Colas
Didier Manseau
Une interview de Didier Manseau, Directeur général de Colas France, territoire IDFN*.

« Tersen ambitionne de valoriser 100 % des matières collectées »

Qu’est ce qui a prévalu à la naissance de Tersen ?

Tersen regroupe les activités de Cosson, Picheta et SMS**, trois entités de Colas Île-de-France Normandie, qui interviennent dans l’extraction et la valorisation des matériaux ainsi que dans la gestion des déchets de la construction. Si les trois sociétés sont positionnées sur les métiers de l’environnement au sens large, chacune dispose de son propre domaine d’expertise et de son propre bassin économique. Face à l’évolution de ces métiers et considérant le développement attendu dans la filière francilienne, il nous a paru opportun de constituer un pôle d’expertise globale.

Avec quelles conséquences immédiates ?

Depuis près de 30 ans, nous sommes convaincus que les matériaux issus des chantiers d’aménagement et de la déconstruction constituaient une opportunité de repenser notre modèle, dans une approche éco-responsable. Il fallait donc organiser la filière. Avec son concept d’éco-tri, initié dès 1991 à Pierrelaye (95), Picheta a ouvert la voie, en apportant, faute de déchetterie communale, une solution pratique au plus près des gisements de matières à collecter. Aujourd’hui, Tersen, est un acteur de l’économie circulaire, qui maîtrise toutes les étapes du traitement, depuis la collecte jusqu’à la commercialisation de matériaux recyclés. De son côté, Cosson a développé un savoir-faire dans la dépollution des sols. Aujourd’hui, la nouvelle entité fait office de guichet unique pour apporter un service global dans le domaine de gestion et de la valorisation des matériaux. En interne, l’avènement de Tersen permet avant tout d’optimiser les flux de matériaux et leurs transports afin de réduire les coûts et le bilan carbone, et de surcroît simplifie le process interne, et supprime aussi de nombreuses facturations.

Quel est le périmètre du nouvel ensemble ?

Tersen représente un chiffre d’affaires de l’ordre de 150 millions d’euros pour un effectif de plus de 400 collaborateurs. Cela nous confère une taille critique à l’échelle de l’Île-de-France, ou nous réalisons plus de 250 chantiers chaque année. À terme, ce périmètre pourra être étendu au-delà de la région capitale.

De quel est l’outil industriel dont dispose Tersen ?

Avec 50 implantations industrielles, nous disposons d’un maillage régional dense. Cette proximité est déterminante. L’économie circulaire commande de recycler au plus près des gisements pour limiter l’empreinte carbone de l’activité et l’impact des transports. Hormis la partie la plus éloignée de la Seine et Marne, Tersen offre une implantation industrielle, dont une trentaine de déchetteries professionnelles, à moins de 20 km sur l’ensemble de la région.

La notion de proximité conditionne-t-elle l’expansion future ?

Absolument. Le maillage contribue à renforcer la couverture géographique et à optimiser la logistique des projets. Nous entendons agir sur ce levier. Nous ne croyons pas aux seules méga installations multimétiers. Plus la plateforme de tri est en amont du traitement, plus elle est efficace et vertueuse sur le plan environnemental. Compte tenu de la diversité des déchets à traiter, nous misons sur des installations spécialisées, en veillant à s’adapter à chaque contexte et en mettant en œuvre les outils les plus performants, au cas par cas. Nous voulons aussi collaborer avec les acteurs institutionnels et les éco-organismes dans le but de développer des solutions écoresponsables durables.

Quel est le fléchage des investissements ?

Cette année, nous avons investi 10 millions d’euros pour mettre à niveau le site de Marcoussis (91), et le transformer en plateforme d’économie circulaire. Pour cela, nous avons acquis une nouvelle centrale de blanc et un nouveau concasseur. L’effort budgétaire sera maintenu en 2022, avec notamment des investissements dans l’usine de traitement de terres polluées Terzéo dont 75 % des matériaux sortants seront recyclés et dont la pollution sera contenue dans les 25 % ultimes restants qui seront enfouis au plus près sur le site contigue à l’usine. . Il s’agit d’un projet porté initialement par Cosson, et exclusivement dédié au traitement de terre polluée positionné en Seine et Marne.

Quelles sont les synergies à développer avec Premys, autre filiale de Colas France ?

Elles sont effectives et quotidiennes. La finalité est de valoriser 100 % des matières collectées. Tersen est structurée pour développer l’activité et les volumes recyclés, valorisés et réemployés, l’objectif étant d’approcher les 100 %, contre 80 % actuellement.

Comment appréhendez-vous le rôle des start-up spécialisées dans la gestion des terres et de déchets de chantier ?

Le risque de désintermédier notre activité, que l’on pouvait craindre avec la multiplication de nouveaux acteurs du digital est écarté. Ces « greentechs » offre la simplicité au client au travers d’un portail numérique et en jouant sur l’effet volume pour être compétitif. Dès lors que l’on s’organise, nous aussi, avec un guichet unique, notre maîtrise de l’intégralité de la chaîne de traitement et notre capacité industrielle sont déterminantes vis-à-vis des donneurs d’ordre. Nous sommes techniquement mieux disants et économiquement plus performants.

Quelles sont vos prévisions d’activités à court terme ?

Les volumes à traiter ne devraient pas augmenter de manière significative. L’activité devrait donc se maintenir à un niveau similaire à celui observé actuellement (avec les travaux du grand Paris). Dans nos métiers, c’est principalement l’évolution de la réglementation qui conditionne notre activité.

*maison mère de Tersen

**Société des Matériaux de la Seine