
Comment vos adhérents ont-ils traversé l’année dernière ?
Nous avions anticipé un ralentissement du marché, en particulier dans le domaine des équipements pour le BTP. Si les deux premiers mois sont restés actifs, le premier confinement a fortement pénalisé tous les fournisseurs de matériels de chantier. L’impact est différent selon les gammes considérées. Globalement, les ventes s’inscrivent en retrait de l’ordre de 20%, en volume. Dans le domaine des matériels de terrassement, le repli est de l’ordre de -10 à -15%. Il est plus marqué dans le domaine de l’élévation de personne et de la manutention tout terrain, avec une contraction estimée à 25%. Les loueurs, qui sont toujours très réactifs à l’évolution de la conjoncture, avaient déjà allégé leurs investissements dans la perspective d’un ralentissement du marché en 2020. Dès le premier confinement, ils ont pris leurs dispositions face à la dégradation de la situation.
Quel bilan pouvez-vous dresser pour 2020 ?
Il est important de rappeler qu’à la fin de l’année 2019, les niveaux de marché étaient particulièrement hauts, supérieurs pour certaines gammes, à ceux enregistrés en 2006/2007. D’autre part, depuis la précédente crise, les industriels sont très vigilants à la bonne adéquation de la production et de la prise de commande. Les stocks restent d’autant plus bas, qu’il y a eu très peu d’annulations de commandes. La plupart des fournisseurs ont eu à gérer des reports de commandes ou des gels de livraisons. L’outil de production a démontré sa capacité d’adaptation.
Le fluidique est-il épargné ? Toutes les activités liées au cycle de l’eau, considérées comme essentielles, ont été épargnées. Seule, la robinetterie industrielle, plus exposée au marché du pétrole et du gaz, enregistre une baisse.
Quelles sont les principales conséquences de la crise ?
Evolis est une organisation professionnelle constituée, pour l’essentiel, de PME performantes dans leurs domaines et tournées vers l’export. Leur productivité est impactée par la mise en œuvre des protocoles de sécurité sanitaire, et en particulier, la distanciation physique. A la marge, certains ont pu être exposés à des pénuries de composants ou de sous-ensembles en provenance de Chine ou d’Italie du nord. Leurs coûts de production progressent, tirés par une main d’œuvre toujours plus chère et l’augmentation du prix des matières premières, aux premiers rangs desquels figurent l’acier et le cuivre.
Quelles sont vos prévisions d’activité pour 2021 ?
Le recul observé en 2020, efface les deux dernières années de croissance et ramène les ventes en volume au niveau des années 2017/2018, ce qui signifie que le marché reste à un niveau globalement élevé. Le rebond sera gradué. Sur la base d’un PIB en croissance de 6% en 2021, nous estimons que les ventes de matériels pour le BTP progresseront de 3 à 5%. La situation sanitaire reste compliquée. Sans amélioration notable, ni visibilité, les conditions d’un retour à la confiance ne sont pas réunies. La demande de biens d’équipements restera atone. Nos adhérents s’attendent à une première partie de l’année difficile dans le domaine des biens d’équipement pour le BTP. Le retard constaté dans la prise des décisions au niveau de la commande publique freine les effets du plan de relance. Il va donc falloir attendre que les carnets de commandes se regarnissent, pour que les entreprises renouent avec les investissements. Une reprise rapide de l’activité est indispensable pour le maintien de l’outil de production de nos adhérents.
« Nous estimons que les ventes de matériels pour le BTP progresseront de 3 à 5% »
Le Brexit est désormais effectif. Quelles sont les conséquences pour vos adhérents ?
La sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne est un vrai sujet. La Grande-Bretagne est l’un des trois principaux marchés européens. Pour nos adhérents, c’est donc un débouché important qui devient plus difficile d’accès. Il est trop tôt pour évaluer le manque à gagner pour nos adhérents, mais il est acquis que les volumes d’échanges commerciaux avec le Royaume-Uni vont baisser. Il est encore un peu tôt pour connaître l’ensemble des conséquences (réglementation, droits de douane, TVA, marquage UK, level playing field…)
La situation n’est pas meilleure avec les États-Unis, avec une surtaxe de 25% applicables aux importations de certains biens d’équipement en provenance d’Europe… dont des matériels de terrassement.
La nouvelle administration américaine devrait être plus ouverte aux négociations. Pour autant, rien ne changera au premier semestre. Cela signifie que la balance commerciale avec les Etats-Unis va se dégrader durant les prochains mois.
Les mesures d’accompagnement des entreprises sont-elles efficaces ?
Les dispositions contenues dans les plans continuité de l’activité, de prêts garantis par l’Etat et de relance vont dans le bon sens, même si elles restent complexes à décrypter dans le domaine de l’éligibilité et de la mise en œuvre pour les petites et moyennes entreprises. La baisse des impôts de production, qui était demandée depuis longtemps, est également bien reçue. Elle permet d’améliorer la compétitivité de nos adhérents sur le marché international.
« La baisse des impôts de production, qui était demandée depuis longtemps, est également bien reçue. »
La relation avec les adhérents a-t-elle évolué durant la période ?
Toute l’équipe est restée opérationnelle tout au long de l’année. La situation inédite que nous avons tous traversée a mis en évidence le besoin d’informations exprimé par les adhérents et la nécessité de communiquer davantage sur les travaux que nous réalisons chez Evolis, tant dans le domaine de l’analyse de la conjoncture et des marchés, que de l’évolution du contexte réglementaire et normatif ou de la transformation des métiers.
Quelles sont les projets engagés cette année ?
2021 s’annonce chargée, avec la révision de la directive Machine. La transition énergétique va aussi nous mobiliser. Nous avons créé un groupe de travail dédié à l’électromobilité, pour travailler sur les questions réglementaires, de certification mais aussi de recyclabilité. Ce groupe, a vocation à intégrer la cellule sur les batteries lithium-ion et à collaborer avec la filière hydrogène. Avec les syndicats professionnels Axema, Seimat et Simotherm, Evolis compte s’intéresser aux bio-carburants et aux alternatives au gasoil. Nous finalisons également un guide sur les matériels d’élévation de personne d’occasion, qui devrait être le prélude à un argus. Enfin, nous travaillons à la mise en place d’un outil statistique pour la robinetterie industrielle après la mise en place en 2020 d’une statistique sur les pompes.
« Nous finalisons un guide sur les matériels d’élévation de personne d’occasion »
Evolis est partie prenante dans l’organisation d’Intermat, dont l’édition 2021 a été annulée. Quel avenir pour le salon international ?
Avec le Seimat, la commission Communication doit réfléchir à une formule renouvelée d’Intermat
Repères chiffrés
14 Mds : production 2020
15% : évolution 2020/2019
+5% évolution 2021/2020 (prévision).
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