Le 26 septembre, le Syndicat national du béton prêt à l’emploi a organisait un débat avec Gilles Le Gendre. A cette occasion, le député LREM s'est exprimé sur les revirements de l'Elysée et la taxation du gazole non routier.
(Photo ci-dessus : le projet de création d'un éco-organisme spécialisé dans le recyclage du béton inquiète les fournisseurs de matériaux. © CDF)
Gilles Le Gendre l’assure : le gouvernement a changé de méthode. Le député de Paris et président du groupe parlementaire de La République en marche à l’Assemblée national était invité le 26 septembre dernier à répondre aux questions du Syndicat national du béton prêt à l’emploi (SNBPE). Cependant, malgré une heure de discussion, la stratégie de l’Exécutif restera vague.
Les invités ont notamment interrogé de l’élu quant à l’influence des « Gilets Jaunes » sur le ralentissement des réformes économiques. « Dans quel état seraient notre économie, nos finances publiques et nos entreprises si nous n’avions pas mis fin à ce mouvement, a rétorqué Gilles Le Gendre. Au terme du quinquennat, nous devrions ramener la dette publique annuelle à 1,1 % du PIB. En outre, si nous parvenons à créer le calme social nécessaire à la transformation du pays, ce ne sera pas cher payé. »
Changer de logiciel
Néanmoins, ce fin orateur n’a pas hésité à troquer son rôle d’avocat pour celui du procureur. Selon lui, les patrons sont aussi responsables des hésitations de l’État. « Nous devons aussi vérifier l’efficacité de nos mesures. Aujourd’hui, les ordonnances de 2017 portant sur le Code du travail ne sont pas utilisées, a-t-il souligné. Notre logiciel politique a changé. Notre position des probusiness et elle restera. Il faudrait peut-être aussi changer votre logiciel. Il faut que vous assumiez un certain nombre de désastres passés, auxquelles s’ajoutent les défis écologique et numérique. »
Si la direction générale de l’Exécutif demeure floue, sa position sur le gazole non routier est claire. La réduction de TICPE* dont il bénéficiait va progressivement disparaître. « La finalité de cette mesure est écologique, et non la recherche de ressources. Nous l’avons négocié avec la profession. Son application sera étalée sur trois ans. »
Un éco-organisme contesté
À la fin de la rencontre, les fournisseurs de matériaux ont aussi pu rappeler leur opposition à la création d’un éco-organisme spécialisé dans le recyclage du béton. La filière ne voit pas l’intérêt d’ajouter un intermédiaire supplémentaire alors qu’elle atteint déjà un taux de réemploi de 80 % dans ce domaine. Pour ses responsables, un engagement auprès des pouvoirs publics suffirait. Le député n’avait pas connaissance de cette particularité du projet de loi sur l’Economie circulaire. Il a promis d’en parler avec Brune Poirson, secrétaire d'État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire chargé de ce texte.
Enfin, Gilles Le Gendre s’est montré prudent au sujet de l’introduction d’une taxe carbone. « Une taxe carbone acceptable, c’est un oxymore. Toutefois, les analyses économiques en sa faveur sont incontestables, ou tout du moins elles ne sont pas contestées. Nous devons définir le rythme auquel nous introduirons l’écologie dans notre appareil productif. Il faudra réintroduire une forme de fiscalité écologique, mais cela nécessitera sans doute un pacte général. »
M. D.
*: taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques