
Quelles sont vos prévisions d’activité pour l’année en cours ?
Nous avions anticipé un ralentissement du marché en 2020, au terme d’un cycle de croissance soutenue. Les deux mois d’arrêt complet suivis d’une reprise lente, dans un environnement dégradé, vont accentuer la contraction de l’activité. Pour Mecalac, le recul du chiffre d’affaires sera de l’ordre de 20 % cette année. Globalement, nous accompagnons la baisse attendue du marché européen, avec quelques disparités d’un pays à l’autre. La dégradation est plus marquée en Angleterre, sous le triple effet de la Covid-19, du Brexit et de la structuration du marché par les grands loueurs qui amplifient les tendances. L’Allemagne, moins drastique sur les conditions du confinement, résiste mieux pour l’heure. Je pense qu’à la fin de l’année, le bilan sera identique à celui de la France.
La situation est-elle plus favorable outre-Atlantique ?
Après un excellent Conexpo, nous nous inscrivons dans une dynamique forte de poursuite de notre développement. Dans ces périodes de tension économique, des produits innovants suscitent l’intérêt de la part des exploitants. Sur un marché réputé traditionnel, le concept Mecalac se révèle de plus en plus pertinent auprès des clients américains ! L’appétence pour le concept MCR est manifeste. Pour la MWR, on observe une réelle curiosité d’utilisateurs de chargeuses pelleteuses qui veulent travailler plus efficacement. Il en est de même pour la chargeuse sur pneus « swing » et la pelle rail-route. Malgré le contexte, nous nous inscrivons en croissance. Nous avons continué à étendre notre couverture avec sept nouveaux distributeurs. Le potentiel est immense. Nous capitalisons donc pour y poursuivre notre expansion.
Votre présence en Turquie est-elle remise en cause ?
Non. Nous conservons nos deux entités industrielle et commerciale.
Pensez-vous que le marché va repartir l’année prochaine ?
Nous restons positifs. Nos machines sont destinées aux chantiers urbains. Or, les différents plans de relance dévoilés par les États passent tous par les travaux sur les infrastructures de transports terrestres et la rénovation thermique des bâtiments. Le plus difficile dans la période actuelle est l’incertitude qui prévaut.
Quels sont vos principaux axes de développement ?
Ce n’est pas le moment d’ouvrir de nouveaux marchés. Nos axes de croissance sont les mêmes qu’avant la crise, à savoir renforcer notre présence à travers l’élargissement de notre offre sur nos marchés historiques, continuer notre développement en Allemagne, accentuer notre diffusion en Amérique du Nord mais également en Amérique Latine. Nous nous développons en Russie, marché que nous adressions initialement avec les chargeuses pelleteuses et à présent, avec les chargeuses swing et pelles sur pneus.
L’élargissement de l’offre Mecalac fait-il sens ?
Les moyens alloués à la R&D sont maintenus. C’est une constante chez nous, quelle que soit la conjoncture. Nous veillons à conserver un équilibre entre les produits à grande diffusion et ceux pour les marchés de niche. Pour illustrer, je prendrais l’exemple de la pelle rail-route 216MRail que nous venons de lancer. Nous pensons que Mecalac se doit d’apporter une configuration d’usine pour ce marché de niche qui nous anime depuis longtemps et qui, depuis deux ans, a fait l’objet de la création d’une division interne dédiée. Nous lancerons de nouveaux produits compacts d’ici à la fin de l’année. D’autres nouveautés arriveront l’année prochaine en provenance d’autres usines du groupe.
Dans les circonstances actuelles, le statut d’ETI* de Mecalac est-il un atout ?
On passe son temps à se demander si l’on a la bonne taille ! On est comme on est, même si on a toujours la volonté de poursuivre la croissance organique du groupe. La structure est en place. Elle est opérationnelle et dispose de toutes les compétences requises pour construire le futur.
La croissance externe est-elle d’actualité ?
Nous ne sommes pas à la recherche de croissance externe. Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas ouverts à d’éventuelles opportunités qui pourraient se présenter dans notre univers. Cela peut être une possibilité d’élargir la gamme, d’accéder à des technologies spécifiques, de diversifier nos marchés…
Qu’est-ce qui évolue dans le comportement de vos clients ?
Le rapport au matériel change, que ce soit sur le mode d’acquisition du bien, son exploitation, son entretien ou son coût total de possession. Les exploitants sont de plus en plus sensibles aux questions de taux d’utilisation et de paiement à l’usage. Les pannes et les immobilisations pour réparation deviennent des enjeux de première importance. À plus long terme, nos clients s’interrogent sur la place du matériel, demain, dans leur entreprise. Grâce à la mise en œuvre de notre solution de télématique, nous travaillons à la possibilité de vendre un taux de disponibilité de chaque machine. Je ne serais pas étonné que bientôt, nos clients nous questionnent sur le prix d’une Mecalac pour un taux de disponibilité de 98 %. Nous devons être capables de vendre un taux de service. Le parc machines de nos clients doit être un parc productif.
Qu’est-ce que cela implique pour le fabricant ?
À nous de nous organiser en développant les algorithmes d’intelligence artificielle à même de définir les besoins de maintenance préventive et prédictive des machines. À nous également de nous organiser pour anticiper des défaillances potentielles d’organes critiques par rapport à des taux de charge des machines. La productivité et l’efficience du matériel doivent donc s’améliorer pour satisfaire les exigences croissantes de nos clients qui cherchent à améliorer leur rentabilité en optimisant leurs coûts de machine et en affinant leur gestion de parc, au travers de la qualité des opérateurs, des consommations de carburant, des coûts de maintenance…
Avez-vous défini le nouveau modèle économique qui résulte de cette nouvelle approche ?
Nous faisons effectivement évoluer nos ressources dans ce sens. L’évolution technologique appliquée aux matériels de chantier ne peut pas être décorrélée des volumes de cette industrie. Nous restons sur un marché avec des volumes commercialisés assez faibles au regard d’autres industries, ce qui explique le décalage, toujours vérifié, d’une dizaine d’années entre ce que l’on observe dans le domaine de l’automobile et des véhicules industriels en matière d’innovation technologique. Aujourd’hui, le digital ouvre de nouvelles perspectives dans la gestion des flottes. De nouvelles formules de financement, souvent empiriques par le passé, répondent aux contraintes de gestion et à une utilisation optimisée du Capex. Ces évolutions sont accompagnées par les technologies disponibles mais aussi par les compétences d’ingénierie et d’analyse.
Repères chiffrés 2019
252 millions € chiffre d’affaires
62 % CA à l’export
38 % CA France
5 000 unités production annuelle
5 filiales industrielles
9 sociétés commerciales
220 distributeurs indépendants.
1 000 salariés effectifs
5 % du CA alloué à la R&D
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