Dans le cadre de son évènement sur la transition écologique, la FNTP a invité les principaux candidats à l’Élyséen à prendre position sur leur vision des infrastructures, leur politique en matière de transition écologique et les investissements nécessaires pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.

Comment les candidats à la présidentielle imaginent l’avenir de nos infrastructures


Plus de 6 000 personnes, dont 1 500 jeunes, ont ainsi participé au Forum TP organisé le 24 février dernier au Grand Palais Éphémère à Paris. Un évènement destiné à présenter une filière professionnelle innovante, pleinement engagée dans la transition écologique et mobilisée pour relever les défis de la décarbonation de nos activités. Au programme, conférences, ateliers, présentations thématiques et audition de politiques en lice pour l’élection présidentielle. Ni Yannick Jadot, « qui préfère aller manifester devant l’ambassade de Russie », dixit le président de la FNTP, ni Jean-Luc Mélanchon, ni Éric Zemmour, « qui n’a cessé de tergiverser », n’ont jugé bon de faire le déplacement.
 

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Deux candidates, Anne Hidalgo et Valérie Pécresse, se sont prêtées au jeu en se venant au Forum des TP, quand Marine Le Pen, qui a suspendu sa campagne dans l’attente d’avoir ses 500 signatures, préférait répondre depuis son bureau aux questions dans un entretien diffusé sur place. Excusé en raison de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a tenu à répondre aux questions que Bruno Cavagné, président de la FNTP a pu lui poser à l’Élysée sur la transition écologique. Un thème fédérateur qui appelle une réponse globale. « Nous ne pouvons pas, comme le dit Éric Zemmour, attendre que les autres agissent pour passer à l’action », indique Bruno Cavagné. « Si nous ne nous appuyons pas sur le levier que représentent les infrastructures et leurs usages, nous ne décarbonerons pas la moitié de l’empreinte de notre pays ».

Grand oral

L’objectif de cette audition est simple : préciser la conception de chacune et chacun du rôle de l’État en matière d’infrastructures et ainsi en dégager les différences fondamentales. À l’issue de ce grand oral, trois questions étaient posées, faisant office de profession de foi pour la filière des TP : La transition écologique est-elle un enjeu prioritaire pour vous ? Un plan d’investissement est-il nécessaire pour atteindre les objectifs de la transition écologique ? La place des infrastructures sera-t-elle majeure dans ce plan d’investissement. Trois engagements qui ont permis de mettre en évidence de réelles différences idéologiques en la matière. Si Anne Hidalgo et Valérie Précresse se retrouvent sur plusieurs enjeux, Marine Le Pen est incontestablement celle qui a les positions les plus tranchées, notamment en s’opposant à la décentralisation, en proposant de nationaliser les autoroutes mais aussi en chiffrant son programme

Régionalisation

Anne Hidalgo (PS) est déterminée à mener des « odyssées industrielles pour avoir un modèle économique différent, créateur de valeur mais moins impactant pour la planète. Pour y parvenir, elle avance un mix énergétique différent avec le recours massif aux énergies renouvelables qui s’accompagnera de l’énergie nucléaire « jusqu’à ce que l’on puisse s’en passer ». De fait, le parc est vieillissant et nécessite des investissements sans pour autant financer de nouveaux EPR. Le même pragmatisme est de mise pour les éoliennes pour lesquelles, même si les éoliennes « off shore » ont sa préférence, des consultations citoyennes à l’échelle locales seront organisées.

Partisane d’une transition écologique permettant d’atteindre l’objectif de zéro émission nette en 2050, elle appelle à une mobilisation du monde économique, syndical et citoyen. « Les cinq dernières années ont été en panne dans la construction de logements et ont été marquées par la difficulté de porter des plans d’investissements dans les infrastructures », dénonce Anne Hidalgo. « Il faut insuffler une impulsion nouvelle en liant la question des infrastructures à celle de l’aménagement du territoire et au rôle de la puissance publique, dont les collectivités locales ». Côté financement, la Maire de Paris est favorable à une réforme de la fiscalité locale « afin que les collectivités bénéficient de la richesse créée sur leur territoire à partir des investissements faits pour les infrastructures ». La décentralisation est de mise, y compris dans le domaine de l’ingénierie. « Les vrais ministres du bâtiment et de l’industrie sont les présidents de région », lance Hidalgo, avançant une enveloppe de 50 milliards d’euros pour le financement de ces projets.

Livret vert

Valérie Pécresse (LR) considère que les besoins iront en s’accroissant et qu’il faudra dépenser moins mais sans toucher à l’investissement. La présidente de la Région Ile-de-France p prévient : « il faudra à la fois produire plus, mais aussi beaucoup mieux et donc beaucoup plus sobrement, et donc, inventer une nouvelle croissance fondée sur notre capacité à innover ». Pour cela, elle prône les économies sur les budgets de fonctionnement, la bureaucratie ainsi que les doublons et mise sur la compétitivité des entreprises et se propose de les aider moyennant des engagements de leur part. « Vous devez faire moins cher en gagnant du temps et en baissant le coût total des investissements à venir », lance Valérie Pécresse. En contrepartie, la candidate avance une baisse de 10 milliards d’euros des impôts de production mais aussi des baisses de charges et une simplification des procédures «qui dans les travaux publics sont considérables ». Aussi, Valérie Pécresse, qui ne croit pas en la décroissance, promet un vrai choc de simplification en divisant par deux la durée de toutes les procédures.

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CDF

Autre mesure phare, la labellisation des projets d’intérêt départemental, régional et national afin de leur permettre de bénéficier d’un raccourcissement des délais de recours. Elle a ainsi appelé les acteurs économiques, et notamment des travaux publics à "inventer ensemble une nouvelle croissance, fondée sur notre capacité à innover". Partisane des grands projets et à la reprise des LGV, Valérie Pécresse veut moderniser la France, désenclaver les territoires et « bâtir la France capitale, où les territoires reprennent le pouvoir ». Pour elle, la territorialisation est d'ailleurs la clé d'une meilleure acceptation des projets, qui ne doivent pas venir d'en haut. "Nous avons des activistes dont la grande activité est de tout bloquer. Quand on veut une infrastructure, il faut réussir à convaincre la population, c'est aux élus locaux de le faire. Ce sont eux qui peuvent identifier les infrastructures nécessaires à leur territoire." Pour financer son ambition, Valérie Pécresse prévoit un grand plan d’infrastructures à base de grands projets et de rénovation du patrimoine existant. Si le montant n’est pas dévoilé, les modes de financement sont précis. Le fonds d’investissement dans les infrastructures s’appuierait sur un Livret Vert, qui aurait vocation à financer le grand plan d’infrastructure de transition écologique, de rénovation urbaine et qui serait abondé par la fusion du livret A et du livret développement durable, soit une enveloppe de près de 130 milliards d’euros. « Avec cette somme, nous commencerions à avoir quelque chose de sérieux pour financer les grands projets », déclare Valérie Pécresse. « Nous avons la possibilité de monter des partenariats publics privés et je n'ai aucun problème avec cela, d'autant plus que cela permet d'aller beaucoup plus vite et d'accélérer notamment dans la phase de construction des projets". Pour elle, les sociétés concessionnaires d'autoroutes pourraient aussi "participer à la construction des infrastructures du futur et de la route de demain, qui sera plus intelligente, connectée, solaire, productrice d'énergie, … ».

Nationalisation

Marine Le Pen (RN) La candidate du Rassemblement National se distingue à plus d’un titre, avec des positions tranchées. Opposée à la décentralisation, et aux éoliennes, elle fait de la question énergétique l’enjeu majeur de son programme, tant en dépend l’autonomie de la France et sa réindustrialisassions. Aussi Marine Le Pen veut prolonger la durée de vie des centrales nucléaire en service et miser sur les EPR. « Quatre milliards et demi de subventions sont allouées à l’éolien chaque année. Il faut arrêter cette folie », déclare tout de go la candidate, dénonçant une énergie « intermittente qui ruine les paysages ». esttime-t-ellle, prônant « une France de demain autonome en énergie avec des sources d’approvisionnement diversifiées ». Misant sur l’innovation et les progrès technologiques pour sortir des problématiques environnementales, elle entend favoriser les grands investissements moyennant 500 milliards d’euros destinés à l’aménagement du territoire. À ce titre, « la nationalisation des autoroutes doit permettre à l’État de retrouver la maîtrise de l’aménagement du territoire alors que les concessionnaires ne pensent qu’au profit ». Pour Marine Le Pen, « les Français ont été spoliés. Il faut mettre fin au pillage ». De même, elle entend réfléchir à la rentabilité des TGV et à la création d’un cercle vertueux pour le maintien des lignes ce qui permettra de réaménager les villes petites et moyennes.

Bilan-Programme

Emmanuel Macron Bien que toujours pas « officiellement » candidat à sa réélection, le Président de la République a rappelé sa vision pour émettre moins de CO2 pour atteindre l’objectif de neutralité à l’horizon 2050, bâtir la souveraineté de la nation dans le domaine énergétique et assurer le bien vivre en rééquilibrant les territoires et aménager l’espace. « Il y a cinq ans, la profession avait exprimé ses besoins de visibilité, d’engagements clairs et d’avancer sur les infrastructures de mobilité et numériques afin de répondre aux besoins des territoires », rappelle Emmanuel Macron. « Au terme de ce mandat, outre la série de réformes menées, nous nous sommes dotés d’une gouvernance qui a permis de gagner de la visibilité et avons, malgré les crises, maintenu les investissements. Nous nous sommes donné la possibilité d’investir directement 37,5 milliards d’euros précisément, au travers de la Loi d’Orientation des Mobilités, du Plan de relance et les investissements de la Société du Grand Paris. Cela a permis de dérouler une stratégie, de redonner de la visibilité et de pouvoir programmer un nouveau des travaux. Parmi les actions les plus marquantes, il faut citer la réforme menée dans le secteur ferroviaire, et la capacité d’investissement dégagée, pour moitié dans la régénération du réseau et pour moitié dans les nouveaux projets. Bilan des courses : 35 milliards d’euros de reprise de dette et 25 milliards de subventions de régénération, soit 60 milliards investis. Ce travail doit continuer. Les résultats sont là. En outre, 7 000 km de « petites » lignes ont été préservées. Grâce au plan de relance, les grands projets ont pu être relancés, avec les LGV Bordeaux Toulouse et Perpignan-Montpellier. L’effort de modernisation, qui permet d’investir, vaut également pour les routes. En lien avec les collectivités territoriales les travaux ont été programmés dans l’entretien routier comme dans d’autres infrastructures (ports, aéroports, réseaux d’eau). Une série de grands investissements a été déroulée pour donner de la visibilité et permettre de continuer d’avancer.

Infratructure digitale

La même approche a été conduite dans le domaine du numérique, avec le déploiement de l’internet à haut débit. « Tout cela c’est de l’investissement pour le pays, cela donne de la visibilité aux entrepreneurs et cela permet de moderniser la France et donc, de permettre du développement sur tous les territoires. Enfin, cela permet d’améliorer la qualité de vie, quand on parle de déplacement et de temps de parcours », souligne Emmanuel Macron. « Cela renforce aussi la souveraineté de nos entreprises évoluant dans les transports et le secteur de l’énergie ». Pour le président sortant, ce travail mérite d’être poursuivi dans le domaine des infrastructures de transport et de communication mais aussi dans les réseaux d’énergies et du digital. Au terme d’un mandat, les engagements ont été tenus et permettent d’envisager dérouler à nouveau un programme d’équipement dans le domaine des infrastructures. "On ne peut pas faire la transition écologique avec moins voire plus de croissance, car ce serait remettre en cause le modèle social français. On ne peut par revenir en arrière. Or ce modèle social n’est pas finançable avec un schéma de décroissance. Donc, ceux qui prétendent nous faire de la transition écologique par la croissance oublient tout simplement de dire que le contrepoint de tout cela est de devoir revenir sur le modèle social français Je pense à l’inverse, qui consiste à produire davantage, mais mieux, et par l’innovation, l’investissement et la capacité à repositionner notre modèle économique et nos usages à aller vers la neutralité carbone en 2050. Mais en aucun cas en renonçant à la création de valeur". Cette stratégie passe par plusieurs étapes, la première étant l’électrification. "Si l’on veut transférer tous les usages et réduire les émissions de carbone, il faut électrifier.

Innovation

Trois leviers sont à actionner : innover et adapter pour consommer moins, aller vers l’électrification et la substitution dans le domaine des transports et de continuer à réduire les émissions de CO2 dans nos productions mêmes, en fermant les centrales thermiques et en développant les moyens de production d’une électricité décarbonée, au travers des énergies renouvelables mais aussi le nucléaire. Là aussi, ce sera en même temps car on ne peut pas choisir tant la stratégie du tout renouvelable, comme l’a indiqué le rapport RTE, est impossible compte tenu de son caractère intermittent et de son coût. De même, la stratégie du tout nucléaire n’est pas envisageable compte tenu des délais. Il nous faut faire les deux. C’est comme cela qu’il faut procéder pour parvenir à décarbonner notre énergie. Ce sont des grands projets d’infrastructures qui vont occuper beaucoup de secteurs, avec un premier panier de 6 réacteurs nucléaires et une étude pour 8 supplémentaires. Ce sont aussi des projets d’éoliennes en mer, de solaire avec une concertation et une planification et donc un énorme travail de modernisation. En outre, il va falloir transformer nos usages et moderniser nos infrastructures classiques. La route décarbonée, la route intelligente sont aussi des innovations qui font que l’on va produire différemment les infrastructures sur lesquelles on va circuler et sur lesquelles on va réduire nos consommations. Tout cela commande de faire des choix ». Quant au financement, Emmanuel Macron avance la taxonomie dans le domaine des investissements dans le secteur de l’énergie. Beaucoup de ces projets sont rentables. Les financements seront privés à 100 %, publics pour donner de la visibilité ou encadrer quand ils ne sont pas encore dans les prix du marché et ont encore besoin de l’accompagnement du secteur public. Pour certains autres projets les financements peuvent locaux, nationaux voire européens. Pour Emmanuell Macron, l'innovation,ll'adaptation et la nécessité de d'aller vers l'électrification des usages impliquent de développer, avec le désormais célèbre "en même temps", les énergies renouvelables et le nucléaire. 

Comme les trois candidats qui se sont prêtés à l'exercie, comme le préisdent sortant est d'accord pour dire que l"a transition écologique "est très importante,qi'Il faut investir massivement pour tendre vers la neutralité carbone et que les infrastructures sont un élément important de la décarbonation".

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