Dans la capitale, Sefi-Intrafor et Soletanche Bachy bâtissent les fondations d’un nouveau bassin de rétention accompagné de ses ouvrages de raccordement. Ce chantier a été le théâtre de deux premières sur le sol français : l’emploi d’une Hydrofraise électrique et la réalisation d’un essai de charge avec une cellule Osterberg.

Paris : le baptême de l’électricité

La boue ondule autour des câbles, signe qu’au fond du forage l’Hydrofraise grignote le sol. Pourtant, le moteur de la grue rouge n’émet qu’un grondement sourd, souvent masqué par le fracas des roues des rames qui circulent sur une ligne aérienne de métro. Les connaisseurs en concluront qu’il tourne au ralenti. Ils remarqueront aussi un conteneur blanc installé à l’arrière de l’engin. Il est raccordé par un câble à une armoire électrique. D’autres armoires, distantes chacune d’une trentaine de mètres forment un cercle dans cette parcelle du parc Marie Curie, située dans le 13e arrondissement de Paris. Tony Pereira, responsable des travaux spéciaux de Soletanche Bachy, confirme : le powerpack électrique de 600 kVA entraîne l’Hydrofraise. C’est la première fois que l’entreprise de fondations utilise cette invention maison en France. « À l’origine, cette technologie n’était pas prévue sur le chantier, précise-t-il. Nous l’avons proposé au groupement. Elle réduit le bruit et la consommation de gazole. En outre, le couple n’étant pas perturbé, les systèmes annexes nécessitent moins de maintenance. »
Le groupement en question, baptisé Impluvium (voir fiche technique), est chargé de construire un bassin de 50 000 m3 et le réseau nécessaire pour le raccorder à trois déversoirs à orage (DO) de la zone, Diderot, Buffon et Rapée. La capitale connaît deux semaines de précipitations intenses par an. Pendant ces épisodes, les déversoirs peuvent être saturés et relarguer le trop-plein dans la Seine. La municipalité, soucieuse d’améliorer la qualité de l’eau du fleuve, a donc lancé ce grand projet. Le chantier, démarré en décembre 2020, durera 40 mois, dont 14 mois de fondations spéciales confiés à Sefi-Intrafor et Soletanche Bachy.

Rive droite, rive gauche

Durant cette période, les deux entreprises doivent bâtir les enceintes de quatre ouvrages. Sur la rive droite de la Seine, dans le 12e arrondissement, le puits Tournaire (18 m de profondeur) relira les DO Diderot et Rapée à la canalisation d’évacuation qui débouchera dans le bassin. Sa structure sera réalisée par jet grouting. Le fond de fouille sera stabilisé par des injections effectuées en amont. Rive gauche, dans le 13e, le puits de chute à palier Valhubert (6,5 m de diamètre intérieur et 25 m de profondeur pour le radier) servira d’interface entre le DO Buffon et la même canalisation. Il sera constitué d’une paroi moulée avec des joints remordus de 45 m de profondeur.
Plat de résistance de l’opération, le bassin du square Marie Curie (50 m de diamètre intérieur et 35 m de profondeur pour le radier) est composé d’une paroi moulée de 23 panneaux de 1,2 m d’épaisseur. Ils s’enfoncent à 61,3 m sous le sol. La création de ces éléments, entre mi-février et fin juin 2021, a nécessité deux porteurs : l’un avec une benne à câble, l’autre équipé de l’Hydrofraise électrique. « Nous avons utilisé l’Hydrofraise sur les vingt premiers mètres qui étaient composés de calcaire grossier, explique Tony Pereira. Suivaient 35 m d’argile excavés à la benne. Puis nous terminions à l’Hydrofraise pour ancrer la paroi dans la craie. » Outre l’usage de l’électricité, des bâches acoustiques et anti-projection limitent aussi les nuisances. Les éventuels mouvements des bâtiments à proximité du site sont suivis en permanence.

Micropieux ou barrettes ?

Autre particularité, le radier du bassin devra supporter d’importantes contraintes à cause des variations rapides du volume d’eau. Le réservoir sera en effet vidangé en 24 heures « Par ailleurs, quand l’ouvrage est vide, il est trop léger pour supporter la pression de la nappe sans un soutien supplémentaire », ajoute le responsable. La feuille de route initiale prévoyait l’installation de 20 barrettes et 250 micropieux. Toutefois, les deux partenaires ont commandé pour la première fois dans l’Hexagone un essai de charge avec une cellule Osterberg en vue de dimensionner ces fondations en fonction du comportement réel du sol. Ce test a révélé que 12 barrettes supplémentaires pouvaient remplacer les micropieux. Ces 32 pièces descendront jusqu’à 80 m de profondeur.
Et le quatrième ouvrage ? Les compagnons attaquaient sa paroi moulée début juillet. Il s’agit d’un puits d’attaque accolé au bassin (six panneaux, 1 m d’épaisseur, 11 m de diamètre, 55 m de profondeur). Il accueillera le microtunnelier qui creusera les 625 m de canalisation entre le réservoir et les deux puits d’interface.

Fiche technique

En résumé

L’enjeu : construire un bassin de rétention videngeable en 24 h.

La contrainte : un radier qui doit supporter des contraintes importantes.

La solution : un essai de charge sur site pour dimensionner les fondations au plus juste.

Intervenants


Maître d’ouvrage : Ville de Paris, section d’assainissement Paris

Maîtres d’œuvre : Artelia, Prolog Ingénierie, BTP Consultants, Terrasol, Setec, Omega Alliance, Quartet

Entreprises : groupement Impluvium composé de Urbaine de Travaux (mandataire), Bessac, Sade travaux spéciaux, Sefi-Intrafor et Soletanche Bachy

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