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Alexandre Marchetta est directeur général du groupe Mecalac. Il semble que Mecalac accélère depuis ces douze derniers mois. Vous confirmez ? 2017 a été une année de transition et de développement, avec le lancement d’une nouvelle gamme de pelles sur pneus et l’acquisition de l’usine anglaise de Terex. En conséquence la gamme s’est étoffée. Parallèlement, nous avons mené plusieurs projets d’expansion géographique. Le profil de la société s’en trouve modifié, les changements intervenus au cours des derniers mois voyant leur concrétisation. L’offre urbaine telle que nous l’avons élaborée convient à une grande diversité de pays. Nous y avons ajouté les chargeuses-pelleteuses, les moto-basculeurs et les compacteurs à rouleaux, aux côtés des gammes de pelles sur chenilles et sur pneus et des chargeuses sur pneus. Vos gammes se prêtent-elles à l’automatisation des fonctions, voire à l’autonomie ? L’environnement urbain, qui est le contexte d’évolution de nos machines, ne se prête pas au déploiement de ces technologies. Le maître mot pour nos clients, c’est l’adaptabilité. Ils doivent en permanence prendre en considération les questions de nuisances, de circulation, d’encombrement. Aussi, nous ne travaillons pas aujourd’hui sur une machine autonome. L’autonomie pure ne nous concerne pas. En revanche, nous croyons dans les systèmes d’assistance qui permettent aux opérateurs de mieux travailler sur les chantiers. L’intelligence de la machine doit contribuer à accroître sa performance, sa sécurité et sa facilité à opérer. Comment appréhendez-vous la problématique des motorisations thermiques dans l’espace urbain ? La problématique des émissions est posée dans la plupart des grandes villes. La société étant, depuis sa création, centrée sur le monde de l’urbain, il est normal de s’intéresser à ces questions. Avec l’urbanisation croissante que nous pouvons observer partout dans le monde, notre créneau devient de plus en plus important. J’observe que de plus en plus de concurrents cherchent eux aussi à apporter des solutions dans le domaine de la mécanisation des travaux urbains. Le thermique a encore de belles années devant lui, cependant nul ne peut ignorer l’intérêt croissant pour la transition vers des solutions alternatives plus respectueuses de notre environnement, même si les motoristes ont largement progressé dans leur offre vers des moteurs thermiques plus propres. Mais pour Mecalac, et ce depuis sa création, la solution passe aussi par la polyvalence, largement développée dans nos gammes. Une vraie polyvalence qui, avec l’usage d’une machine unique qui en remplace deux voire trois, réduit considérablement les émissions polluantes directes mais aussi indirectes, tout simplement, par exemple, avec le transport sur site d’une seule machine, donc un seul camion sur route et à l’approche du chantier. Quelle est la philosophie de la marque dans ce domaine ? Le volet énergétique dépasse les seuls matériels de TP, la pollution urbaine constituant un enjeu de santé publique qui doit être appréhendé, d’une part à travers la réglementation qui régit les émissions, et d’autre part par l’innovation. De ce point de vue, les énergies alternatives offrent de réelles perspectives. Dès 2006, Mecalac avait présenté une machine hybride, avec adjonction d’un moteur électrique à un moteur diesel, qui constituait une première réponse. Nous avons décidé de ne pas aller plus avant dans cette voie, considérant les contraintes induites, et de faire un choix plus radical en optant pour un engin 100 % électrique. Comme d’autres l’ont fait avant vous. En quoi vous distinguez-vous ? C’est vrai. Mais chez Mecalac, nous n’avons pas voulu faire de compromis sur la performance de la machine, qu’il s’agisse des efforts purs de la machine ou de son autonomie. La technologie que nous avons retenue permet de disposer d’une journée complète de travail, avec les puissances hydrauliques et thermiques équivalentes à celles d’une machine traditionnelle. [caption id="attachment_3601922" align="alignright" width="200"] « Nous ne sommes pas enclins à délocaliser. »[/caption] Comment appréhendez-vous les changements de comportement de vos clients depuis le début des années 2010 ? Ils accordent une plus grande attention à la constitution de leur parc de matériels. Ils cherchent à en optimiser l’exploitation. En outre, les modes d’acquisition des produits ont considérablement évolué pour se diversifier, au travers de différentes solutions locatives. Nos clients, qui ont toujours besoin de matériels pour réaliser leurs chantiers, ont évolué dans un contexte incertain. Face à un carnet de commandes faible et sans réelle visibilité, il est logique qu’ils cherchent à sécuriser leurs investissements tout en disposant d’une certaine flexibilité de parc. La ligne médiane de possession du parc est plus faible, avec une fréquence de renouvellement qui tend à s’allonger. Le temps de possession augmente alors que les besoins d’ajustements ponctuels de parc sont de plus en plus fréquents. La capacité à apporter des solutions de financement adaptées est déterminante. C’est pourquoi nous pouvons financer 100 % de la gamme Mecalac au travers de nos offres de financement. Comment voyez-vous évoluer la nouvelle pelle « e12 » ? La e12 est sans doute la machine la plus urbaine au monde. Il s’agit d’une innovation de rupture, comme Mecalac en dévoile régulièrement. C’est le concept ultime, dessiné dès l’origine pour les travaux urbains. Aujourd’hui elle est déclinée en version tout-électrique. Dans le futur, on peut imaginer que d’autres types d’énergie se développent. D’ici-là, d’autres matériels seront déclinés en version électrique. Les moto-basculeurs par exemple ? Compte tenu du calendrier, cela aurait été précipité. Il est évident que ces matériels, qui sont des petits camions urbains, ont vocation à recevoir d’autres motorisations. Notre priorité a été de redynamiser l’innovation produit et de mettre les gammes aux standards de la marque. Le compactage est-il un produit stratégique pour Mecalac ? Le compactage s’inscrit dans notre logique de développement de l’offre. Nous disposons déjà de petits compacteurs à rouleaux mono-bille, destinés majoritairement au marché anglais, qui vont évoluer avec une version hydrostatique et dotée d’un timon antivibration. Sur les compacteurs à rouleaux tandem, l’interface de conduite doit encore évoluer, tout comme la motorisation. Vos usines sont spécialisées par ligne de produit : quel avantage en tirez-vous ? Il est toujours possible d’introduire de la flexibilité dans la production. Dès lors qu’il y a un sens à produire sur un autre site, sur le plan industriel ou commercial, nous étudions cette possibilité. Il est préférable de spécialiser les usines en termes de ressources liées à la R&D, au développement produit et à l’après-vente. Mecalac a toujours veillé à disposer, dans les murs de chacun de ses sites, des compétences techniques et humaines. En tant qu’industriel multisite, nous sommes en évolution permanente. L’intégration de la distribution avance plus vite que l’intégration industrielle. Nous devons encore développer des synergies entre nos différentes usines. Nous avons la volonté d’avancer rapidement pour envoyer un signal clair au marché : aujourd’hui la gamme Mecalac compte cinquante machines. Le Brexit ne change-t-il pas la donne outre-Manche ? À ce stade, les pronostics les plus sombres sont démentis. Même si l’on observe une relative incertitude de la part des investisseurs anglais, le marché reste dynamique. Il est à penser que malgré sa sortie de l’Europe, l’Angleterre ne soit pas isolée. Peut-on parler de percée aux États-Unis ? Effectivement, c’est un marché que nous suivons depuis plusieurs années. Après avoir longtemps frémi, il s’est mis à accélérer, avec une meilleure acceptation de nos concepts par les exploitants. L’intégration de l’usine anglaise a également contribué à ce dynamisme avec, notamment, le marché de la chargeuse-pelleteuse sur l’ensemble du continent américain. À ce titre, le réseau de distribution dont nous avons hérité s’est avéré déterminant. En Amérique latine, nous sommes présents dans tous les pays à l’exception du Brésil. En Amérique du Nord, nous nous appuyons sur douze distributeurs qui couvrent la côte Est, la Californie et l’État de Washington. Au Canada, nos distributeurs sont présents à Montréal et à Québec. À chaque fois, la typologie des produits est spécifique au pays : la chargeuse-pelleteuse est très populaire en Amérique du Sud. Nous sommes déjà présents partout en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Pour autant, l’essentiel de votre activité reste en France et en Allemagne… Il faut désormais intégrer l’Angleterre. Ces trois pays, qui constituent les économies européennes les plus fortes, sont effectivement les trois premiers marchés pour Mecalac, avec dans chacun des produits phares. Chaque pays présente des avantages et des inconvénients, la productivité et le coût du travail s’équilibrant. Nous ne sommes pas enclins à la délocalisation. Nous avons la volonté de conserver nos ressources et nos compétences et de continuer à produire dans ces pays de manière compétitive. Nous cherchons à parvenir à un certain équilibre entre les ventes domestiques de chacune des usines et les autres zones d’exportation. Être présents en Turquie par exemple – nous y avons une usine et une filiale commerciale – présente plusieurs avantages. Nous sommes au contact de certains de nos fournisseurs et bénéficions d’une ouverture sur les marchés moyen-orientaux. La capacité de votre outil de production est-elle suffisante ? Nous avons des projets pour faire évoluer nos usines en capacité et en variété, en lien avec notre stratégie de développement produits et notre politique de diversification géographique. Nous avons la possibilité de le faire dans un contexte de marché favorable. Sans que l’économie soit euphorique, nous bénéficions de marchés porteurs dans la plupart des pays dans lesquels nous sommes présents. La demande est soutenue et certains de nos fournisseurs rencontrent des difficultés à tenir les cadences. Que représente la location ? Je pense qu’il faut raisonner en fonction des différents marchés. Les besoins d’un loueur ne sont pas les mêmes que ceux d’un utilisateur final. Dans le premier cas, c’est la simplicité d’usage du produit qui est recherchée. Dans le second, c’est la performance qui prime. Les progrès techniques faisant, les matériels sont de plus en plus aboutis. La valeur ajoutée de Mecalac est de proposer une machine innovante et différenciante.   Groupe Mecalac Repères chiffrés 2017

  • 240 millions d’euros : chiffre d’affaires
  • 5 usines, en France (2), Allemagne, Royaume-Uni, Turquie
  • 9 filiales commerciales, en France (2), en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Pologne (2), en Turquie, aux États-Unis
  • 5 000 unités produites