La massette de bordure Nanovib compte deux dispositifs de réduction des vibrations : le manche et un embout en caoutchouc.
Dans le secteur de l’outillage, l’inventivité au XXIe siècle semble avant tout une affaire de puces. Les systèmes électroportatifs affichent des options toujours plus sophistiquées. Quant aux équipements sans moteurs, ils seraient trop simples pour mériter l’attention des ingénieurs.
La démarche de Leborgne vient contredire cet axiome. Le fabricant savoyard rappelle régulièrement que la forge peut encore livrer de nouveaux concepts. « Nous innovions déjà bien avant que ce soit la mode, s’amuse Yves Ginet, responsable de la prescription grands comptes de l’entreprise. Notre société a toujours créé deux ou trois nouveaux produits par an, c’est dans son ADN. »
La gamme Nanovib illustre bien cette imagination. L’histoire de cette marque jaune et grise débute en 2010. La pénibilité au travail entre alors dans le giron de la loi française. « Nous avons senti que la question de la pénibilité allait devenir importante au sein des entreprises du BTP, précise le responsable. Nous avons pris une longueur d’avance sur ce sujet. »
Réduire les vibrations
La nouvelle collection sera donc guidée par la volonté de maîtriser autant que possible les facteurs à l’origine des douleurs au travail. Leborgne mit en pratique cette idée avec un marteau de coffreur. « Il répondait déjà à tous les besoins, mais il restait à résoudre le problème des vibrations. C’était le seul angle de développement possible. Nous avons donc conçu un manche qui réduit de 40 % les vibrations reçues par l’utilisateur. »
Ce manche breveté sera ensuite adapté sur des marteaux de charpentier et de mobiste, sur des masses et des massettes. Pour ces deux derniers produits, le fabricant a modelé des surfaces de frappe bombées afin de ralentir le champignonage des burins ou d’éviter l’éclatement des pieux. Des déclinaisons ont suivi avec des caoutchoucs jaunes posés sur l’un des faces de la tête. Ils absorbent encore un peu plus les vibrations lors de la pose de pavés et de bordures ou le démontage de mannequins. L’industriel a aussi revisité le coupe-boulon et la pince. Ses équipes ont ajouté une crémaillère maison qui réduit les efforts à fournir au moment de serrer les lames.
Du bois au béton
Par ailleurs, le constructeur s’est fait une spécialité d’imaginer de nouvelles formes d’outil. La tête de sa dame comporte par exemple un côté rond. Elle facilite le damage près d’un mur ou d’un obstacle. L’équipement est aussi muni d’une douille qui absorbe les vibrations.
Le burineur, destiné à éliminer les coulures de béton au pied des voiles, est une déclinaison d’un instrument de bûcheron. Enfin, des observations de terrain ont donné naissance au décoffreur longue portée. « Les compagnons utilisaient ce qu’ils avaient sous la main pour retirer les coffrages sous une dalle, comme un tube en métal courbé et écrasé à l’extrémité », remarque Yves Ginet. Muni de ce piolet à long manche, l’utilisateur peut opérer depuis le sol, sans avoir à monter sur une plate-forme roulante, une manœuvre toujours risquée. Le principe a été repris pour une liseuse de joint.
L’art des alliages
L’ensemble de ces outils présentent en général un poids inférieur à la moyenne. « Nous avons l’habitude de travailler avec des matériaux autres que de l’acier, tel que des alliages en aluminium beaucoup plus léger », souligne le responsable.
Le dynamisme de la gamme s’appuie sur un bureau d’études chargé de la recherche et du développement de trois personnes. « Ils parcourent les chantiers afin de découvrir de nouveaux besoins. Par ailleurs, en tant que responsable de la prescription, je suis en relation constante avec les responsables qualité-sécurité-environnement (QSE) de plusieurs majors nationaux et régionaux. Ils ont souvent plein de projets en tête. Des entreprises nous sollicitent avec des demandes spécifiques, comme la Sarp avec le Toucan. » Dernier né de la collection, le Toucan est un instrument destiné à soulever tout type de plaques d’égout sans courber le dos.
Savoir-faire et faire savoir
Autre client de marque, Vinci Construction France avait noué un partenariat avec le constructeur en 2015. Le groupe souhaitait proposer une sélection de dix outils Nanovib à tous ses compagnons. « Le groupe avait à cœur de protéger le capital santé de ses collaborateurs en réduisant la pénibilité. C’était un bon vecteur de communication pour nous. »
Néanmoins, ces produits haute-gamme ne sont pas toujours bien reçus sur les chantiers. Yves Ginet observe une certaine résistance au changement, mais les mentalités tendent à évoluer. « Dans les grands groupes, les responsables QSE informent tous les collaborateurs. Dans les petites entreprises, il n’y a pas ces relais. Nous profitons des salons pour présenter nos produits. Nous avons aussi un partenariat avec la FFB et la CNATP* afin de faire connaître notre savoir-faire auprès des métiers de construction des travaux publics et du paysage. En parallèle, nous gardons un lien fort avec l’OPPBTP**. Ce qui nous encourage, ce sont les chiffes de la gamme Nanovib, ils progressent tous les ans. Malgré la crise sanitaire qui nous a paralysée durant les moins de mars et d’avril, nous avons réalisé une super année en 2020, en positif à la fois dans le secteur du jardin et celui de la construction. »
*: Chambre national des artisans des travaux publics et du paysage
**: Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics