En Seine-Saint-Denis, Placoplatre a démarré en mars l’exploitation du site Bois-Gratuel, le nouveau gisement à ciel ouvert de la carrière du Pin-Villeparisis-Villevaudé. Le système de traitement des matériaux a été conçu pour écarter les pièces de métal laissées dans la roche par une activité passée. 

Installation de carrière Promeca et Techmi-Brunone : qui a peur des boulons ?


Un brouillard d’octobre cache les alentours de la trémie. Ses volutes poussent à la léthargie. À quoi bon bouger dans cette boule de coton. Un tombereau Cat 745 n’est pas de cet avis. De son museau jaune, la machine écarte les lourds rideaux grisâtres et déverse sa cargaison. Juste quand le journaliste a le dos tourné. Il est en train de photographier les longues colonnes minérales qui s’élèvent à quelques mètres de là, elles semblent soutenir le sol du bois qui entoure l’installation. Philippe Di Mascio, le directeur d’exploitation de la carrière du Pin-Villeparisis-Villevaudé pour le groupe Placoplatre, se montre compréhensif avec ce visiteur dissipé : « c’est rare de voir une carrière souterraine à l’air libre. »


Car l’extension de Bois-Gratuel, la dernière exploitation ouverte sur le site de Seine-Saint-Denis, reprend l’extraction d’un gisement de gypse abandonné depuis une vingtaine d’années. Néanmoins, Placoplatre opère à ciel ouvert alors que ses prédécesseurs œuvraient sous terre. La collecte actuelle met au jour les anciennes galeries. Aujourd’hui, les matériaux récoltés alimentent la platière de Veaujour, distante de quelques kilomètres, où l’entreprise produit entre autres des plaques de plâtre. L’usine en consomme entre 13 000 et 14 000 tonnes par jour.
 


La chasse aux métaux
 

Autorisée en 2017, la création de ce nouveau front a nécessité d’importants travaux. Un pont, inauguré en 2018, a été construit pour le relier au reste du site. Quelque huit millions de tonnes de déblais ont été extraites. Elles ont servi remblayer l’ancienne carrière, où l’activité a cessé l’été dernier. Le génie civil et le montage des installations ont été effectués entre septembre 2020 et mars 2021. Les machines ont ensuite démarré.


Lors de la conception du système de traitement, Placoplatre et Promeca, la société intégratrice, ont dû tenir compte d’un paramètre essentiel : les boulons qui tiennent la structure souterraine. Le broyage des matériaux doit s'opérer malgré la présence de ces pièces. Ces dernières doivent ensuite être retirées du gypse. Le concasseur est donc surdimensionné. Il peut en théorie fonctionner à 1 000 t/h, mais tourne en moyenne à 500 t/h. « Il possède également deux rangés de marteaux en delta, en vue de limiter le passage des boulons », précise Philippe Di Mascio. La trémie, d’une capacité de 80 t, lui fournit des blocs de 0/1 000. Elle a été équipée d’un brise-roche hydraulique peu après le démarrage de l’installation afin de casser rapidement les roches trop volumineuses. Après un broyage à 0/300, les roches passent sous deux séparateurs magnétiques qui retirent les métaux. Le dernier tapis avant le convoyeur est à double sens. Il peut alimenter la fabrique ou constituer un stock de matériaux sur place.
 


A dos de tapis
 


Le convoyeur constitue l’autre originalité de Bois-Gratuel. Il mesure 1 365 m avec une courbe de 450 m. Entrainé par quatre motoréducteurs de 75 kW, sa vitesse s’élève à 2,2 m/s. Sa constitution relève d’une technologie spécifique, baptisée Spartact, propriété l’entreprise Techmi-Brunone. La bande textile avec des jonctions à froid repose sur de simples cadres en métal, eux-mêmes posés sur des longrines. Un capotage arrête les poussières. Il empêche également que le gypse ne prenne l’humidité. À l’extrémité de la machine, les matériaux empruntent successivement deux autres convoyeurs déjà existants, le premier souterrain de 986 m et le second de 1 400 m qui débouche à l’usine. Leur trajet complet dure environ trente minutes. Placoplatre estime que ce dispositif transporte chaque jour autant de minéraux que 110 allers-retours de camion.
 

fiche technique - Installation de carrière Promeca et Techmi-Brunone

Capacité de la trémie : 80 t

Production du concasseur : 500 t/h

Granulométrie en sortie : 0/300

Longueur du convoyeur : 1 365 m

Vitesse du convoyeur : 2,2 m/s

Avantages

Un matériau propre sans intervention

Transport sans camion

La simplicité du tapis

Le convoyeur à double sens

Inconvénient

La trémie parfois obstruée

">