
Le recours à ces matériels électriques a permis de réduire les émissions de CO2 et de NOx de plus de 70 % par rapport à un chantier équivalent réalisé avec des gammes classiques.
Comment Loxam et Colas réduisent l'impact environnemental du chantier
Le chantier, réalisé par les équipes de Colas, est typique d'un aménagement urbain d'aujourd'hui : pérenniser des aménagements cyclables provisoires. au cœur de la capitale. Pour cela, il devait répondre à des contraintes fortes en matière de nuisances sonores et d'émissions polluantes. Deux contraintes qui conditionnent l'acceptation par les riverains des travaux urbains. Conformément à sa démarche environnementale engagée depuis plusieurs années, Colas a profité de cette opération pour en faire une réalisation exemplaire dans le domaine de la maîtrise des impacts environnementaux. " Nous avons pris des engagements dans le domaine de la réduction des impacts de nos activités ainsi que de la protection de la santé de nos collaborateurs et des tiers, rappelle Rémi Kuchly, Directeur Général Territoire Île-de-France Normandie de Colas. Notre démarche RSE implique de réduire les émissions des matériels de chantier de 30 % d’ici à 2030". L'expérimentation conduite avec le loueur tend donc à démonter les bénéfices des matériels électriques tant pour les compagnons que pour les riverains et l'environnement. Elle est réalisée dans le cadre d'aménagements cyclables et d'espaces verts moyennant ma pose de 830 m linéaires de bordures et de 2,3 km de barrières, 400 t enrobés renouvelés, 650 t de terres de type comblement de carrières et mâchefer évacuées, 400 m3 de béton mis en place et 280 m2 de pavés posés, "La principale difficulté du chantier… est d’être furtif, de se faire oublier, d’apporter un minimum de désagrément à un quartier commerçant, rapporte Rémi Kuchly. Tout en veillant à conserver une activité et un rendement quasi équivalent à un chantier classique, nous voulions montrer à la Ville de Paris qu'il était possibilité de réaliser des chantiers en tout électrique permettant de réduire le bilan carbone des travaux tout en réduisant le bruit et la gêne auprès des riverains".
Matériels électriques
Pour répondre aux besoins de l'exploitant, Loxam a sélectionné une mini-pelle de 2,5 t, une petite chargeuse articulée sur pneus de 2,7 t, une plaque vibrante ainsi qu'une pilonneuse et une découpeuse portable, toutes électriques. Un groupe électrogène de 100kWa fonctionnant à l'hydrogène et une unité de stockage d'énergie destinés à alimenter ces matériels et la base vie complétaient la commande. Cette dernière a été préparée, en amont des travaux, avec l'identification des matériels les plus adaptés à la nature et au contexte des travaux, mais aussi des moyens nécessaires à leur recharge. Toujours en phase préparatoire, Loxam a veillé à la sensibilisation de l'ensemble du personnel présent sur le chantier et s'est occupé de la formation des opérateurs, ces prestations constituant un enjeu essentiel à la réussite de l'expérimentation. C'est également le loueur qui a géré les approvisionnements des matériels et de leur service pendant toute la durée du chantier et qui a accompagné les équipes sur le chantier. « Dès 2019, Loxam a commencé à structurer une offre de matériels à faibles émissions de C02, commercialisée sous le nom Loxgreen, rappelle Cédric Conrad, directeur du Développement Durable chez Loxam. Depuis, la gamme s’est significativement étoffée. Elle répond aux besoins d’engins de chantier bas carbone ». Une telle stratégie implique de dépasser le seul matériel pour s’intéresser à la fois à son écosystème d’une part, comme à l’organisation du chantier d’autre part. De fait, la décarbonation de la filière de la construction passe inéluctablement par des ruptures de technologies de moteurs mises en œuvre sur les chantiers. Aussi, et au-delà de proposer uniquement des matériels à motorisation électrique, hybride, hydrogène, sans oublier le thermique satisfaisant aux exigences de la norme Phase V, l’approche doit être holistique. « Passer du diesel à l’électrique peut paraître simple, mais en réalité, cela questionne l’usage du matériel, donc le process de travail sur site, mais aussi l’approvisionnement énergétique ainsi que la formation des compagnons commente Cédric Conrad. Il faut donc être en capacité de déployer une offre de service complète pour accompagner nos clients autour de ces nouvelles technologies ». La stratégie se veut pragmatique. L’offre a été concentrée au sein d’agences spécialisées (23 à date en France), implantées au plus près des grandes métropoles, Avec la loi sur les ZFE, ces dernières sont en première ligne dans la démarche de décarbonation. Ces agences sont à même de valoriser le matériel et les différentes prestations associées à une clientèle diversifiée. L’offre de formation et des services ayant trait à la logistique des différentes énergies a été l’objet d’un travail particulier. Idem pour le partage des retours d’expérience et le partage des bonnes pratiques. Le calcul du bilan carbone du chantier, qui est devenu un incontournable de l’offre Loxgreen, illustre, avec les démonstrateurs, parfaitement la valeur ajoutée des services associés.
Cas d’usage
Comme le relève Cédric Conrad, l’intérêt de l’offre telle qu’elle a été élaborée, réside dans les cas d’usage et la capacité de mesurer, au cas par cas, la valeur ajoutée de chaque chantier sur lesquels les matériels de la gamme Loxgreen sont opérationnels. « Assez paradoxalement, la première valeur ajoutée d’un tel chantier n’est pas le CO2 mais bien les enjeux de santé et de sécurité au sens large. L’absence de bruit et de particule prime sur la baisse des émissions sur site pour les utilisateurs. Pour les exploitants, le surcoût lié à ces nouvelles technologies ne peut pas être négligé. Il est important de pouvoir quantifier les gains indirects liés à ces chantiers, et notamment les gains énergétiques. Ils seront intégrés dans le coût global du chantier et permettront l’orienter l’offre auprès des donneurs d’ordre. C’est pourquoi, le calcul des émissions de gaz à effet de serre sur site doit être objectivé. « L’offre Loxgreen permet de proposer des variantes dans le cadre d’une réponse à un appel d’offres, en priorisant les objectifs et en proposant une alternative dont les avantages sont lisibles, souligne Cédric Conrad. Nous sommes convaincus qu’il faut tout mettre en œuvre pour simplifier la tâche du donneur d’ordre. De même pour le client final, l’accompagnement au changement est essentiel, tant au niveau de l’usage du matériel que de la technologie embarquée. De nouvelles procédures de prévention, en particulier en cas de déploiement d’hydrogène, doivent être mises en place sur le chantier ». La valorisation des solutions innovantes portées par l’offre Loxgreen doit être faite auprès de la maîtrise d’ouvrage comme auprès du client final. Pour ce dernier, il est important de parler voire reparler d’usage. Explications : les matériels à motorisations alternatives présentent des spécifications techniques différentes de celles d’un matériel « traditionnel ». Il est important de préconiser la meilleure typologie de machine en fonction du contexte de travail, des cadences attendues, des conditions de recharge à disposition,…. Le cas d’usage et le besoin énergétique vont en grande partie, déterminer le choix de la solution proposée par le loueur.
Retour d’expérience
Même si la courbe d’apprentissage est exponentielle sur les premières réalisations, la démarche est récente. Avec la multiplication des chantiers tests, le loueur est en mesure de dresser un premier retour d’expérience au jeune âge. Côté client, ils sont unanimement satisfaits : les matériels sont efficaces, agréables à utiliser et répondent parfaitement au besoin. Cependant l’accès à l’énergie, les conditions de rechargement et la disponibilité des technologies, en particulier pour les matériels de puissance intermédiaire, restent un sujet. « Le modèle économique reste le nerf de la guerre. Or, ces technologies sont très onéreuses et nous ne répercutons pas l’intégralité du surcoût à notre client, admet Cédric Conrad. La filière est appelée à se développer et donc à passer à des productions à grande échelle ce qui entraînera une baisse des prix unitaires. Si, en complément, l’on parvient à valoriser tous les avantages induits, pas toujours quantifiables -par exemple, l’acceptation des chantiers et la satisfaction des riverains-, il est évident que l’équation économique sera résolue ». Chez Loxam, il a été décidé de contribuer dans un premier temps à l’accélération de la filière en prenant une part du surcoût à sa charge. Le loueur capitalise sur les expériences qui sont menées. Cela permet de quantifier la valeur ajoutée par ses solutions et donc, à terme, de la valoriser auprès de ses clients. Ces derniers seront aussi en capacité de la promouvoir auprès des donneurs d’ordre. L’évolution de la réglementation, mais aussi et surtout, l’apparition d’incitations financières pour l’acquisition de ces matériels doivent contribuer à faire évoluer les choses. L’enjeu est d’importance. Le loueur, qui a défini sa trajectoire carbone à 2030, s’est engagé à diminuer de 30 % ses émissions indirectes (scope 3) de GES à cet horizon. Après la phase de structuration de l’offre, place à la phase de l’appropriation par les équipes, les clients ainsi que les maîtres d’ouvrage et les maîtres d œuvre. Pour Rémi Kuchly, "le matériel électrique réduit considérablement le bruit sur le chantier, le confort de travail pour les compagnons s'en trouve amélioré. Les tronçonneuses, plaques vibrantes et pilonneuse ont leur place sur le chantier, à condition d’avoir une alimentation de la base vie en adéquation avec la réduction de l’empreinte carbone. Il en est de même pour la mini pelle nécessaire pour la pose des bordures et le terrassement. En revanche, pour le travail avec un BRH, la technologie n’est pas assez avancée pour assurer la sérénité des compagnons en termes d’autonomie et de garder un rendement correct". Si chargeuse sur pneus fonctionne bien, son gabarit est trop petit pour avoir un rendement équivalent à une chargeuse classique sur un chantier de VRD. Si, dans le cadre de l'expérimentation réalisée à Grenoble, l'entreprise avait choisi un pack alimentation pour le chantier et la pelle de type Mécalac de l'agence Colas, les équipes de Paris ont opté pour des packs batterie en location pour finaliser les travaux. L’ensemble du matériel électrique a été rendu au terme d'un mois d'expérimentation.
Résultats quantifiés
Les objectifs de réduction des impacts environnementaux ont-ils été atteints ? Avec une baisse supérieure de 70 % des émissions de CO2 et de NOx, comparée à un mode opératoire classique, le bilan est inconcevablement positif. L'absence de bruit et de vibrations entraîne un niveau de confort de d'agrément de travail inédit sur un chantier urbain. La satisfaction des riverains est également à porter à l'actif du bilan dressé. Il en est de même pour le confort des utilisateurs, les conditions de travail étant sensiblement améliorées. Avantage induit, la réduction des risques de troubles musculos squelettiques et auditifs, est avérée. Enfin, l'expérimentation a permis de valider la faisabilité technique d'un chantier typique des aménagements urbains que les nouveaux enjeux de mobilité partagée exigent. Grâce à la mesure des résultats obtenus in situ et à l'analyse des retours des utilisateurs et exploitants, les deux partenaires ont pu évaluer la solution, valoriser ses avantages et identifier les voies d'amélioration. Le déploiement d'une telle solution reste conditionné l'évolution de son coût, qui reste beaucoup plus élevé. Le rôle des donneurs d'ordre est donc essentiel pour déployer à grande échelle.
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