À l'occasion du 16 congrès de l'Association française des tunnels et des espaces souterrains (Aftes), qui s'est tenu du 6 au 8 septembre à Paris, son président nous expose toutes les promesses d'une filière toujours en mouvement.

Quel bilan pouvez-vous dresser de l’édition 2021 de votre congrès ?

Ce 16e congrès est incontestablement un succès. Grâce à la venue des Européens, la dimension internationale a été maintenue. La marque de fabrique de l’Aftes* réside dans la capacité à associer un congrès scientifique international, une exposition conviviale et des visites de chantier. Nous ne pouvions pas nous limiter à un colloque scientifique en ligne. Exposants comme congressistes ont eu plaisir à se retrouver pour échanger et partager leur expérience.

Comment se porte le secteur ?

La filière s’inscrit dans une dynamique malgré le contexte sanitaire. Cela est vrai en France comme à l’international. Les projets se multiplient partout dans le monde. À l’horizon 2030, les chantiers à venir confirment que les travaux souterrains sont porteurs d’avenir. Je ne citerai que le Lyon-Turin, la troisième ligne de métro de Toulouse, le projet Cigeo et bien sûr la poursuite la seconde phase du Grand Paris Express. Tous nécessitent des solutions innovantes, tant au niveau des méthodes constructives que des matériels. Ailleurs dans le monde, le projet de tunnel de presque 20 m de diamètre permettant de franchir le Saint-Laurent entre Québec et Levis montre que les limites sont sans cesse repoussées.

Le Grand Paris Express constitue un terrain d’innovation sans équivalent. Que peut-on en tirer en matière d’avancée technique ?

Le champ des innovations est large, avec des ouvrages exceptionnels dans leur taille ou leur complexité. Les ingénieries et les entreprises ont été mises au défi pour mener à bien ces chantiers. La fabrication de voussoirs avec des bétons fibrés est une première à une telle échelle. Dans le domaine des matériels, la première mise en œuvre d’un tunnelier vertical a eu lieu à Malakoff (92). La transformation numérique avance. Le pilotage des tunneliers progresse grâce à l’automatisation des process, la robotisation et l’intelligence artificielle. Avec l’apport du numérique dans toutes les composantes du métier, la dimension technologique s’affirme.

Les entreprises françaises sont-elles toujours à la pointe de la technique ?

C’est ce que l’on constate à l’échelle internationale. Nos entreprises sont innovantes. Elles portent cela dans leurs gènes et savent trouver des solutions aux chantiers les plus compliqués à réaliser. Elles challengent aussi les fabricants de matériel pour faire évoluer leurs offres.

L’espace souterrain est-il en phase avec la transformation environnementale ?

Le souterrain, par définition, permet de limiter l’impact environnemental des infrastructures. Les travaux souterrains préservent le paysage et l’environnement et apportent des solutions fonctionnelles très intéressantes. C’est pourquoi il faut mieux organiser, mieux planifier le sous-sol. Plus la ville est dense, plus l’urbanisation avance, plus il faut veiller à optimiser l’utilisation de l’espace souterrain. La question des matériaux excavés constitue un réel enjeu tant leur caractérisation, leur gestion et leur valorisation dans la construction conditionnent la faisabilité d’un projet. Le rôle des matériels doit être précisé si l’on veut réduire l’impact carbone des chantiers. Il faut aller plus loin et travailler pour mieux identifier tout ce qui est mis en œuvre pour lutter contre le changement climatique.

Quels sont les freins actuels dans la profession ?

La ressource humaine est problématique au sein des entreprises de travaux comme chez les fabricants de matériels. Des efforts de formation ont été réalisés. L’enjeu est essentiel. Le problème est d’autant plus sensible que l’activité est soutenue et que les besoins tendent vers des profils de plus en plus qualifiés.

*Association française des tunnels et des espaces souterrains

Aftes : repères chiffrés 2020

1 045 adhérents

10 000 à 15 000 emplois directs dans les chantiers de travaux souterrains en France

1,8 milliard d’euros : chiffre d’affaires des travaux souterrains en 2019 en France

125 milliards d’euros  : chiffre d’affaires des travaux souterrains dans le monde (dont 80 % en Asie)

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