
« Bâtir l'organisation professionnelle du futur » une interview de Jean-Claude Fayat, président d’Evolis Symop
Comment vos adhérents ont traversé 2021 ?
Globalement, nos entreprises ont bénéficié d’une reprise de l’activité, après le repli subi en 2020. Cette phase de rebond est à nuancer selon les métiers. Dans le secteur des matériels pour la construction, la reprise a été forte et a permis de revenir, voire de dépasser, le niveau d’avant crise. Les difficultés d’approvisionnement et de recrutement sont communes à tous les métiers.
Quelles sont les prévisions d’activité pour l’année en cours sur le périmètre des engins de chantier ?
Les perspectives restent bonnes, en particulier dans le domaine des matériels de terrassement. Les carnets de commande sont élevés. Il faut souligner le manque de visibilité et la grande volatilité qui prévalent et qui appellent à la prudence. L’allongement des délais peut expliquer une certaine anticipation de la part des clients, le danger étant de créer une nouvelle bulle.
La hausse des prix s’inscrit-elle dans la durée ?
Nous n’observons aucune amélioration sur ce point. Nos adhérents font toujours face à des ruptures d’approvisionnement et à une forte inflation. La reprise massive et concomitante sur tous les marchés explique ces phénomènes. Sauf à faire face à une crise majeure, je ne pense pas que la tendance inflationniste se prolonge au-delà de l’année.
Qu’est-ce que la Covid-19 a fondamentalement changé pour vos adhérents ?
La crise sanitaire a créé de nouvelles attentes en Europe dans le domaine de la protection de l’environnement et des questions de santé. Cela va accélérer la transition énergétique et la décarbonation de l’économie dans son ensemble. Nos industriels sont dans cette dynamique, notamment avec les motorisations électriques et des solutions de machines plus intelligentes. Sans parler de matériels autonomes, on verra apparaître des systèmes d’assistance et de guidage de plus en plus aboutis. Cela va aussi avoir des conséquences sur la globalisation de l’économie. Nous allons revenir, je pense, à une certaine régionalisation des échanges. La mondialisation a atteint ses limites. Les ruptures que l’on observe sur les chaînes d’approvisionnement le prouvent.
Va-t-on assister à une réindustrialisation ?
Elle est déjà en cours dans des secteurs stratégiques comme les batteries et les microprocesseurs. L’enjeu est de réduire notre dépendance vis-à-vis de la Chine. C’est également le cas en France, dans la filière nucléaire, qui a longtemps été un centre d’excellence dans notre pays. Pour ce qui est des matériels de chantier et même si l’on dispose, avec nos ETI, d’un pôle d’excellence, les enjeux sont différents. Ils sont à la dimension de ce que sont nos marchés. Nous n’en sommes donc pas à rapatrier de la production de l’Asie vers l’Europe.
Les industriels produisant en France sont-ils plus compétitifs ?
Nous notons des améliorations. La baisse des impôts de production va dans le bon sens mais elle reste insuffisante. Si l’on se réfère à ce qui se pratique en Allemagne, nous avons fait la moitié du chemin. Il faut donc poursuivre l’effort si l’on veut consolider l’existant avant de recréer le terreau nécessaire pour réindustrialiser notre pays. Le cadre fiscal mouvant et le Code du travail trop rigide nous pénalisent. Les entrepreneurs ont besoin de stabilité pour investir et se développer. Je souligne qu’il ne peut pas y avoir d’industrie forte sans un secteur des machines et des équipements technologiques qui soit lui-même fort, le regroupement entre Evolis et le Symop prend ici tout son sens.
Pourquoi avoir fusionné avec le Symop ?
Les deux organisations sont très complémentaires. Cette fusion permet d’élargir les bases de notre organisation professionnelle et de renforcer sa représentativité auprès des instances françaises et européennes. Cela concourt aussi à la mutualisation de services et donc de gagner en efficacité. À travers cette nouvelle fusion, nous avons cherché à inventer une organisation professionnelle plus moderne, plus interactive car plus proche de ses adhérents et au service de l’ensemble des sociétés représentées. L’objectif est de bâtir une véritable communauté de partage. Je pense que c’est ce qu’attendent nos entreprises et les jeunes talents qui, demain, seront aux commandes.
Quelles sont les synergies à développer au sein du nouveau périmètre ?
Elles sont multiples, à commencer par une mise en place d’une base de données et d’une plateforme commune. Il s’agit d’utiliser les outils actuels favorisant le partage et la collaboration. Nous allons également pouvoir travailler sur des sujets transverses à nos 600 adhérents comme la décarbonation, les achats ou les nouvelles solutions industrielles. Ce sont typiquement des enjeux à traiter au sein de communautés d’intérêts, avant de les ouvrir à d’autres fédérations clientes.
Travaillez-vous déjà à la préparation d’Intermat 2024 ?
Nous ne pouvons pas concevoir que le monde n’ait pas changé depuis le déclenchement de la pandémie. À titre personnel, je suis convaincu que le gigantisme des salons est révolu. En outre, de nombreuses incertitudes demeurent sur l’évolution de la situation sanitaire. Nous avons donc proposé à l’organisateur (ndlr : Comexposium) de concevoir une édition plus frugale, moins coûteuse pour les exposants et plus centrée sur les concepts commerciaux. Un Intermat plus attractif en somme. C’est ce que veulent nos adhérents. En proposant aussi des sujets fédérateurs, autour desquels la profession pourra se rassembler, comme par exemple les matériels « intelligents », le salon gagnerait en intérêt. L’avenir du salon est là ! Sauf à faire face à une crise majeure, je ne pense pas que la tendance inflationniste se prolonge au-delà de cette année. Nous allons revenir, je pense, à une certaine régionalisation des échanges.
Evolis Symop : repères chiffrés 2020
600 adhérents
19 Mds € produdction
65 % taux d’exportation
82 % taux de couverture
82 000 emplois directs
Matériels pour la construction
3,28 Mds € CA Production
51 % taux d’exportation
80 % taux de couverture
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