Durant la Bauma fin octobre, les fabricants de moteur ont voulu prouver qu'ils pouvaient changer. Les systèmes au gazole ont dû laisser le devant de la scène aux batteries et aux autres carburants.

À la Bauma, les constructeurs d’engins de chantier sont restés sages. Les allées extérieures du salon munichois, qui s’est déroulé du 24 au 30 octobre dernier, n’ont pas provoqué la surprise. Les fabricants semblaient suivre leurs plans à lettre. En revanche, dans le hall des motoristes, les signes d’un changement d’ère étaient plus perceptibles. Dans certains stands, les systèmes Diesel étaient relégués au second plan par les dispositifs alternatifs. Depuis quelques mois, les industriels cherchent à proposer des systèmes électriques complets. Dans cette optique, John Deere Power Systems et Yanmar ont pris des participations majoritaires dans des entreprises spécialisées dans les batteries.

La marque au cerf a racheté en décembre 2021 la société autrichienne Kreisel Electric. Le manufacturier a annoncé son intention d’investir dans deux sites d’assemblage d’accumulateurs, l’un dans sa principale usine européenne à Saran près d’Orléans, l’autre aux États-Unis. De son côté, Yanmar a fait l’acquisition de l’entreprise Eleo Technologies. La firme japonaise a particulièrement mis en avant son groupe motopropulseur électrique durant la foire. « Nous sommes désormais en mesure de fournir tous les composants, du moteur à la batterie », a indiqué Carlo Giudici, directeur industriel EMEA de Yanmar Europe.

Filiale d’un groupe à la pointe dans ce domaine, Volvo Penta a présenté en Bavière un module d’accumulateurs cubique. Il vient en complément de l’habituelle forme en pavé droit, aussi appelé flat pack. « Cette nouvelle configuration apporte un supplément de flexibilité à nos clients, a expliqué Eduardo Araujo, responsable des produits d’électromobilité de Volvo Penta, à Chantiers de France. Par ailleurs, la dernière version de nos batteries, sortie en 2021, affiche une densité énergétique supérieure de 40 % par rapport à la précédente. » Entre autres projets d’investissement dans ce secteur, Volvo Group a entamé cette année des procédures pour bâtir une usine de cellules en Suède.

Régime à l'huile

D’autres motoristes ont choisi des orientations plus prudentes. Kohler Engines exposait sa gamme hybride K-HEM, avant d’aller peut-être plus loin d’ici 2025. Le fabricant a également signalé que ces produits étaient désormais tous compatibles avec l’huile végétale hydrotraité (hydrotreated vegetable oil ou HVO en anglais). Chez John Deere Power Systems, l’HVO est aussi devenu un carburant de référence. Par ailleurs, le fabricant a pris une participation au sein de Clearflame Engine Technologies, une jeune entreprise américaine qui planche sur un dispositif d’allumage par compression à haute température. Celui-ci pourrait améliorer les rendements de combustion de l’éthanol ou du méthanol. Dernier remplaçant potentiel du Diesel, l’hydrogène était plus discret à la Bauma. Volvo Penta a dévoilé un moteur à combustion mixte hydrogène et Diesel, conçu en partenariat avec CMB.Tech. Selon l’industriel, mélanger ce gaz aux hydrocarbures peut réduire de 80 % les émissions de CO2. Le composant devrait être testé chez des clients en 2023. Kohler planche aussi sur un moteur à combustion hydrogène sur le modèle du KDI 2504, sans toutefois livrer une date de commercialisation.

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