Le Syndicat des entreprises de déconstruction, dépollution et recyclage a présenté le 4 février une étude consacrée à l’empreinte carbone de la valorisation des déchets du bâtiment en France. Cette enquête conclut notamment que le remplacement d'un matériau extrait par un matériau recyclé évite toujours des émissions, même si des disparités existent.

Dans notre société gouvernée par les nombres, la simple réflexion née de l’observation ne convainc plus. Si une entité veut que ces idées soient entendues dans la sphère publique, elle doit fournir des chiffres. Le Syndicat des entreprises de déconstruction, dépollution et recyclage (Seddre) et ses adhérents se trouvent ainsi sommer de quantifier les bienfaits de leurs activités pour l’environnement. Le 4 février, l’association professionnelle a donné quelques solides arguments à la filière avec la publication d’une étude consacrée aux émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à la valorisation des déchets du bâtiment.

Financés dans le cadre du Programme de recherche et développement métier de la Fédération française du bâtiment, ces travaux ont été menés par le bureau d’études Crowe Sustainable Metrics entre septembre 2017 et janvier 2019. « L’objectif était de proposer des valeurs concrètes afin de trouver des leviers pour réduire l’empreinte carbone de ces activités », précise Élodie Rivière, ingénieur environnement du Seddre. Les chaînes de collecte et de recyclage de cinq types de rebuts ont été analysées afin d’estimer leurs dégagements : le béton, les déchets inertes en mélange, les déchets non-dangereux en mélange, le bois de catégorie B, le plâtre et les métaux.

Bénéfique pour l'atmosphère

Les résultats obtenus (voir le tableau ci-dessous) tendent à démontrer qu’en ce qui concerne le climat, la valorisation d’un déchet vaudra toujours mieux que le recours à un produit issu de l'extraction. Cependant, la quantité de rejets évités varie grandement d’une catégorie à l’autre. En particulier, le recyclage des déchets inertes en mélange n’épargne presque pas d’émissions. Un tri soigneux sur les chantiers s’avère donc crucial. De même, la valorisation du plâtre usagé engendre peu d'économies. « Les usines qui récupèrent ce composé sont peu nombreuses en France, explique Jean-Baptiste Cottenceau, directeur général de Crowe Sustainable Metrics. Les distances de transport sont donc conséquentes. »


Les facteurs d'émissions des principaux flux de déchets du bâtiment envoyés en valorisation. (source : SEDDRE)

Cet exemple met évidence l’importance de la logistique. Pour diminuer encore les GES, il faudra rapprocher les sources de déchets des plates-formes de traitement, ce qui impliquerait un meilleur maillage du territoire. Par ailleurs, tous les intermédiaires de la chaîne devront réfléchir aux moyens d’abaisser les dégagements de leurs engins. « Ces données nous interrogent quant à l’optimisation nos procédés », indique Raphaël Gas, directeur de Serfim Recyclage. « Nous nous posons maintenant la question de la dépose, ajoute Bruno Cahen, directeur d’Eiffage Démolition & Dépollution. C’est une méthode encore émergente mais qui pourrait venir compléter le recyclage. »

Un second volet financier ?

Tout intéressant qu’il soit, cet exercice a néanmoins ses limites. En prenant en compte uniquement les dégagements de GES, l’étude laisse de côté certains avantages du recyclage. « Par exemple, le stockage de déchets occupe de l’espace », remarque Raphaël Gas. Une comparaison des coûts entre la production fondée sur l'extraction et celle bâti sur le recyclage serait sans doute aussi nécessaire. « Une seconde étape consisterait à chiffrer les économies financières et les effets d’une éventuelle taxe carbone », conclue Jean-Baptiste Cottenceau.

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