Les configurations à rayon court ne sont pas l’apanage des pelles compactes, qu’elles soient mini ou Midi. Les pelles sur chenilles de 20 t et plus à rayon court ont de plus en plus la préférence des exploitants. Devenues incontournables, les fournisseurs doivent étoffer leur offre. Quelle est la maturité actuelle de l’offre ? Quels modèles pour quelles applications ? Quelles limites opérationnelles ? Éléments de réponse.

Pelles sur chenilles à rayon court de 20 t et plus : l’exception va-t-elle devenir la règle ?

Ces pelles hydrauliques sont destinées à tous types d’applications dans les travaux de terrassements, routiers, VRD, souterrains, mais aussi déconstruction et dépollution, exécutés en milieux exigu ou contraint. Un contexte dans lequel leur conception compacte apporte un avantage en matière de sécurité de travail. « Dans le cadre d’un renouvellement d’une pelle de 30 t conventionnelle, nous avons opté pour une pelle à chaînes Volvo ECR355E, sur des critères de performances hydrauliques et de forces de cavage et d’arrachement, explique Benjamin Colinet, responsable du développement chez Morel, filiale du groupe Poisson. Son encombrement ; qui n’excède pas 4,70 m, sa flèche articulée et sa puissance disponible de 180 kW, le système de surpression BMAIR qui équipe la cabine, permettent de nous positionner, en particulier, sur les chantiers de dépollution, les travaux sous tente ou en milieux confinés qui nécessitent une pelle de fort tonnage mais compacte. » Ce positionnement permet au prestataire de valoriser ses prestations. Dans des applications de niche, où les cahiers de charge sont plus exigeants, les prix sont mieux défendus que dans le terrassement.

Efficience opérationnelle


Pour plus de polyvalence, la machine est équipée d’un système d’attache tout automatique Steelwrist SQ80, pour des changements d’outils rapides et sécurisés. « Cela répond aux besoins de changement fréquents d’outils sans que l’opérateur n’ait à descendre de la cabine et les risques d’accidents qui en résultent. Les chutes d’huile hydraulique sont significativement réduites pour une meilleure protection de l’environnement, justifie Benjamin Colinet. À l’instar des chantiers du Grand Paris, la sécurité est devenue un enjeu de premiers plans. En outre, sur les chantiers de dépollution, si l’opérateur veut changer d’outils, il doit sortir de la zone de travail et réaliser l’opération en zone neutre, ce qui impacte sa productivité. » À la demande de l’exploitant, la technologie Dig Assist de Volvo, intégrant le pesage automatique, et le guidage 3D Trimble Earthworks ont été montés en usine. Une configuration « sur mesure », que le loueur a voulue pour gagner en productivité, en confort de travail et en sécurité, tant pour l’opérateur qu’autour de la pelle. Une extension de garantie couvre la durée de financement, soit 5 ans, pour une disponibilité totale de la machine.

Chantiers contraints


« Cette typologie de machine répond à l’évolution de l’activité en région parisienne, avec des chantiers de plus en plus contraints, explique Sébastien Macaire, responsable commercial chez Dynamic TP, succursale de Case Île-de-France sur les départements 78, 92, 93 et 95. Qu’il s’agisse de terrasser, de réaliser des voiles par passe ou des travaux lourds de voiries, Les pelles à rayon court s’intègrent mieux dans ces environnements. Sur le segment des pelles hydrauliques sur chenilles de 25 t à rayon court, le modèle Case 245 D est parfaitement adapté à ces applications. La machine est fiable et les frais d’entretien sont faibles. » Dans un marché concurrentiel, les clients se déterminent évidemment par rapport au prix mais surtout par rapport au service et à la disponibilité des machines. La possibilité de disposer d’une configuration personnalisée, suppose de pouvoir proposer différents choix de lame, de chaînes, de patins caoutchouc comme de flèche et de balancier. « La flèche standard monobloc reste le premier choix des exploitants, notamment dans le terrassement, la volée variable, comme le montage d’un porte-outil multidirectionnel étant souvent demandés par les loueurs et les patrons opérateurs qui recherchent de la polyvalence, commente Sébastien Macaire. S’agissant de matériels de production, il faut veiller à respecter les capacités de la machine en termes de levage, qui sont légèrement inférieures à celles d’une pelle conventionnelle de même poids, l’effet du contrepoids arrière étant moindre. » À l’usage, la conception de la machine n’a pas de conséquence sur l’entretien routinier ni sur les opérations de maintenance périodiques. Les radiateurs et les ventilateurs ont été implantés pour travailler efficacement.

Une offre en expansion


Même si les pelles sur chenilles de 20 t et plus « conventionnelles » monopolisent toujours l’essentiel des ventes, les constructeurs sont de plus en plus nombreux à se positionner des modèles à rayon court. Nouvel entrant sur ce segment, Hidromek a développé un modèle inédit dans sa gamme. La pelle HMK 235 LCSR, est une déclinaison à rayon court de la HMK 230 LC. L’entrée en production devrait intervenir d’ici à la fin de l’année, pour une commercialisation dès 2022. Les Cat 325. et Cat 335 partagent une approche technique éprouvée, qui tend à avoir un équilibre parfait pour une grande stabilité. Les masses sont regroupées vers le centre de rotation et de gravité de la pelle, permettant de rapprocher l’implantation du pied de flèche. Le contrepoids est plus important. Le fait de « compresser » les dimensions vous fait prendre de la hauteur aux machines. Les plages arrière sont aussi plus hautes. La position du moteur, des pompes et des radiateurs ne change pas. Les vérins sont identiques à ceux d’une version standard. La Cat 325 possède une timonerie type B1 avec les mêmes balanciers, donc les mêmes forces de pénétration et de cavage que la Cat 320. Comparées aux versions CR, les capacités de godet sont inchangées Idem pour les capacités de levage. Kobelco, qui développe ce concept sur le segment lourd depuis 1996 ; se distingue en proposant 3 modèles sur 3 longueurs de châssis. Les SK230SRLC, SK270SRNLC et SK380SRLC, qui affichent un poids de 23,8 t à 38 t sont déclinées avec flèche monobloc ou articulée et lame.


Cinématique de flèche


Ces pelles bénéficient de flèches spécifiques avec une cinématique dédiée afin d’assurer une bonne remontée du godet au-dessus de la cabine afin de limiter le rayon de rotation avant qui est aussi important que le rayon arrière. L’implantation du pied de flèche est différente pour optimiser la stabilité et le repli de la flèche en arrière. Il est donc très important de renvoyer un maximum de poids vers l’arrière du châssis tout en étant dans un rayon de giration limité. La flèche articulée permet également de rapprocher la masse à manutentionner au plus près de la pelle pour optimiser la capacité de levage. En complément de cette articulation de flèche, le porte-outil multidirectionnel s’impose massivement sur les chantiers, tout comme le guidage 3D. Comme Kobelco, Liebherr propose 3 modèles « compacts » (R 920, R 926 et R 936 Litronic). Tous sont équipés d’une motorisation Phase V, dont la puissance varie de 110 à 190 kW. Leur design est synonyme de compacité. À titre d’exemple, le rayon de rotation de la R 926 Compact Litronic est de 1 700 mm. Avec un modèle, Doosan cible les applications dévolues aux 24 - 26 t, selon la configuration. La répartition équilibrée des masses en fait une pelle stable, affichant des capacités de levage proches d’une pelle conventionnelle. La capacité de levage de la DX235LCR est identique à DX225LC, les forces d’arrachement étant supérieures grâce à des vérins de plus grand diamètre. La Case CX 245D SR se caractérise par l’implantation du moteur centrée à l’arrière et les radiateurs qui sont, non pas empilés les uns sur les autres mais disposés les un à côté des autres, pour un nettoyage aisé et rapide. Sur les pelles Volvo CE ECR235E et ECR355E, le moteur et les radiateurs sont placés à l’arrière, pour conserver la stabilité en levage. À titre indicatif, le modèle ECR355E, qui affiche les performances d’une pelle de 30 t en rayon court, est adapté à des terrassements de masse.

Limites d’usage


À poids égal, une pelle à rayon court affichera toujours des capacités moindres car l’absence de déport arrière supprime le bénéfice du porte à faux du contrepoids conventionnel. La stabilité sera principalement pénalisée en latéral, là où le contrepoids conventionnel contrebalance la charge. Il est donc déconseillé de recourir à cette configuration en montagne ou sur des terrains en forte pente. La puissance thermique/hydraulique installée restant limitée jusqu’aux modèles de 30 t, l’utilisation d’outils tels que les vibro-fonceur, les fraises, les têtes d’abattage d’arbre, est déconseillé. L’emploi en carrière n’est pas pertinent. Dans le recyclage et certaines applications industrielles, en raison des volumes internes plus faibles combinés à l’utilisation d’outils de type grappin ou pinces de tri ; aux rotations de la tourelle et aux mouvements des équipements avants, les pompes sont sollicitées en permanence. En raison de l’augmentation de la température de l’huile hydraulique et du risque de laminage qui en résultent,leur utilisation doit être écartée.

Trois questions à Paul Morel, directeur chez Moussy Services

Sur quels critères avez-vous investi dans ces matériels ?
Nous louons des matériels avec opérateur, principalement en île-de-France et dans les départements limitrophes. Nous avons désormais sur notre parc trois pelles hydrauliques sur chenilles à rayon court de 25 t : une Hitachi 225, une Cat 325 en volée variable et une Cat 325nextgen qui vient d’arriver… Deux des machines sont équipées d’un porte-outil multidirectionnel Engcon. Elles sont équipées d’un guidage GPS 3D, pour réaliser des travaux de finition. La fiabilité de la machine, la capacité du concessionnaire à nous apporter du service et la capacité à disposer d’une configuration sortie d’usine, intégrant les différentes technologies embarquées et les équipements demandés, ont été déterminantes dans nos choix.

Quelle configuration de machine recherchez-vous ?
Outre le guidage 2D de série, nous voulons, pour des questions de sécurité, généraliser le pesage embarqué et le système de barrière virtuelle. Le pesage intégré permet d’éviter les problèmes de surcharge quand la technologie de la frontière virtuelle sécurise les abords de la machine. Le montage d’usine offre deux avantages : la qualité de montage est assurée et les délais sont raccourcis. Sur des machines compactes, La maintenance est plus compliquée. C’est pourquoi nous avons recours à des extensions de garanties jusqu’à 6 ans… Nous n’avons que l’entretien courant à assurer l’entretien et sommes garantis de disposer d’un outil de production efficient. C’est d’autant plus important que ce sont des machines qui vont travailler jusqu’à 1 600 heures par an et que ce taux d’engagement conditionne le retour sur investissement.

Comment avez-vous défini votre modèle économique ?
Nos prestations ne sont pas payées plus cher. En revanche, nous gagnons en productivité et en qualité dans l’exécution de nos chantiers. Les délais de réalisation constituent aussi un avantage concurrentiel. Les donneurs d’ordre sont de plus en plus attentifs à ces critères qu’ils intègrent dans leurs appels d’offres. Comme nous positionnons donc comme mieux-disant technique pour accéder à de nouveaux chantiers. Nous convertirons progressivement notre parc avec des pelles à rayon court, qui sont l’avenir de nos prestations en Île-de-France.

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