Troisième acteur sur le marche français de la location de matériels, l'entreprise familiale, qui a enregistré une croissance soutenue au cours des derniers exercices, entend renouer au plus vite avec le développement de son enseigne. Tour d'horizon.

Quelle est la situation à ce jour ?
Chaque semaine qui passe nous rapproche un peu plus d’un retour à une situation normale. Quelques fonctions support n’ont pas encore été réintégrées au siège et nous avons toujours également recours au télétravail . A aujourd’hui, le réseau est 100% opérationnel, nos 42 agences implantées dans l’hexagone ayant rouvert. Les horaires resteront adaptés jusqu’à la fin du mois de mai, avec des fermetures légèrement plus tôt qu’habituellement.

Quel bilan 1er trimestre pouvez-vous dressez ?
Nous avions démarré l’année dans la continuité de 2019 clôturée sur un chiffre d’affaires historique de 100 millions d’euros, c’est-à-dire de manière très dynamique. Jusqu’à l’annonce du confinement, nous étions en forte progression d’activité. L’arrêt brutal, avec une très lourde perte du chiffre d’affaires au mois d’avril, même si nous avions gardé un filet d’activité -notamment pour assurer les contrats d’entretien sur les groupes électrogènes, les dépannages - et une capacité de livraison, va impacter l’activité au second trimestre. L’ensemble de notre panel clientèle a été touché. Toutes nos lignes de produits ont été affectées. Cependant, depuis le début du mois de mai, la reprise se précise semaines après semaines, partout en France, même si certaines régions, comme l’Ile-de-France, ont été plus longues à redémarrer.

Quelles sont vos prévisions pour le reste de l’année ?
Nous restons prudents. Cependant, force est de constater que depuis près d’un mois, de plus en plus d’entreprises de construction ont repris leur activité. Les chantiers sont à nouveau opérationnels. Le volume de location repart à la hausse. Cela nous permet d’anticiper un niveau d’activité proche de 80% de celui de l’année dernière, pour cause de fonctionnement en mode dégradé. Le niveau de référence étant très haut, dans l’état actuel des choses, le recul sera donc limité. De notre côté, le réseau aura récupéré 100% de ses capacités dès le mois de juin. A court terme, je suis donc plutôt optimiste. A plus long terme, la crise économique qui est en embuscade est plus préoccupante. L’année 2021 sera plus difficile, faute de nouveaux projets si l’activité économique ne repart pas.

Quelles ont été les principales mesures d’adaptation prises en interne ?
Notre priorité a été d’accompagner nos quelque 400 collaborateurs dans la mise en place du dispositif d’activité partielle pour certains, du télétravail pour d’autres. Nous nous sommes également adressés à nos partenaires financiers pour pouvoir sécuriser l’entreprise sur le plan financier et assurer ses besoins de trésorerie sur le long terme.

Avez-vous révisé votre politique d’investissements ?
Depuis plusieurs années, notre politique d’expansion, au travers d’ouvertures de nouvelles agences et acquisitions de matériels associés est portée par des investissements significatifs. Nous avons budgétisé une enveloppe de près 30 millions environ cette année encore.  Près de 90% des livraisons ayant été réceptionnées avant la crise, les commandes pour l’année 2020, très homogènes et bénéficiant à toutes les gammes, n’ont pas été suspendues. Nous procéderons à quelques adaptations pour les prochaines livraisons. Nous veillons à ne pas annuler nos engagements auprès de nos partenaires fabricants, comme nous veillons à régler nos fournisseurs dans les délais. Nous sommes attachés à l’écosystème dans lequel nous travaillons. Nous voulons être acteur de la reprise économique aux côtés de nos clients, fournisseurs et prestataires. C’est de rôle d’une entreprise citoyenne.

« Près de 90% des livraisons ayant été réceptionnées avant la crise, les commandes pour l’année 2020, n’ont pas été suspendues. »

En sera-t-il de même en 2021 ?
Probablement que pour l’année prochaine, nous révisions nos investissements en matériels nouveaux à la baisse et que, comme nous l’aurions fait pour une crise économique classique. Pour passer ces moments difficiles, nous sommes en capacité de réduire notre capacité d’investissement. Si adaptation des investissements pour le parc il y a, elle interviendra l’année prochain.

Allez-vous répercuter à vos clients le surcoût liés aux dispositions COVID-19 ?
Nous avons également investi dans les différents équipements requis pour assurer la sécurité sanitaire de nos collaborateurs et permettre l’exécution de toutes les opérations liées à une location de machine conformément aux principes de préconisation adoptés par la profession. Nos protocoles sont stricts, qu’il s’agisse de l’enlèvement ou d’un retour de matériel, de son nettoyage ou de son entretien. Les livraisons se font à présent sans contact. Nous avons également initié le télédépannage  via la vidéoconférence, qui est en plein déploiement. En outre, chaque collaborateur revenant au travail a bénéficié d’une formation spécifique sur les nouvelles procédures à respecter.  Tout cela a forcément en coût. Nous ne prévoyons pas de l’intégrer à court terme dans nos tarifs. Tout dépendra de la durée de la crise et si ces dispositions ont vocation à perdurer.

Quel retour d’expérience pouvez-vous dresser de cette période inédite ?
Toute crise est accélératrice de tendance. Nous avons accéléré dans la digitalisation de nos process. Le télétravail s’est fortement développé. Pendant toute la durée du confinement, nous avons continué de travailler avec le comité de direction et le CSE sur  l’ensemble de nos processus internes. Grâce à différents outils numériques, nous avons pu tenir informé l’ensemble de nos collaborateurs et préparer leur retour dans les meilleures conditions. La résilience de nos équipes a été impressionnante . Nous avons pu vérifier la force de la culture d’entreprise et constater que notre slogan « des salariés heureux font des clients enchantés » n’est pas un vain mot. C’est un acquis au moment où, après avoir quitté la phase d’urgence, nous nous lançons dans un marathon, dont on ne connaît pas encore la longueur. L’agilité de l’entreprise sera mise à l’épreuve.

«  La résilience de nos équipes a été impressionnante ».

Pensez-vous conquérir de nouveaux clients compte tenu des circonstances ?
La location permet aux entreprises de piloter au mieux leur besoins  en matériels par rapport à leur chantier. C’est encore plus vrai dans les crises. Dans la période actuelle, cette exigence d’adaptation est cruciale. Nous avons donc un rôle à jouer aux côtés de nos clients. En outre, par définition, la location est une réponse sur le long terme, aux enjeux écologiques et de développement durable, qui se sont imposés.

L’internationalisation et la croissance externe sont-elles des options envisageables ?
Ce n’est pas un projet de court terme. Nous aimerions évidemment nous développer à l’international mais à ce stade, nous sommes concentrés sur le marché français. Concernant une acquisition, nous avons toujours procédé par croissance organique. C’est notre culture. Je crois en l’adaptation de l’entreprise en interne à son environnement économique.  

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