À l'occasion de son 54e congrès, la Fédération des distributeurs, loueurs et réparateurs cherchait à répertorier les critères d'une entreprise capable de séduire les nouvelles générations. Pour ce faire, le syndicat a convié, les 21 et 22 mars à Nancy, des professionnels de différents horizons à partager leur expérience. (Photo ci-dessus : Bertrand Carret, président du DLR, lors de l'ouverture du congrès, le 21 mars dernier à Nancy. © CDF) Pour l’édition 2019 de son congrès, la Fédération des distributeurs, loueurs et réparateurs (DLR) avait choisi le slogan « Pro et fun ». Ce rassemblement, qui s’est tenu le 21 et le 22 mars à Nancy, était en grande partie consacré à la question de l’embauche en ce début de siècle. En introduction, Bertrand Carret, président de l’organisme, résumait le problème en ces termes : « Dans notre filière, un seul voyant est au rouge : le recrutement des talents. Nous travaillons dans un milieu innovant, entourés de machines nouvelles. Mais cet aspect “ pro ” ne suffit pas pour attirer des jeunes doués qui œuvrent dans d’autres domaines. Pour réussir dans cette tâche, il faudra que nous soyons un peu plus “ fun ”. » Si personne ne contestera le bien-fondé de cette observation, dessiner les contours de la société « fun » qui séduirait les moins de trente ans se révèle complexe. Durant ce rendez-vous lorrain, plusieurs intervenants, issus de différents secteurs, ont partagé quelques réflexions sur ce thème. Certes, la rencontre de ces points de vue n’a pas engendré de solution miraculeuse à cette difficulté, mais elle a mis en évidence un certain nombre de postulats que les entreprises contemporaines doivent prendre en compte.

Vitrines numériques

Le premier de ces principes porte sur la communication. Une firme ne doit pas se contenter d’être un lieu d’épanouissement, elle doit le faire savoir. « Ces talents chercheront sur les réseaux sociaux des informations sur votre entreprise. Quels projets pouvez-vous leur proposer ? Quelles réussites d’équipes pouvez-vous mettre en avant ? », a souligné Bertrand Carret. Il s’agit donc désormais de tirer du quotidien un récit intelligible pour l’extérieur. « Dans cette optique, nous privilégions les vidéos, car les “ millennials ” apprécient ce média, a expliqué Laurence Pottier-Caudron, présidente-directrice générale de Valoris Développement, la société propriétaire de Temporis, une franchise d'agences d'intérim. Le discours est meilleur s’il provient de vos salariés. Nous avons donc travaillé à la création d’une vitrine numérique. Nos équipes ont été formées à la communication sur les réseaux sociaux afin qu’elles puissent représenter le réseau. Dans le contexte actuel, il faut accepter de plus pouvoir tout contrôler. » Toutefois, s’engager dans cette narration n’est pas sans risques. Ses responsables devront veiller constamment à ne pas trop s’éloigner de la réalité. Dans le cas contraire, les nouveaux venus pourraient se sentir trahis. Une déception trop vive compromettrait leur avenir dans le groupe. Outre cette vigilance, la présentation de la structure aux postulants doit aussi faire l’objet d’une attention particulière pour éviter tout malentendu. « Durant un recrutement, le candidat participe à trois entretiens avec différentes branches de la société. Il peut ainsi vérifier toutes les informations concernant le poste », a indiqué Loïc Adrianssens, directeur commercial de l’entreprise Legallais, spécialisé dans la distribution de matériels pour les professionnels du bâtiment.

Le besoin d’agir

Au-delà de cette phase d’embauche, la jeune ressemble beaucoup aux autres, la patience en moins peut-être. Si son emploi ne lui convient pas, il n’attendra pas des années pour partir. Mais sa satisfaction dépend des mêmes facteurs que ses aînés. « Un travailleur heureux est quelqu’un qui peut agir, a remarqué Julia de Funès, philosophe. Être dans cette position suppose trois choses. En premier lieu, il doit avoir le droit de prendre des risques afin de développer une intelligence d’action. Ensuite, il ne doit jamais perdre de vue la finalité de ses tâches. C’est d’autant plus compliqué aujourd’hui, car les métiers se technicisent et que la technique n’est pas une fin en soi. L’individu s’en trouve déshumaniser. En outre, il s’ennuie. Enfin, on doit lui faire confiance. La confiance, qui implique un rapport de croyance et non de connaissance, est contraire à l’univers contractuel de l’entreprise. Toutefois, elle est le signe pour l’humain de son autonomie. » Bref, la notion de « fun » ne se réduit pas à l'installation d'un baby-foot en salle de réunion. M. D.