À l'image de ses confrères qui ont fait de l'Europre une priorité ; Sany accélère son développement sur le Vieux Continent. Un outil industriel opérationnel, un réseau de distribution densifié et un portefeuille produits étoffé constituent les trois pivots de cette approche. Éclairage. 

Comment qualifieriez-vous le contexte économique actuel ?

Les crises ne s’arrêtent jamais. Nous devons apprendre à vivre et à développer nos sociétés en ayant conscience de cela. En outre, ces périodes sont toujours synonymes d’opportunités. A partir de là, l’avenir de nos sociétés dépend de l’énergie que l’on met à s’adapter à cette réalité. Quoi qu’il en soit, Sany poursuivra sa croissance. Ma responsabilité est de faire croître de 15% le groupe, indépendamment de la conjoncture. Cela passe par une stratégie d’expansion géographique, de densification du réseau de distribution et d’une implémentation de l’offre.Nous anticipons une croissance de l’ordre de 15% en 2023. L’Europe et la France en particulier participeront à cette progression. L’élargissement de notre distribution et l’implémentation de nouveaux produits y contribueront également.

Quels sont les marchés les plus porteurs pour la marque ?

Traditionnellement, le marché domestique représente encore 75% de notre activité. Cette année marque une inflexion. Compte tenu d’un certain ralentissement de la demande en Chine et de l’essor des ventes à l’international, l’export sera prédominant cette année. L’année 2022 devrait donc être l’année pivot pour le groupe et la prédominance du l’international. Cela s’accompagne d’un élargissement de portefeuille produits. Déjà, nous l’avons élargi au chargeuses sur pneus et aux chariots tout terrain à déport de charge.

Quelle est votre vision du marché européen ?

Nous voulons accroître la production locale et renforcer la capacité de R&D de notre centre européen. L’usine et le centre de développement Produit, qui s’intéresse à différentes lignes de production, sont implantés en Allemagne. Nous poursuivons l’expansion de notre réseau de distribution que nous accompagnons, notamment, avec des programmes de formation. Parallèlement, nous nous mettons en place un centre logistique en Hollande qui a vocation à approvisionner l’ensemble du marché européen en machines et en pièces de rechange en provenance de Chine.

Où se situe le marché français selon vous ?

C’ est inconstablement un marché technique. C’est aussi un marché très concurrentiel, mais quel marché ne l’est pas ? Il n’est pas plus difficile que ne l’est le marché chinois pour Sany. Nous observons une réelle inquiétude des exploitants sur la capacité de leurs fournisseurs à répondre au défi des décarbonation de leurs activités. Le recours à des motorisations est une réponse à cette problématique. C’est pourquoi elle fait partie des sujets que nous traitons à l’échelle du groupe. Nous mobilisons beaucoup de moyens pour développer des solutions fiables et durables à nos clients français.

Quand la production « européenne » sera-t-elle effective ?

Avec la crise sanitaire d’une part et les difficultés d’approvisionnement, d'autrre part, le projet a pris du retard. Le démarrage de la production des matériels de chantiers en Allemagne est programmé courant 2023..

Quels sont les process industriels mis en oeuvre ?

L’usine de Bedburg  se doit de répondre aux standards européens. Les usines chinoises de Sany répondent à des exigences "locales" des différents pays dans lesquelles elles sont implantées. Dans les deux cas, il s’agit de sites de production qui disposent de technologies avancées. Dans le cadre de notre programme industriel « Light house Factory », conceptualisé par McKinsey, l’ensemble de l’outil de production du groupe a été modernisé pour répondre au standard de l’industrie 4.0. moyennant une robotisation et une automatisation poussée. C’est le gage de la qualité, de l’efficacité et de la fiabilité. Cette même approche prévaut à la conception de l’usine allemande.

Qu’est ce qui distingue Sany de ses concurrents ?

Notre base line l’exprime très bien : "la qualité qui change le monde". Incontestablement le rapport Prix/Qualité, que propose la marque est unique sur le marché. A cela s’ajoute une grande fiabilité, une haute productivité et une consommation maîtrisée. L’efficacité énergétique de nos moteurs, quels qu’ils soient, Cummins sur les gammes lourdes , Deutz sur les gammes de manutention, Perkins pour les chargeuses sur pneus est parmi les meilleures du marché. J’ajoute que la marque est très bien positionnée sur les coûts d’exploitation avec un prix raisonnable des pièces de rechange. Sur un marché aussi concurrencé que celui des matériels de chantier, le prix doit être indexé à la qualité intrinsèque du produit. Sur ce critère, nous sommes les mieux placés. Les clients ont toujours le choix. Quand, partout dans le monde, ils sont de plus en plus nombreux à préférer la marque à d’autres concurrents, c’est que nous leur apportons une meilleure réponse. En Chine, la marque est leader avec 31% de part de marché alors que localement, elle est plus chère que Caterpillar et Komatsu. Les clients s’y retrouvent. Le marché chinois n’est plus un marché de prix. C’est aujourd’hui un marché sur lequel le rapport Qualité Prix est de plus en  plus déterminant..

Estimez-vous que la marque est pénalisée par l’image associée au matériel « chinois » en Europe ?

Vous avez raison. C’est ce sur quoi nous devons travailler. La création d’un département dédié à la gestion de la marque s’inscrit dans cette logique. Nous devons gagner en notoriété et veiller au bon positionnement de la marque. Sany n’est pas un constructeur chinois. C’est une société globale qui dispose d’usines aux Etats-Unis, en Europe et en Asie. Sany est un acteur de premier plan, qui dispose d'une  une gamme complète de matériels de chanbtier à destination du marché de la construction partout dans le monde. Les travaux de nos 15 centre de R&D répartis partout dans le monde comme le développement des nouveaux produits sont pensés pour ce marché global.

Trois ans après la crise sanitaire et dans le contexte géopolitique actuel, pensez-vous que la mondialisation est toujours d’actualité ?

Plus que jamais. C’est la logique de cette industrie qui depuis de longues années, est mondialisée. J’en veux pour preuve le réseau mondial mis en place par le groupe et notre portefeuille produits. Nous avons l’ambition de répondre à l’ensemble des besoins de matériels de chantier, quel que soit le pays. Au-delà du produit, nous fournissons également l’ éco système dans le cadre d’une approche globale service oackagée. C’est une tendance que l’on voit se dessiner sur tous les marchés. Pour répondre à cette évolution il faut donc développer les services et monter en gamme en matière de technologie. Mais attention à ne pas mettre de la technologie là où il n’y a pas besoin. Parfois, cela peut s’avérer contreproductif. Nous avons pu l’observer chez certains de nos concurrents : une approche trop technologique ou trop avant-gardiste peut s’avérer pénalisante. De plus en plus d'exploitant s’adressent à Sany parce qu’ils considèrent que d’autres marques, notamment japonaises, vont trop loin ou trop vite dans le domaine de la technologie embarquée. C’est le cas en Amérique Latine, en Afrique mais aussi en Asie du Sud-Est et dans certains pays en Europe. Tout l’enjeu est de proposer le meilleur produit adapté à l’application.

L’électrification est la voie choisie pour le développement de vos futures gammes ?

La transition énergétioque constitue un enjeu majeur. Dans ce domaine, Sany fait figure de pionnier. C’est également le cas dans le domaine de l’automatisation. Nous nous appuyons sur nos 14 000 ingénieurs dans le monde entier, qui travaillent au développement des gammes autour de deux axes principaux : l’électrification et la digitalisation. Nous sommes dans le peloton de tête des sociétés les plus innovantes dans le monde. La marque est classée au 5e rang des quelque 43 millions de sociétés que compte la Chine. Avec 13 000 dépots, le nombre de brevets est également là pour attester de notre capacité à innover..

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