
La plate-forme d'Étampes, dans l'Essone, compte parmi les sites Valormat de Colas.
Sous la pression des marchés et des pouvoirs publics, le secteur de la construction doit prouver qu’il se préoccupe de l’avenir de la planète. Non pas que les groupes de BTP et les industries qui les entourent aient attendu 2020 pour se soucier d’environnement, mais certaines de leurs actions restent peu connues hors de la filière. Il s’agit de trouver des techniques pour les mettre en avant.
Colas a par exemple pris le parti de créer deux marques, Valormat et Ecotri, qui symbolisent ses ambitions en matière de recyclage. Cette annonce, diffusée le 21 novembre, était en effet accompagnée d’un objectif. La filiale du groupe Bouygues produit aujourd’hui 7 millions de tonnes par an de granulats recyclés. Elle compte atteindre 10,5 millions de tonnes en 2026. « Nous devons montrer l’exemple et contribuer à l’évolution de nos métiers », souligne Bruno Huvelin, directeur matériaux France de Colas.
Des produits standardisés
Interrogé quant aux moyens d’aboutir à ce résultat, Cédric Pantel, président de Tersen, la filiale francilienne de Colas spécialisée dans la gestion des déchets de chantier, évoque bien sûr l’accroissement de la de la capacité de production. Il ajoute également la commercilaisation de matériaux dont les propriétés seraient bien définies. « Les donneurs d’ordres préconisent plus de composants issus du recyclage que par le passé, mais il reste des réticences, note-t-il. Des produits standardisés pourraient les rassurer. »
Cette stabilité dans l’offre compte parmi les axes de travail du projet Valormat. Les plates-formes de recyclage arborant cette marque respectent un nouveau cahier des charges interne. Celui-ci tourne autour de quatre thèmes : la réglementation, l’intégration environnementale, la qualité des matériaux reçus ou vendus et la traçabilité. Elles ont pour rôle d’accueillir des rebuts minéraux du chantier. Ces matériaux sont transformés en grave, incorporer dans du béton ou évacuer vers des installations de stockage de déchets inertes. Ecotri est l’équivalent pour les déchetteries du groupe. Outre les déchets inertes, elles peuvent réceptionner des composants plus complexes à traiter, tels que le bois, le PVC ou les pneus.
Achats variés
En matière d’équipements, un site Valormat doit posséder entre autres un pont-bascule, des cases pour les granulats, des installations de gestion des eaux ou des dispositifs de sécurité. Si le voisinage le nécessite, des écrans acoustiques ou des systèmes d’abattage des poussières peuvent aussi être posés. « Les investissements de mise à niveau sont variables selon les sites », indique Bruno Huvelin. Parmi les pratiques encouragées, le directeur cite le double fret et la numérisation des documents administratifs.
Aujourd’hui, Colas détient 560 plates-formes de recyclage en France. Pour le moment, 160 de ces points sont siglés Valormat et 12 Ecotri. Le groupe estime que son réseau pourrait à terme compter 400 antennes Valormat et 24 Ecotri. L’ouverture de nouvelles exploitations n’est pas exclue. « Les plates-formes en zone en urbaine sont au plus près des gisements de déchets. Elles limitent le transport. Avec quatre installations supplémentaires dans les départements limitrophes de Paris, notre maillage du territoire serait cohérent, observe Cédric Pantel. Cependant, notre rentabilité demeure faible. Nous avons besoin de l’accompagnement des pouvoirs publics pour obtenir du foncier. »
Jadis caché par les principales activités de Colas, le recyclage acquiert une identité propre avec ces deux nouvelles marques. Ce surcroît de visibilité pourrait faciliter d’éventuelles négociations avec les élus. D’autant plus si les mesures d’intégration au voisinage promises sont au rendez-vous.
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