En charge des investissements, des projets, de la performance des sites, du minage et de la qualité, pour les 35 sites en exploitation, Jean-François Briatte bénéficie d’une vision globale du marché français. Décryptage.

Pouvez-vous nous préciser le parc opérationnel de matériels roulants chez Eqiom Granulats ?

Nous exploitons une flotte de plus de 100 matériels, constituée en majorité de chargeuses sur pneus. La majorité d’entre elles est dédiée aux chargements clients. Pour le front de taille, la chargeuse sur pneus et la pelle hydraulique se partagent les missions.

Quels sont vos critères d’achat ?

Nous nous inscrivons dans le cadre de la politique d’achat de notre maison mère, le groupe irlandais CRH. Au niveau mondial, le parc compte plus de mille engins. Chaque année, un appel d’offres est lancé. Les différents fournisseurs sont mis en concurrence sur la base d’un cahier des charges très exigeant défini par CRH. Parmi les critères de sélection, figurent les valeurs du groupe en matière de sécurité et de l’environnement. Nous sommes également sensibles aux enjeux de consommation de carburant et à la prévention des risques pour nos collaborateurs. L’appel d’offre spécifie les différents dispositifs à même de sécuriser l’usage des matériels sur nos carrières.

Avez-vous la possibilité d’adapter les matériels à l’échelle d’un pays ?

Le contrat groupe fixe les principes généraux, chaque filiale pouvant, à l’intérieur de ce cadre, personnaliser ses demandes. Cela peut se faire par famille de matériels, par type. Ainsi il nous est possible d’ajouter différentes fonctionnalités et équipements spécifiques aux standards France. C’est le cas, par exemple, de la prestation Entretien qui est confiée généralement au concessionnaire ou au distributeur de la marque en France.

Quels sont les avantages de cette approche ?

Le principal bénéfice est de faire appel à des spécialistes du SAV, qui connaissent parfaitement les matériels et disposent des pièces détachées nécessaires. Ils nous apportent à la fois la prestation d’entretien des matériels et le conseil. Ils assurent aussi l’accompagnement de nos opérateurs à la mise en service des machines et peuvent dispenser des formations sur l’éco-conduite. Pour les exploitants, cela permet de disposer d’un outil de production efficient. Nous recherchons évidemment la meilleure disponibilité possible de notre parc. Considérant la valeur élevée du parc matériel, il faut gérer cet actif de manière efficace. Cela suppose un entretien rigoureux, afin de prolonger au maximum la durée de vie des matériels.

Vous avez mentionné l’attention portée à la consommation. Quels sont les leviers d’action dont vous disposer pour la maîtriser ?

La consommation en particulier et les émissions en général, sont suivies de près. Nous agissons à différents niveaux. Nous équipons progressivement notre parc de système de télémétrie afin de connaître précisément comment est utilisé chaque machine. Cela permet, à partir de données fiables, de sensibiliser les opérateurs et les inciter à changer leurs habitudes pour ne pas gaspiller l’énergie. Nous cherchons également à utiliser des biocarburants, tels que l’Oleo 100, produits à partir de ressources renouvelables. Force est de constater que les constructeurs ne sont pas encore dans ce schéma, qu’ils contribuent à la décarbonation de nos activités. Les constructeurs de matériels sont en retard dans le domaine des bio-carburants. Nous rencontrons donc des problèmes pour déployer cette approche.

Quels sont vos autres leviers d’action ?

Le renouvellement du parc, compte tenu des écarts de consommation significatifs d’une génération à l’autre, participe de notre stratégie. Les progrès en matière d’efficacité énergétique, de confort et de sécurité apportés par les nouvelles générations de machines, incitent à avoir un parc récent. Les dernières générations de chargeuses permettent de gagner jusqu’à 20% en consommation (par exemple Liebherr avec sa génération XPower et Caterpillar avec sa génération MXE). Nous notons également avec intérêt des progrès annoncés chez d’autres constructeurs, avec des nouvelles générations de pelles de 50-60 t chez Volvo CE par exemple, qui permettraient d’économiser près de 20% avec des gains de productivité de l’ordre de 5%.

Ces progrès sont-ils à la hauteur des enjeux « courts termes » ?

Les progrès sont importants certes. Mais ils ne sont pas à l’échelle de la réduction drastique de l’empreinte carbone souhaitée. En travaillant sur l’optimisation du cycle de la carrière, du front de taille jusqu’à l’installation primaire, et en améliorant les opérations à chaque stade, l’efficacité énergétique du parc est améliorée. De même, la taille et le design des godets, le profil, la pression et l’état des pneumatiques concourent à l’amélioration des performances. Les opérateurs, sensibilisés à l’éco-conduite, sont formés aux nouvelles technologies embarquées. Pour leur sécurité, leur confort et leur agrément de travail, il est important qu’ils puissent utiliser au mieux ces matériels.

La contribution de vos fournisseurs de matériels vous satisfait-elle ?

Les constructeurs de matériels sont en retard dans le domaine des bio-carburants. Nous rencontrons donc des problèmes pour déployer cette alternative au gasoil. Ils arrêtent les garanties en cas d’utilisation de ces carburants. Parallèlement, nous travaillons avec eux pour améliorer le coût opérationnel de chaque engin. Nous veillons aussi à ce que les prises en main des nouvelles machines soient mieux faites. L’introduction croissante de nouvelles technologies embarquées demande d’informer et de former l’opérateur de manière plus formelle si l’on veut qu’il exploite au mieux son outil de travail au quotidien.

Quels sont vos perspectives d’investissement en 2022 ?

Nous prévoyons d’acquérir des chargeuses sur pneus et des pelles hydrauliques. Le cahier des charges formaté par le service achat évolue, en fonction du contexte et des priorités. Les critères environnementaux seront encore plus déterminants dans nos choix. A l’échelle de la France, nous renforcerons encore les critères liés à la sécurité. Considérant l’objectif de baisse de l’empreinte carbone fixée par le groupe CRH, nous attendons des constructeurs plus de volontarisme dans le domaine de la réduction de la consommation, de l’utilisation de bio-carburants et, pourquoi pas, d’autres technologies de motorisations.

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