels comme sur les outils, nous restons en veille.
Comment se pose l’enjeu de la ressource humaine dans vos métiers ?
Paradoxalement, ce n’est pas le personnel d’exécution qui pose le plus de difficultés de recrutement. Les chefs de chantier et les opérateurs de matériel sont des postes en tension. De moins en moins de postes requièrent du personnel non qualifié. Nous nous sommes organisés et assurons nous-même la formation de nos compagnons dans le cadre du contrat d’insertion. Cela, sans avoir à faire appel à de la main-d’œuvre étrangère. Nos activités sont à risque. La prévention des risques liés à la hauteur, à la conduite d’engins, à la présence d’amiante, comme l’apprentissage du travail en sécurité, constituent l’essentiel du programme pédagogique tout au long des 12 mois de formation. À l’issue de ce parcours, nous avons des personnels qualifiés, opérationnels, qui ont assimilé nos modes opératoires sur nos chantiers. Nos métiers peuvent paraître simples, voire basiques. Ils exigent pourtant de savoir exécuter un geste spécifique, dans des conditions de sécurité prédéfinies, compte tenu de l’environnement dans lequel nous évoluons.
Qu’est ce qui caractérise un professionnel de la déconstruction ?
Nous considérons qu’un professionnel est celui qui sait travailler pour l’environnement, et en toute sécurité, pour lui, pour l’équipe et pour l’ensemble des parties prenantes d’un chantier de démolition.
11 établissements
600 collaborateurs
800 chantiers par an en moyenne
+ 5 % évolution du CA en 2019
110 millions € CA 2019
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