
Didier Deschanel
« Nous allons travailler à baisser l’empreinte carbone de nos chantiers », Didier Deschanel, directeur délégué de Sogea Environnement
Depuis le 1er janvier dernier, Sogea Environnement regroupe toutes les entités spécialisées dans les travaux hydrauliques de Vinci Construction. Qu’est ce qui a motivé la création de cette nouvelle entité ?
Les métiers de l’hydraulique sont pratiqués depuis des années chez Vinci Construction. Les entités concernées étaient rattachées à différentes délégations régionales. Nous avons souhaité regrouper au sein d’une entité unique, nommée Sogea Environnement, l’ensemble des activités hydrauliques du réseau d’entreprises de proximité en France de Vinci Construction. Nous avons donc créé une délégation « métier », avec toutes les entités concernées au niveau du territoire métropolitain. En les regroupant sous un management commun, cela va permettre de mutualiser les savoir-faire et les bonnes pratiques, de travailler plus efficacement ensemble et de mieux partager les ressources humaines et matérielles. Cela va permettre aussi, nous en sommes convaincus, d’apporter un meilleur service à nos clients.
Comment s’organise la nouvelle entité ?
Sogea Environnement exerce des métiers de proximité qui commandent un maillage fin au plus près des territoires. Avec nos cinq directions régionales et nos 80 agences de proximité, nous travaillons au plus près de nos clients. Grâce à la nouvelle organisation, nous allons pouvoir leur apporter davantage de services ou les faire bénéficier des retours d’expériences des différentes régions. De même, dans le domaine de l’innovation, nous allons pouvoir la diffuser sur l’ensemble du territoire. L’expertise va dorénavant être partagée par tous.
Pourquoi avoir choisi de se référer à l’environnement plus qu’à l’eau ?
Le cœur de métier de Sogea Environnement sont les métiers de l’hydraulique. Nous disposons de toutes les expertises nécessaires pour intervenir tout au long du parcours de l’eau, en conception, construction, réhabilitation et maintenance. Depuis le prélèvement et le stockage de l’eau brute jusqu’au traitement des eaux usées et à son retour au milieu naturel, en passant par l’installation de canalisations pour la distribution de l’eau auprès des usagers. Mais notre champ d’intervention est plus large. Au-delà des métiers traditionnels de l’hydraulique, l’entreprise détient un large spectre de compétences.
Pouvez-vous nous citer les principales ?
Nous disposons de savoir-faire dans des domaines connexes à l’eau. J’en citerais deux : le micro-tunnelage et la rénovation sans tranchée. Nous voulons les développer. En revanche, nous ne voulons pas nous cantonner aux seuls métiers de l’hydraulique. Nous développons aussi des réseaux de chaleur et de froid ainsi que tous types de réseaux secs, y compris dans les domaines du gaz et de la fibre optique.
Quels sont vos objectifs à moyen terme ?
Nous n’avons pas vocation à nous positionner sur de la délégation de service public. Nous nous positionnons sur les marchés de travaux. Notre sujet, ce sont d’abord les travaux et, dans une moindre mesure, la conception chaque fois que cela est possible. Sur ce segment d’activité, nous voulons affirmer notre position de leader.
À l’aune du changement climatique, les enjeux liés à l’eau mobilisent les pouvoirs publics. Comment appréhendez-vous la question ?
Nous sommes dans des métiers dont on sait que les besoins iront croissants dans les années à venir. De même, des budgets importants vont être déployés pour rénover les réseaux d’eau potable existants. C’est la raison d’être de Sogea Environnement. L’organisation mise en place nous confère davantage de moyens à l’échelle nationale. Au regard de la part de marché que nous détenons aujourd’hui, le chiffre d’affaires va mécaniquement augmenter, considérant les investissements fléchés vers nos activités. Toutefois, nous ne ferons pas la course au chiffre d’affaires. Notre problématique sera d’abord de recruter, de former et de fidéliser les hommes et les femmes dont nous aurons besoin pour réaliser l’ensemble des travaux.
Le manque de personnel qualifié constitue-t-il un frein à votre développement ?
Les ressources humaines constituent un enjeu majeur pour l’entreprise. Cela est vrai pour l’ensemble des profils, depuis les canalisateurs jusqu’au patron d’agences. Sur ce point aussi, nous sommes convaincus que la nouvelle marque Sogea Environnement va nous donner davantage de visibilité sur le marché de l’emploi national.
Quelle est la contribution des matériels dans vos métiers ?
Nous parviendrons à résoudre les problématiques de nos clients grâce à des solutions innovantes. Cela signifie que nous ferons la différence grâce à la mise en œuvre de matériels innovants sur nos chantiers. Ces matériels novateurs sont au cœur de notre stratégie car ils permettent de proposer des solutions alternatives plus performantes.
Pouvez-vous illustrer votre propos ?
Dans le domaine de la rénovation des canalisations, je suis convaincu que demain, nous devons être en capacité de présenter des variantes sans tranchée, chaque fois qu’il ne sera pas nécessaire de procéder au remplacement de la canalisation existante dans son intégralité. En proposant comme alternative le chemisage, voire le micro-tunnelage en travaux neuf, nous pensons que nous apporterons une réponse aux besoins de nos clients dont les budgets seront contraints à l’avenir alors qu’ils auront de plus en plus de travaux à engager. C’est typiquement ces activités que nous comptons développer au sein de Sogea Environnement.
Ces solutions, qui existent depuis longtemps, peinent à percer. Pensez-vous qu’elles vont enfin s’imposer ?
Je suis convaincu que l’heure de ces techniques a sonné. Sogea Environnement va contribuer à les faire émerger plus facilement. Nous allons faire œuvre de pédagogie. Notre rôle est de convaincre nos clients, en leur démontrant que lorsqu’ils procèdent au chemisage d’une canalisation, ils n’ont pas un tuyau d’occasion mais qu’ils disposent d’une canalisation performante et durable, avec une durée de service équivalente à un tuyau neuf. En outre, en faisant du chemisage, les émissions de CO2 sont diminuées de plus de 90 % par rapport à une rénovation traditionnelle. C’est ce message que Sogea Environnement porte.
Comment expliquez-vous qu’elles soient bien plus diffusées chez nos voisins, en particulier en Allemagne et en Italie ?
Je pense que l’on peut avancer des freins culturels. Nous allons tout mettre en œuvre pour les lever, notamment à travers des actions de sensibilisation auprès de nos clients et de formation auprès de nos équipes. Dans cette logique, et en lien avec notre nouvelle appellation, nous comptons nous mobiliser sur le sujet des déblais de chantier. Sur le plan environnemental comme sur le plan économique, il y a un véritable enjeu à réutiliser autant que possible ces matériaux. Dans ce domaine aussi, nous avons un rôle de pédagogue pour expliquer qu’un matériau valorisé en place et traité pour être réutilisable peut être tout aussi performant qu’un matériau neuf. D’une manière générale, et conformément aux engagements de Vinci Construction, nous allons travailler à baisser l’empreinte carbone de nos chantiers. Celle-ci est principalement liée à notre parc matériel et à nos véhicules.
Sogea Environnement : chiffres clés
5 directions régionales
80 agences
3 500 collaborateurs au 1er janvier 2023
300 recrutements (prévision en 2023)
1 300 véhicules utilitaires légers
230 véhicules poids lourds
440 engins
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