
Qu’est ce qui a prévalu à l’organisation de ce premier keynotes sur le thème de la mise à niveau des matériels de chantier ?
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie mise en œuvre dès le début des années 2010 et qui tend à transformer le métier du groupe Haladjian. Nous sommes passés de spécialiste du négoce de la pièce de rechange à expert de solutions globales de service. Parallèlement, depuis deux ans, nos clients nous questionnaient de plus en plus fréquemment sur la réduction des émissions directes, la décarbonation des matériels et les solutions existantes dans le cadre de cette transition énergétique. Ces problématiques se sont traduites par une demande croissante de rebuilt, d’abord d’organes seuls mais aussi et très vite, de machines complètes. Afin de répondre aux besoins de nos clients et de leur apporter une offre structurée à forte valeur ajoutée, nous avons souhaité les réunir autour d’une table avec notre bureau d’études et notre service d’ingénierie. La finalité est de transformer les marques d’Haladjian pour les orienter vers cette activité nouvelle pour le groupe.
À quoi attribuez-vous ces besoins ?
Nous sommes en pleine transition énergétique. Les entreprises de TP, aux premiers rangs desquelles figurent les grands groupes, se sont engagées à réduire leurs émissions directes de 40% d’ici 2030. Cela signifie qu’elles doivent faire migrer leur parc Matériel équipé de motorisations Phase III a et III b vers les niveaux équivalents à ceux de la Phase V. La fréquence de remplacement des parcs et, depuis la sortie du Covid, l’allongement la durée de vie opérationnelle des machines et la nécessité d’optimiser les investissements font de la solution de rebuilt, une véritable alternative pour les exploitants. Le retour d’expérience d’Alain Bignon, directeur Matériel chez Vinci Construction Terrassement sur le chantier HS2, nous a permis de vérifier que cette pratique était déjà utilisée en Angleterre, en particulier à Londres, où les contraintes sur les émissions sont très fortes.
Comment vous positionnez-vous sur le marché ?
Le groupe Haladjian n’est ni fabricant, ni distributeur de matériels. Notre valeur ajoutée réside dans notre capacité d’intégrateur, en sélectionnant les solutions innovantes les plus pertinentes. C’est le positionnement historique de l’entreprise. Depuis 60 ans que nous travaillons avec de nombreux groupes français et internationaux, nous avons tissé des liens de confiance et démontré notre sérieux. Dans le cadre de notre programme EVOLution, nous avons démarré avec la mise à niveau de la motorisation, en proposant de transformer des moteurs Phase III en moteurs équivalence Phase V. Et réaliser cette intervention sans mesurer la performance énergétique n’a aucun sens. Nous avons donc voulu l’accompagner d’un bilan de performances avant / après afin d’objectiver les résultats obtenus.
Concrètement, en quoi consiste cette transformation ?
La mise à niveau de la motorisation est une prestation globale, qui intègre la conception, le développement, l’installation et l’entretien de système post-traitement commercialisés par notre partenaire Eminox®. Il s’agit d’une technologie éprouvée, intégrée par bon nombre de motoristes et de constructeurs.
Quel niveau d’efficacité pouvez-vous garantir à vos clients ?
Sur un Upgrade Stage V la solution proposée vise à atteindre des niveaux équivalents à Euro 6 pour les particules, le nombre de particules ; les hydrocarbures et le monoxyde de carbone. Les Nox ne sont pas traitées. Nous pouvons garantir 98% de réduction des particules (PM) et du nombre de particules (PN) et a minima, 95% de réduction des hydrocarbures (HC) comme du monoxyde de carbone (CO). Avec la solution de mise à niveau du moteur équivalence Stage V, qui combine des composants DOC et DPF pour filtrer les particules, les hydrocarbures, le monoxyde de carbone et l’injection d’AdBlue/urée, le mélange et la SCR (réduction catalytique sélective pour réduire les NOx nocifs, nous observons jusqu’à 95 % de réduction de NOx et plus de 99 % de réduction des émissions de PM, HC et CO.
Avez-vous identifié des freins voire des barrières ?
Il faut faire évoluer la réglementation en France. L’enjeu principal pour nos clients est de s’assurer qu’en répondant à un appel d’offres avec des matériels disposant de telles solutions affichent des niveaux d’émission qui satisfont aux exigences de la norme Phase V, sont conformes à la réglementation sur les rétrofit et la conformité Machine. Les Anglais, qui ont démontré que cette approche pragmatique était techniquement viable, ont fait évoluer leur cadre législatif pour répondre aux besoins des entreprises de construction. C’est essentiel quand on sait qu’à la fréquence actuelle de renouvellement du parc, il faudra attendre 6 à 8 ans avant de voir disparaître ces anciennes motorisations du marché. La conversion des flottes de matériels des entreprises s’inscrit dans le temps long. La demande est là, mais l’absence de réglementation concernant les rétrofits pour les engins mobiles non routiers est un frein.
Vous avez également sélectionné le Centre de Recherche en Machines Thermiques comme partenaire. Quelle est sa contribution ?
Le CRMT est spécialisé dans les mesures portables des polluants situations réelles, les technologies de conversion des moteurs diesel vers le biogaz et la conception, l’ingénierie et le développement de véhicules à motorisations alternatives. Sa contribution concerne les moteurs à l’hydrogène. Sa présence dans les commissions techniques de la FNTP constitue un gage de sérieux pour avancer et porter notre combat auprès des administrations. Quel que soit le type, la motorisation est quelque chose de très complexe, qui est en évolution permanente et requiert des ressources financières dont nous ne disposons pas aujourd’hui.
Quel bilan dressez-vous des échanges entre les participants ?
Les clients, des grands comptes pour la plupart, étaient demandeurs. Le keynotes a répondu à un vrai besoin dont nous n’avions pas forcément mesuré l’importance. Il a permis de constater que le sujet principal pour les exploitants résidait dans les matériels projetés en milieu urbain et en particulier dans les zones à faibles émissions ou les motorisations Phase V ou équivalentes Phase V seront exigées, voire quelle latitude leur sera laissée. Il faudra donc identifier la part du parc à faire évoluer et définir le plan de maintenance de ces machines pour les années à venir. C’est capital si l’on veut que le retour sur investissement soit acceptable.
Comment déployer cette prestation ?
Nous avons ouvert deux centres de rebuilt au cours de ces dernières années. L’un à Sorgues, l’autre à Ouagadougou, au Burkina Fasso, pour nos clients miniers pour qui il est nécessaire de réaliser des opérations en local. L’objectif est donc de faire évoluer le centre de Sorgues, où nous disposons d’ateliers de mécanique et de soudure et où nous avons acquis un nouveau terrain afin d’y construire un outil dédié au rebuilt. Parallèlement nous avons renforcé nos ressources en recrutant des spécialistes afin de renforcer notre expertise multimarque et garantir le standard de qualité technique Haladjian. Nous nous appuyons sur nos implantations de Lyon, Toulouse et Brame pour déployer le service au plus près de nos clients. Nous travaillons avec des process et des standards pour assurer un niveau de qualité au moins équivalent à celui des constructeurs. La particularité, c’est que nous sommes multimarques et que l’on peut faire du rebuilt aussi bien pour Caterpillar, Komatsu, Volvo CE,…
Quelles sont vos ambitions à moyen terme ?
Nous agirons comme nous l’avons toujours fait au sein du groupe Haladjian, c’est-à-dire en nous efforçant de définir la meilleure proposition de valeur à nos clients. Nous n’avons pas vocation à prendre 100% du marché. Nous ciblons les matériels que nous connaissons le mieux, c’est-à-dire les machines de production évoluant sur les chantiers de terrassement et les carrières. À chaque fois, l’approche sera personnalisée en fonction des attentes des clients et tiendra compte de l’application de la machine.
Au-delà de la motorisation, la seconde phase de votre feuille de route s’intéresse à l’upgrade de la machine. Est-ce l’orientation donnée activités à la société ?
Nous transformons le groupe Haladjian. Nous nous retirons progressivement de la vente de pièce pour nous concentrer sur le négoce à valeur ajoutée, les prestations de service techniques. L’orientation servicielle que nous avons impulsée depuis 2016 va donc amplifiée. Depuis la sortie de la crise sanitaire, nous sommes de plus en plus sollicités pour opérer la transformation énergétique des parcs Matériel de nos clients.
La transition énergétique est donc une aubaine ?
Nous avons assisté à l’uberisation du service au milieu des années 2010. Avant cela nous avions anticipé les limites du négoce de la pièce. Contrairement à certains constructeurs, nous ne disposons pas de 300 techniciens en propre qui interviennent partout en France. En revanche, nous nous appuyons sur plus de 360 réparateurs partenaires, qui tout en ayant leur propre indépendance et leurs propres outils, peuvent intervenir pour le compte d’Haladjian dans le cadre d’un cahier des charges spécifique. Cette approche collaborative est essentielle car les enjeux sont majeurs et les besoins sont très importants.
Disposez-vous d’ores et déjà de références ?
Nous avons plusieurs projets en cours mais nous devons avancer sur la question de la réglementation. Nous avons besoin d’être accompagnés par les pouvoirs publics qui doivent nous donner les moyens d’expérimenter des solutions innovantes. Aujourd’hui il n’existe aucun cadre réglementaire adapté aux engins mobiles non routiers comme il en existe pour les poids lourds ou l’automobile. Il faut impérativement pouvoir valider des essais normés pour assurer à nos clients des garanties réelles sur l’abaissement des émissions de leur machine. Il faut également que le coût financier de cette démarche soit compatible avec leur budget compte tenu de la rapidité de l’investissement à engager. En matière de conversion de motorisations thermiques vers des solutions alternatives, l’une de nos filiales, Haladjian Mineral Solutions dispose déjà d’une référence, en ayant procédé à un rétrofit électrique d’un concasseur mobile. C’est un premier cas. Nous devons monter en compétence dans le domaine des engins de forte puissance et de capacité importante. Concernant l’hydrogène et le biogaz, nous sommes actuellement au stade du prototypage faute de maturité dans les infrastructures associées à ces technologies. Les technologies sont complémentaires elles ne doivent pas être opposées. Nous devons explorer l’ensemble des pistes. La question de l’évolution des infrastructures et notamment l’approvisionnement sur chantier est centrale. Dans tous les cas, nous rédigerons le cahier des charges avec nos clients et partenaires.
Le groupe est-il prêt pour lancer la rénovation complète des matériels en 2023 ?
Nous suivons en permanence les technologies pour apporter la solution optimale aux clients. Nous sommes à leur écoute pour les accompagner dans leur transition énergétique en développant notamment les meilleures solutions d’upgrade en fonction de la machine, de sa motorisation et de son application. Cela commande de transformer nos marques pour les orienter vers l’upgrade machine sur nos marchés historiques que sont les TP et le Mining. Ce déploiement a vocation à couvrir tous nos territoires, y compris l’Afrique et les États-Unis. À ce titre, le marché américain constitue un potentiel considérable dans le domaine de la carrière et les matériels de préparation des matériaux. De nombreux clients sont déjà présents sur le territoire.
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