Le constructeur a officiellement ouvert fin mars une nouvelle usine de nacelles tout-terrain à Candé, dans le Maine-et-Loire. Cet événement matérialise le vaste de plan d’investissement engagé par le groupe dans ses moyens de production.

Manitou... Ou comment élever ses ambitions

La cérémonie débuta sans le représentant du conseil régional des Pays de la Loire. Il finira par arriver avec dix minutes de retard. « Le GPS ne connaît pas encore cette adresse », s’excusa-t-il au micro. Il ne fut sans doute pas le seul à se tromper d’usine le 29 mars dernier. Manitou en possède désormais deux à Candé. Le représentant de la Région était invité à inaugurer la seconde avec les principaux cadres du constructeur. « Notre premier site des Fosses Rouges, en activité depuis les années 1990, était saturé, explique Jacqueline Himsworth, présidente du conseil d’administration de l’industriel. Nous devions trouver de la place pour nos nacelles. » Car le fabricant produit l’ensemble de ses systèmes d’élévation de personne dans ce village du Maine-et-Loire. « C’est la capitale mondiale de la nacelle, s’enthousiasme Michel Denis, président-directeur général de Manitou. Tous les produits du groupe sont assemblés ici et exportés dans le monde entier. »

Robots de transport

La nouvelle manufacture, dite du Petit Tesseau, accueille aujourd’hui la fabrication des engins tout-terrain de la marque. Les modèles industriels sortent toujours des Fosses Rouges. Bâtis sur un terrain de 80 000 m², les locaux flambant neufs affichent une surface de 18 000 m². Le projet représente un investissement total de 26 millions d’euros. La première pierre du chantier a été posée en octobre 2019. L’entreprise Legendre a livré le bâtiment en 2020. « La pandémie a ralenti les travaux », remarque Jacqueline Himsworth. Après une phase d’installation de la chaîne de production, les premières nacelles ont quitté les ateliers durant l’automne 2021. L’édifice est muni d’une grande quantité de lanterneaux en toiture qui transmettent la lumière naturelle. Il se distingue aussi par son nombre réduit de piliers. « Nous avons ainsi limité les pertes d’espace, remarque Michel Merceron, responsable du développement industriel pour les sites de Candé. En outre, aucun réseau ne chemine sur le sol. Tout est intégré dans des caniveaux techniques. »

Les outils mis à disposition des 80 salariés du Petit Tesseau sont à l’avenant. « Nous avons suivi un cahier des charges cohérent avec notre programme en matière de responsabilité sociétal des entreprises », indique Elisabeth Ausimour, présidente de la division produits de Manitou. Le hangar abrite des dispositifs de levage industriel. Les nacelles avancent automatiquement d’un poste à l’autre. Les techniciens utilisent des systèmes de serrage automatique. De petits robots autonomes leur apportent les pièces nécessaires depuis le magasin. Pour le moment, l’usine abrite une ligne de production, réservée aux nacelles de 16, 18 et 20 m. Elle peut contenir entre huit et dix machines à des stades d'assemblage variés. « Chaque engin nécessite environ une journée et demie de montage », précise Michel Merceron. Différents modèles peuvent se suivre dans la file sans contraintes, qu’ils fonctionnent au Diesel ou avec des batteries. « D’ici deux ans, nous proposerons des équivalents électriques pour l’ensemble de nos nacelles thermiques tout-terrain », rappelle Elisabeth Ausimour. Une seconde ligne, pour les modèles de 22, 26 et 28 m, devrait être mise en service d’ici la fin 2022.

Rêves américains

Avec ces infrastructures neuves, Manitou se donne les moyens de poursuivre sa croissance. Les nacelles restent un segment où le fabricant peut conquérir des parts de marché plus facilement que dans les chariots télescopiques. « Nous avons enregistré un chiffre d’affaires de 1,9 million d’euros en 2021, en hausse 20 % par rapport à 2020. Nous tablons sur une nouvelle augmentation de 20 % en 2022 », détaille Michel Denis. La firme n’en a d’ailleurs pas fini avec les travaux. Elle dévoile petit à petit les investissements liés à son plan de développement New Horizon 2025. En avril 2021, un communiqué annonçait 80 millions d’euros pour renforcer ses usines françaises. En février dernier, c’était une enveloppe de 70 millions d’euros qui était allouée à la modernisation de ses deux sites de production américains. Les États-Unis semblent devenus une priorité pour les dirigeants du groupe. Le pays revient régulièrement dans les discours et les conversations. Néanmoins, à l’image de tout le secteur, l’industriel voit son rythme de livraison ralenti par les événements internationaux. « Nous subissons des pénuries récurrentes de composants électroniques, observe le P-DG. Nous devons stocker certains produits terminés auxquels il manque juste une carte. En parallèle, la guerre en Ukraine entraîne une hausse des prix de l’énergie, de l’acier et de la logistique, mais il est encore trop tôt pour quantifier cette inflation. » Une chose est certaine, avec Le Petit Tesseau, Manitou est prêt à repartir à plein régime.

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