Déjà bien implanté dans le milieu du sport, le Mips (Multi-directional Impact Protection System) a fait son apparition l'année passée dans les casques de chantier. Ce dispositif apporte un surcroît de protection contre les chocs latéraux.

La préoccupation croissante du BTP pour la sécurité débouche de nouveaux horizons dans le monde des équipements de protection individuelle (EPI). En avril 2022, Uvex Safety Group annonçait un accord avec la société suédoise Mips. Le géant allemand a depuis sorti trois casques de chantier dotés de systèmes éponymes de son partenaire.

Cette entente met en lumière une entreprise inconnue dans le secteur de la construction hexagonale. Mips travaille pourtant quelques 150 marques de casques, tout particulièrement dans les domaines du sport et de la moto. Elle compte Decathlon et Salomon parmi ses clients français.

Éviter les arrêts brutaux

L’histoire de Mips débute en 1995. Hans von Holst, neurochirurgien du Karolinska Institutet de Stockholm, observe que plusieurs de ses patients souffrent de lésions cérébrales alors même qu’ils portaient un casque lors de leur accident. Il décide d’étudier sur ce phénomène. Ses réflexions le poussent à se rapprocher du KSD Royal Insititute of Technology afin de mener des recherches plus approfondies sur la prévention des blessures à la tête et à la nuque.

Ces initiatives donnent naissance en 2001 à la première mouture du Multi-directional Impact Protection System (Mips). « À l’intérieur du crâne, le cerveau flotte dans du liquide céphalorachidien, explique Max Strandwitz, directeur général de Mips. Vous pouvez bouger sans problème, mais après un impact sur l’un côté du casque suivi d’un arrêt brutal peuvent provoquer des mouvements de rotation de la tête. Ce type de mouvement crée des tensions dans les tissus du cerveau. C’est un risque de blessure. La technologie Mips consiste en une fine couche de friction installée dans l’équipement. Elle est conçu pour permettre au casque glisser de 10 à 15 mm dans toutes les directions à la suite du choc, ce qui peut contribuer à éviter un arrêt brutal. »

Inertie du secteur

Le premier produit muni de ce procédé, un casque d’équitation, est sorti en 2007. Les équipes de Mips ont continué à perfectionner cette invention. L’entreprise possède aujourd’hui dix versions différentes, chacune avec ses applications.

Si son procédé s’est vite répandu chez les sportifs, le BTP n’a pas tout de suite manifesté son intérêt. « Par le passé, nos produits n'étaient pensés pour le secteur de la construction, indique Max Strandwitz. Nous entendions que les casques de chantier n’avaient pas changé depuis cinquante ans et qu’ils ne changeraient pas. On nous disait aussi que la majorité des impacts se produisait sur le centre du casque, comme lors de la chute d’une brique. »

Marge de progression

Cependant, en 2020, Mips entreprend de creuser le sujet. « Nous avons examiné les études portant sur les accidents de chantier. Les chutes d’objets représentent seulement 16 % des accidents. Et les chutes de personnes ou les chocs latéraux sont aussi des facteurs importants. Dans ces deux cas, les technologies Mips peuivent faire la différence. » Théories que les chercheurs de la société ont validées avec plusieurs tests dans son laboratoire.

Fort de ses résultats, Mips a convaincu dix fabricants d’intégrer sa création dans leurs équipements de BTP dont Uvex Safety Group. Selon Max Strandwitz, d’autres partenariats devraient être dévoilés dans les prochains mois. L’introduction de ce système vient démontrer que les casques de chantier peuvent encore être améliorés. « Le confort est une autre piste, conclut le directeur général. Un produit confortable reste sur la tête. Dans cette optique, le poids, la gestion de la chaleur et la jugulaire constituent de vrais défis pour les spécialistes des EPI. »

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