La Fédération des matériels de construction et de manutention (DLR) organisait le 3 décembre dernier à Paris sa Journée nationale des métiers. Durant cette série de conférences, le syndicat professionnel a mis l’accent sur deux difficultés actuelles de la filière : les relations avec les grands groupes et la prise en main des outils numériques. (Photo ci-dessus : Bertrand Carret, président de DLR, lors du congrès de l'association le 21 mars dernier. © CDF) Depuis quelques années, les entreprises de location et de distribution d’engins de chantier se trouvent dans une situation inconfortable. Elles sont confrontées à une concentration inédite de leurs clientèles. La multitude de petites sociétés de BTP laissent progressivement place à quelques groupes nationaux ou internationaux. Ces grandes entités peuvent tirer parti de cette position dominante pour négocier des contrats nettement à leur avantage. Au-delà de cette difficulté immédiate, la question du numérique pointe à l’horizon. Certes, le secteur tourne encore aujourd’hui selon les règles décrites par l’économie classique. Néanmoins, le XXIe siècle et ses plates-formes électroniques s’insinueront un jour ou l’autre dans ces relations commerciales, avec de funestes conséquences pour ceux qui ne s’y sont pas préparé.

Prestataire, pas sous-traitant

Dans ce contexte mouvant, il convient donc de serrer les rangs. Le 3 décembre dernier à Paris, la Fédération des matériels de construction et de manutention (DLR) a profité de sa Journée nationale des métiers pour rappeler à ses adhérents l’existence de ces deux dynamiques. Les relations difficiles avec les grandes firmes ont été évoquées par le biais d’une interview de Marie Caulautti, directrice adjointe des achats de GSF, l’une des principales sociétés de nettoyage et de services de France. Celle-ci s’est revendiquée d’une approche plutôt ouverte au dialogue, un comportement peu commun dans le monde du BTP selon son interlocuteur, Joël Fruchart, président du Groupe location de DLR. Cette conférence désirait prouver que d'autres modèles étaient possibles. En conclusion, Hervé Rebollo, délégué général de l'association, est venu renforcer ce sentiment avec une adresse incisive à la salle : « Vous n’êtes pas des sous-traitants. Et ce n’est pas une incantation. Un sous-traitant est engagé dans la conception du chantier. Même si vous louez avec un opérateur, ce n’est pas votre rôle. Vous êtes des prestataires ! » Quant au numérique, c’était l’objet de la dernière intervention consacrée aux résultats d’une enquête. Menée par les cabinets CG Conseil et Amnyos auprès des professionnels de la filière, cette étude met en évidence leur retard dans l’emploi des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Ses rédacteurs préconisent notamment un accompagnement des petites et moyennes entreprises dans cette évolution et la mise en place de formation, éventuellement à distance.

La fin des bricolages

En effet, qu'il soit question des nouvelles technologies ou des rapports de force commerciaux, il semble difficile pour une société de taille réduite de s’en sortir seul. C’est là qu’une association professionnelle peut apporter sa contribution et DLR se propose de jouer ce rôle. Entre autres exemples, la Journée a vu la présentation de nouvelles conditions générales de vente et du Guide de la distribution et d’analyse des réseaux, deux instruments propres à soutenir une meilleure structuration de la distribution. Une autre discussion a porté sur la dématérialisation des fractures. L'association a organisé plusieurs réunions cette année autour de ce sujet avec des loueurs et leurs clients. La mise en place d’une plate-forme commune de traitement administratif est envisagée. Le coût du projet devrait être connu en février prochain, un groupe de travail constitué durant le printemps. « Nous avons réussi à réunir autour de ce sujet les principaux groupes de la construction et à discuter dans un certain respect mutuel, a précisé à ce propos Bertrand Carret, président de DLR. Nous allons essayer d’avancer et d’harmoniser tout ça, sans oublier de leur rappeler nos conditions générales de location. » M. D.