
« Investir dans la sécurité, c’est investir dans la performance », Olivier Terral, directeur prévention, santé et sécurité d'Enedis
Quel est le rapport d’Enedis avec le secteur des travaux publics ?
En tant que gestionnaire du réseau public de distribution d’électricité en France, Enedis fait appel à quelque 55 000 salariés d’entreprises partenaires pour réaliser notamment des missions d’élagage et de travaux : des opérations de terrassement, de VRD (voirie et réseau divers) ou de pose de poteaux par exemple. Ces chantiers sont répartis sur tout le territoire, aussi bien dans des zones urbaines que rurales. Les engins utilisés sont variés. En outre, nos besoins dans ce domaine seront amenés à croître. Le réseau de distribution est un élément charnière de la transition écologique. En outre, la consommation d’électricité va augmenter. Pour répondre à ces enjeux, nous investissons en moyenne 4 milliards d’euros par an dans nos infrastructures. D’ici à 2035, nous envisageons d’investir 61 milliards d’euros. La sécurité des personnes sur nos chantiers, que ce soit celle du public, de nos employés, de nos prestataires et de leurs sous-traitants est l’une des priorités de notre Projet industriel et humain 2020-2025. Enedis vise le zéro accident grave ou mortel.
Avant ce partenariat avec le réseau Mase, aviez-vous déjà conclu d’autres accords autour de la sécurité ?
Nous avons signé en 2018 une Charte de santé sécurité au travail avec la FNEDT, le Serce, le Sner et l’Unep*, les syndicats les plus représentatifs de nos entreprises partenaires dans les travaux publics. Nous avons reconduit cet accord l’année dernière. Il porte sur le respect de règles fondamentales, la transparence des pratiques et la prise en compte dans nos appels d’offres du critère de la mieux-disance dans le domaine de la sécurité. Avec Mase, nous cherchons à aller plus loin dans cette voie.
Quelles sont les missions du réseau Mase ?
Ce réseau existe depuis 1992. Il vise à diffuser et à promouvoir le référentiel Mase, un système de management qui aide les entreprises à améliorer leurs démarches en matière de sécurité, de santé et d’environnement. Ses objectifs sont proches de la norme ISO 45 001, mais il reste accessible aux petites structures. Environ 25 % des sociétés certifiées comptent moins de 25 salariés. Cette particularité s’avère importante dans notre choix. Parmi nos 2000 entreprises partenaires, la majorité sont des TPE et des PME.
Quels sont les principaux critères d’évaluations du référentiel Mase ?
La certification requiert entre autres l’investissement du chef d’entreprise dans la sécurité, l’édition d’un document unique d’évaluation des risques et la présence d’un responsable de la sécurité. À ces obligations s’ajoutent quelques exigences qui découlent du bon sens. Rien de démesuré, mais ce sont des points essentiels, comme l’animation de quart d’heure de sécurité. Les accidents graves concernent rarement des néophytes, mais plutôt des compagnons expérimentés pris dans leur routine. Ces rappels peuvent les amener à reconsidérer leurs automatismes. Par rapport à la moyenne, les organismes certifiés Mase affichent un nombre d’accidents divisé par deux et un nombre d’accidents graves divisé par quatre. L’association supervise également la Mase Académie, une base documentaire autour du référentiel, ouverte aux entreprises adhérentes. Son contenu est très proche des recommandations que nous diffusons auprès de nos salariés.
Quelles sont les modalités de ce partenariat ?
En premier lieu, nous adhérons à l’association. Nous voulons vérifier que nos pratiques internes sont conformes aux critères de Mase. Par ailleurs, nous utiliserons ce référentiel pour évaluer le mieux-disant en matière de sécurité. Mais nous n’exigerons pas une certification Mase. Nous tiendrons compte également des référentiels équivalents, tels que l’ISO ou des référentiels internes. Nous allons faire face à un surcroît d’activité dans les prochaines années. Nous souhaitons embarquer nos partenaires dans notre démarche de prévention, y compris les petites structures, notamment par le biais de la Mase Académie. Un problème de sécurité met souvent en évidence un manque d’organisation. Investir dans la sécurité, c’est aussi investir dans la performance. Nous espérons que les critères Mase deviendront un standard dans la profession.
Quelles sont les réactions de vos prestataires quant à ces décisions ?
Environ 25 % sont déjà certifiés Mase. Ces derniers attendaient que cette caractéristique soit valorisée. D’autres réfléchissaient à la prendre en compte. Notre initiative les encourage dans leur projet. Certains ne voient pas l’intérêt de s'y lancer. Ils craignent d’ailleurs d’être écartés de nos marchés, mais encore une fois, nous reconnaîtrons toutes les démarches de sécurité.
* : la Fédération nationale entrepreneurs des territoires (FNEDT), le Serce rassemble les entreprises de construction des réseaux d'électricité et de communication, Union nationale des syndicats professionnels de construction et d’entretien des réseaux secs (dit le Sner), Union nationale des entreprises du paysage (Unep).
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