Quel bilan dressez-vous de l’année 2019 ?

Nous arrivons au terme d’un cycle de croissance qui a pris du retard à son origine mais dont la dynamique s’est accélérée au cours des quatre dernières années. Pour Loxam, cela s’est traduit par une forte croissance organique doublée d’une très forte croissance externe. Nous avons triplé le chiffre d’affaires avec les acquisitions successives de Lavendon, Hune et Ramirent. Ces opérations de croissance externe ont induit une diversification géographique sans précédent de nos activités dans des positions de marché très fortes. En outre, nous avons su tirer parti, en France, de notre positionnement de leader sur les métiers de la construction mais aussi hors BTP, dans nos métiers de spécialités ainsi que sur le Grand Paris. Ces développements s’inscrivent dans le cadre de la stratégie telle que nous l’avons définie. L’année en cours marquera une inflexion de la tendance haussière. Loxam a inscrit sa stratégie dans ce contexte. L’acquisition de Ramirent en 2019 est à replacer dans ce contexte, s’agissant de la dernière opération de croissance externe significative avant une conjoncture attendue plus faible.

D’où l’intérêt de vous affranchir du marché français et du secteur de la construction ?

La taille de l’entreprise le permet. Au vu des enjeux financiers que le groupe Loxam représente, nous nous devons de prendre en considération les attentes des différentes parties prenantes, et notamment des partenaires financiers qui nous accompagnent. Nous sommes donc tenus de pérenniser la performance du groupe. La diversification des activités comme l’expansion géographique y contribuent. Depuis sa création, le groupe se réinvente. La taille du groupe commande de disposer d’un mode de fonctionnement adapté en s’attachant à identifier et à diffuser les meilleures pratiques de chacune de nos filiales. Nous sommes en perpétuelle transformation. Mais c’est le temps qui contribue à donner du ciment à la structure.

L’embellie de l’activité vous a-t-elle permis d’améliorer la performance financière du groupe ?

Loxam, comme l’ensemble de la profession, a rétabli ses fondamentaux. J’observe que le parc a été rajeuni, que les taux de rotation ont été maintenus à haut niveau, voire améliorés dans certaines régions, et que les portefeuilles clients ont été redéfinis. Tous les acteurs ont défini des axes stratégiques de développement qui varient d’une entreprise à l’autre mais qui démontrent que chacun a mis à profit cette période faste pour se mettre en ordre de marche et se préparer à l’atterrissage attendu à court terme.

Comment navigue le navire dans la tourmente actuelle ?

Le cap est déterminé par le moyen et le long terme, la vitesse étant conditionnée par le court terme. Ne confondons pas les temporalités. L’activité reste bonne en ce début d’année. Sans remettre en cause un ralentissement en 2020-2021, nos principaux marchés sont toujours bien orientés. Nous bénéficions d’une météo exceptionnellement clémente. Structurellement, la location est porteuse. Les facteurs exogènes à la profession, que, par définition, nous ne maîtrisons pas et sur lesquels nous ne pouvons pas agir, sont moins favorables. Force est de constater qu’en ce début d’année, les facteurs de risques sont nombreux, et nous ne pouvons pas présager à ce jour de l’incidence du coronavirus sur notre économie.

Quels sont vos relais de croissance ?

Dans les prochaines années, le développement de Loxam restera majoritairement en Europe. Pas exclusivement, mais bien majoritairement. Nous n’avons aucune obligation à nous attaquer à de nouveaux marchés. À court terme, la priorité est donnée à l’amélioration de notre performance dans les principaux pays que nous couvrons. Il y a encore beaucoup à faire. Quelle que soit la taille du groupe, nous ne dominons pas notre environnement. Nous ne faisons que nous adapter.

Que retirez-vous de votre démarche RSE ?

Notre politique sociale et sociétale a considérablement évolué au sein du groupe. La politique RSE, comme la transition numérique, a contribué à transformer le groupe en profondeur. Nous avons été volontaires dans cette démarche que nous appréhendions, à l’origine, comme facteur de bonne et saine gestion. Aujourd’hui, c’est tout simplement une nécessité vitale. Nous nous devons de travailler sur notre empreinte écologique, notre contribution à la société, notre éthique, autant d’enjeux qui dépassent désormais les seuls critères économiques. J’observe que la taille acquise par le groupe nous a naturellement amenés à travailler sur ces sujets de plus en plus prégnants, au regard des enjeux du développement durable et de l’économie circulaire. Si l’environnement du groupe le demandait, la taille de Loxam l’exigeait. J’observe que la dynamique induite intéresse beaucoup nos clients, fournisseurs et autres partenaires.

Qu’en est-il en interne ?

Quand vous travaillez sur des enjeux de santé et de sécurité au travail, que vous vous mobilisez sur des problèmes d’émissions, de bruit ou de pénibilité, tous vos collaborateurs vous suivent. De même, vos clients apprécient quand vous vous intéressez à la prévention des risques sur les chantiers. La nouvelle génération est particulièrement sensible aux questions d’éthique qui tendent à devenir des critères de sélection aussi déterminants que la rémunération proposée. Je dirai même que c’est plus facile de mobiliser nos collaborateurs sur ces questions que sur une croissance d’activité. Même si Loxam est une entreprise qui continue de grandir, il faut reconnaître que les enjeux se sont déplacés vers les questions d’inclusion, de diversité, de préservation de l’environnement… Les approches sont désormais plus qualitatives que quantitatives.

Comment qualifieriez-vous vos relations avec les majors de la construction ?

La relation est nominale. Nous avons noué des relations de confiance, notamment grâce à notre démarche RSE qui nous a permis de franchir un nouveau palier. Si la notion de prix est toujours présente dans nos négociations, elle est moins discriminante. Aujourd’hui, nous travaillons dans un esprit plus partenarial sur des enjeux qui nous concernent tous, comme la prévention des risques. Le fait que la conjoncture soit moins difficile contribue aussi à cette meilleure collaboration.

Pourquoi avoir adhéré au pacte mondial de l’ONU ?

Loxam s’inscrit dans le sens de l’histoire, qui tend à ce que les entreprises adoptent une attitude socialement responsable. Il en va de la pérennité des entreprises. Le choix est simple : ou elles s’adaptent ou elles disparaissent.

En quoi la location contribue-t-elle à répondre aux enjeux du développement durable ?

Par définition, la location s’inscrit dans l’économie de l’usage. Le simple fait de louer, donc de partager l’usage d’un bien, est vertueux. La location contribue à préserver les ressources naturelles et à réduire l’impact environnemental. Tout au long du cycle de vie d’un matériel, la location permet d’en limiter l’empreinte carbone. Quand nous mettons sur le marché les technologies les plus récentes, gage d’efficacité énergétique optimisée, nous contribuons encore à la réduction des GES.

La perception de vos clients a-t-elle évolué sur ces enjeux ?

Considérablement. En matière de RSE, la perception de nos clients vis-à-vis de la démarche Loxam a évolué. Le prix des matériels n’est pas le problème n° 1. La principale contrainte réside dans la capacité des fournisseurs à nous proposer des matériels à même de répondre aux enjeux du développement durable au sens le plus large de son acception. À ce jour, nous n’avons pas exploité toutes les possibilités offertes par les technologies les plus avancées.

Quelle est la contribution du matériel à cet objectif ?

En tant que loueur, nous sommes un intermédiaire entre le constructeur et le client final. Notre rôle est de préconiser. Loxam ne conçoit pas de matériels. Nous achetons ces matériels selon nos propres cahiers des charges avec des caractéristiques spécifiques qui contribuent à la diffusion de l’innovation. Nous contribuons activement à la mise sur le marché de solutions qui permettent de travailler de manière plus efficace, en toute sécurité. Dès que nous jugeons qu’une innovation peut apporter un plus à nos client, nous mettons tout en œuvre pour accélérer sa mise sur le marché.

L’agence physique a-t-elle de l’avenir ?

La notion de proximité reste essentielle en matière de relation commerciale et d’empreinte écologique. Le transport est une composante centrale dans la location. Les réseaux tels que nous les avons structurés conservent toute leur pertinence, même s’ils doivent également s’adapter. Le chef d’agence, qui est chaque jour au contact d’une clientèle qui reste faite de bon nombre d’artisans, reste au cœur de notre organisation.

Repères chiffrés

2,3 milliards d’euros estimés en 2019*

1 055 agences

11 000 employés

30 pays

600 000 équipements

*Chiffre non audité pro forma co

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