Plateforme d'innovation et moteur économique du secteur, Bauma 2019 a permis de dégager les principaux axes de R&D qui guident les bureaux d’études des fabricants. Si cette édition a permis de confirmer le virage pris dans les énergies alternatives, avec la généralisation des versions électriques et hybrides et l'apparition du gaz, elle a également confirmé la montée en puissance de la digitalisation de la filière dans son ensemble. Enfin, Bauma 2019 a révélé la capacité à développer, à terme, des matériels de chantier autonomes, gage de sécurité accrue et de productivité optimale. Comme traditionnellement, le salon a été le cadre privilégié pour révéler des solutions les plus innovantes dans le domaine des matériels pour la construction et les infrastructures. Ces résultats, qui sont le fruit de travail des bureaux d’études des fabricants, illustrent leur capacité à prendre en considération des enjeux du développement climatique, de sécurité sur les chantiers, de la pénibilité de certaines opérations et des questions HSE. A ce titre, les développements sont de plus en plus partagés avec les exploitants, dans le cadre d’une relation de proximité permettant de mieux exprimer les besoins du chantier tout en appréhendant mieux les contraintes d’industrialisation.
Technologique embarquée
Amorcée depuis deux éditions, la digitalisation de la filière s’est accélérée avec l’intégration croissance du numérique dans les matériel. Avec le recours à l’intelligence artificielle, se profile l’engin autonome dans le cadre du chantier connecté. Au coeur du dispositif, le drone, source d'information, de surveillance et, demain vecteur intégré dans la supply chain du chantier. Parmi les développements les plus remarquables en matière de matériel capable à fonctionner sans opérateur citons, Yanmar et son concept "eFuzion", sur le segment des mini-pelles de 1t, Liebherr et son « concept bouteur » également électrique et autonome et Bomag, avec, en démonstration dynamique, un compacteur de 7 t. JLG voit encore plus loin avec ce qui pourrait être la nacelle élévatrice de personne dans un avenir de moyen terme.Electrification
L’enjeu des normes régissant les émissions continue de mobiliser les motoristes et les fabricants. Outre le passage en Stage V, c’est le recours massif aux motorisations électriques qui est à retenir. Pionnier dans le domaine, Wacker Neuson et Volvo CE poursuivent la déclinaison de leurs gammes compactes. Idem pour Bobcat, qui mettait en avant son modèle E 10 de 1 t, de poids opérationnel. Avec le modèle 12 e, Mecalac confirme son intérêt pour ses solutions avec son concept de pelle de 10 t, capable de travailler sur batteries pendant 8 heures. Hidromek a fait sensation en dévoilant, en avant-première mondiale, une pelle urbaine sur pneus également électrique. Hicon 7 W est la première d’une nouvelle ligne de matériel que l’industriel turc déclinera sous une marque dédiée. Dans le domaine des matériels de fondations spéciales, Liebherr est le premier à dévoiler une foreuse « 100% » électrique, capable, selon son concepteur, de travailler sur un cycle journalier, les batteries se rechargeant dans la nuit. Présenté comme un prototype, la mini pelle de 5 t de Komatsu semble très aboutie, avec son convertisseur haute-tension et ses batteries éprouvées dans les chariots électriques de la Série FE. A l’instar de Bomag, qui propose une palette de motorisation au choix (gaz, essence, gasoil, …) pour ses compacteurs autoportés, Kubota joue la carte du gaz naturel, avec une approche pragmatique qui caractérise l’industriel japonais. En dévoilant un concept de chargeuses sur pneus fonctionnant au biogaz, « Project Tetra », Case entend être le pionnier dans le recours à cette énergie appliquée aux matériels de TP. Une approche rendue possible grâce à la contribution de FPT Industrial, société sœur au sein de CNH Industrial, qui a conçu le moteur à gaz aux performantes équivalentes à celle d’un diesel conventionnel.Chantier connecté
Dans ce domaine, les majors du secteur ont pris l’initiative. De fait Caterpillar, qui expose pas moins de 20 nouvelles machines, et Komatsu, qui avance dans son approche de "smart construction", peuvent se prévaloir d’une longueur d’avance. La documentation des chantiers, avec en filigrane, la maquette numérique des travaux, transforme aussi la planification des travaux, l’assistance aux opérateurs et la gestion des moyens mis en œuvre. L’enjeu : la réduction des arrêts non programmés, pour une efficience maximale des parcs, grâce, notamment, au passage de l’entretien préventif à la maintenance prédictive. A la clé, une gestion de bien d'équipement à l'image d'un actif, qui afficherai le meilleur retour sur investissement. A noter que pendant Bauma 2019, Doosan a exploité la 5 G pour commander engin de chantier à distance. Comme avant lui Caterpillar l’avait proposé avec un bouteur, le Coréen a démontré sa capacité à opérer depuis Munich, une pelle hydraulique DX 380 LC-5 située à Incheon. Hyundai n’est pas en reste, avec plusieurs technologies avancées au service de la sécurité et de la productivité des machines. Parce que l’aide aux opérateurs devient une exigence incontournable, Dynapac propose un mode de travail qui détermine automatiquement le mode de fréquence optimale, quel que soit le matériau à compacter. Appelé Seismic, cette fonctionnalité adapte automatiquement la puissance de travail du compacteur. De son côté, Bomag lance une application de modélisation qui exploite les données GPS et les données de la machine pour documenter les valeurs de compactage obtenues. De fait, à terme, l'automatisation des tâches sur le chantier se généralisera et sera confiée à des matériels autonomes dans leur fonctionnement et propre à l'usage. Plus sobre, plus silencieux, plus sécurisant, le matériel de chantier, indépendemment de son mode de motorisation (électrique, hybride, à gaz, à hydrogène,...), devra être plus productif et afficher le meilleur coût de possession possible. J-N.O