Le portefeuille « produit » de la marque a-t-il vocation à s’étoffer ?

Oui. L’offre actuelle, bien qu’en expansion constante, n’est pas exhaustive. Nous travaillons à l’élargir sur le périmètre de Bobcat, c’est-à-dire le matériel compact. Nous sommes ouverts et ne nous fixons pas de limites. C’est la raison pour laquelle le catalogue produit n’est pas complet. Aussi, dans les prochaines années, nous allons lancer un certain nombre de nouveaux produits dans les gammes existantes mais aussi sur de nouvelles familles de matériels. Cela suppose de bien appréhender ce que l’on entend par matériels compacts. Dans notre industrie, cela couvre les machines dont le poids opérationnel s’étend de 1 à 8 t. Nous pensons qu’il faut sortir de cette définition, qui est réductrice et qui ne correspond plus à la réalité des matériels actuels. Nous voulons redéfinir le matériel « compact ».

Pouvez-vous être plus précis ?

Pour Bobcat, un matériel compact est avant tout un matériel dont ses clients ont besoin et qui représente pour eux la solution afin que le travail soit exécuté dans les meilleures conditions. Cela vaut pour une mini-pelle, une chargeuse pelleteuse, un chariot élévateur à déport de charge ou encore un chargeur compact. Dans tous les cas, il s’agit d’un matériel de bonne qualité, efficace d’un point de vue performance et sécurité, et associé à un prix compétitif.

Des pelles midi sur pneus ou sur chenilles sont-elles programmées ?

Notre maison mère, Doosan, commercialise déjà des gammes de pelles sur pneus et sur chenilles de 8,5 à 14 t. Nous pensons qu’il existe un potentiel pour Bobcat entre 8 et 10 t, en particulier dans le domaine des pelles sur pneus. C’est un produit qui rencontre un succès grandissant sur les principaux marchés d’Europe de l’ouest. C’est une opportunité pour Bobcat si l’on considère que de 800 kg à 8,5 t, la gamme est complète. Les prochains développements des pelles s’inscriront sur le segment supérieur.

L’intégration de la gamme « Portable Power » de Doosan en Bobcat ne serait-elle pas pertinente tant elle semble complémentaire à l’offre Bobcat ?

Sur le papier, changer la marque fait sens. C’est évident. Pour autant, la décision ne m’appartient pas. Doosan Portable Power est une division de Doosan Infracore, elle-même filiale de Doosan. C’est donc au sein de la holding en Corée du Sud que se trouve la réponse. À mon niveau, selon les différents marchés que la zone EMEA couvre, avec parfois la marque Doosan plus forte que Bobcat, je ne suis pas convaincu de l’opportunité de disposer d’une telle offre. 

Bobcat fait partie de marques ayant dévoilé des mini-pelles électriques. Quel est le retour d’expérience avec la première machine lancée en début d’année ?

Nous avons commercialisé un modèle de 1 t car chez Bobcat, nous aimons les défis. Nous avons donc choisi de démarrer avec la configuration la plus difficile, en conservant strictement la même plate-forme technique que la machine conventionnelle. Cette approche nous permet de passer à l’avenir à des modèles plus grands. Intégrer le moteur électrique et les batteries dans le châssis E10 existant sans modifier l’esthétique de la machine a constitué un réel tour de force mais nous y sommes parvenus. La demande dépasse largement nos prévisions. Nous devons gérer la production et veiller à bien sélectionner les applications. S’agissant d’une nouvelle technologie, nous voulons être sûrs que nos distributeurs et nos clients appréhendent bien le concept et la façon d’exploiter cette machine. Aussi, l’année 2020 ne signifie pas de mise immédiate et massive sur le marché de nouveaux modèles électriques. D’ores et déjà, dans le secteur de la démolition, les entreprises travaillant de nuit, les collectivités locales sont demandeuses. Pour autant, nous pensons que cela prendra quelques années avant que ces solutions soient de grande diffusion. C’est une évolution radicale de notre industrie à laquelle nous devons nous préparer et nous adapter. Les matériels de chantier avec des motorisations thermiques ne vont pas disparaître d’un seul coup. La transition sera progressive. Cela passera aussi par des évolutions réglementaires, non seulement dans le domaine des émissions de CO2 mais aussi en termes d’impacts sonores et de vibrations.

Sur les marchés matures, les ventes de chargeurs compacts reculent au profit des chargeuses sur pneus. Comment appréhendez-vous cette évolution ?

Les mini-pelles en général et les versions électriques en particulier sont un des principaux leviers de notre stratégie de développement. C’est naturel si l’on considère que c’est le matériel le plus diffusé dans notre industrie, devant les chariots élévateurs tout terrain à déport de charge et les chargeuses articulées. Concernant ces dernières, il est intéressant d’observer leur montée en puissance, en particulier en Europe. Cette progression se fait au détriment des chargeurs compacts pour des raisons de productivité, de confort et de sécurité. En tant que leader sur ce marché, avec plus de 50 % du marché mondial, nous ne pouvant  pas rester sans agir. Tôt ou tard, Bobcat va proposer une chargeuse articulée sur pneus.

Vous proposez des systèmes de radioguidage et venez de développer une application permettant d’opérer un chargeur compact depuis une tablette ou un smartphone. Est-ce un pas supplémentaire vers la mise au point de matériels autonomes ?

C’est une des solutions permettant d’éloigner les opérateurs du risque. Au-delà de la seule notion de risque, les applications visées peuvent être contraintes par des problèmes liés à l’environnement, à l’accessibilité ou à la visibilité sur chantier. Elles s’inscrivent résolument dans les voies de progrès que Bobcat entend proposer au marché et qui sont en lien avec les conditions d’exploitation des matériels compacts.

Est-ce un moyen d’ajouter de la valeur à un produit banalisé ?

C’est effectivement une opportunité à laquelle nous sommes attachés. Qu’il s’agisse de la radio commande ou de l’application permettant d’opérer son chargeur compact à distance, au moyen d’une tablette ou d’un smartphone, c’est une étape vers une conduite plus automatisée des matériels de chantier. Dans ce domaine également, il est clair que la demande dépasse nos prévisions. Nous continuerons donc à investir et à innover dans ce domaine qui préfigure, à plus long terme, l’autonomie complète.

Comment appréhendez-vous la montée en puissance de la location sur le continent Européen ?

Nous observons, particulièrement en Europe de l’ouest, une part croissante de la location dans les ventes de matériels compacts. Beaucoup d’exploitants cherchent à optimiser leurs actifs et recourent à différentes solutions locatives. C’est une tendance de fond qui offre de nombreuses opportunités de développement. Historiquement, Bobcat a toujours été bien positionnée chez les loueurs. Nous continuerons donc à développer les solutions financières à même de répondre à cette demande des exploitants qui recherchent de la flexibilité tout en sécurisant leurs dépenses.

Qu’est-ce que cela induit dans la définition du produit ?

Les loueurs veulent le meilleur ratio qualité/disponibilité/prix. Ils veulent également une bonne qualité de service, une valeur résiduelle élevée et, au final, le meilleur TCO. Nos développements s’inscrivent dans cette approche, sachant qu’en aucun cas, la qualité du produit Bobcat ne saurait être dégradée. La marque est premium et entend le rester.

En quoi cela impacte l’industriel ?

En termes de production, le défi réside dans notre capacité à livrer d’importantes quantités de matériels standardisés dans des délais très courts, les besoins de la location étant saisonniers. En outre, nous encourageons les loueurs à renouveler régulièrement leur parc afin qu’ils accèdent à de nouvelles technologies et optimisent ainsi leur retour sur investissement. Cette approche suppose en amont de s’organiser et d’être en capacité de leur proposer une solution qui s’inscrit dans une approche globale et qui dépasse la seule notion de prix.

Est-ce la preuve que la dimension financière a pris le dessus sur les enjeux techniques ?

Qu’il s’agisse d’un loueur ou d’un utilisateur final, tout le monde cherche, à son niveau, à optimiser son investissement. C’est vrai que les grands réseaux de location européens ont atteint une expertise en matière de financement de leurs investissements et de gestion de leur trésorerie. C’est également vrai que l’enjeu financier s’est intensifié au cours des dernières années. La puissance et la notoriété doivent être prises en considération. De ce point de vue, la marque Bobcat est unique. C’est un avantage que nous devons encore mieux valoriser.

Repères chiffrés

765 millions € CA 2018

17 206 unités production 2018

+ 20 % évolution en unités 2019*

5 000 formations délivrées (clients et concessionnaires)

*prévisions

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