Le 18 septembre, sept organisations ont présenté une enquête consacrée au métier de coordonnateur chargé de la sécurité et de la protection de la santé. Ce bilan est accompagné d’un livre blanc qui décrit plusieurs pistes de développement pour cette profession. Défini par le droit français en décembre 1993, le métier de coordonnateur chargé de la sécurité et de la protection de la santé (SPS) fêtera dans quelques mois ses vingt-cinq ans. Le pays compte aujourd’hui environ 4 000 titulaires d’une attestation de compétences en la matière. Autant de professionnels qui œuvrent à limiter les risques sur les chantiers qui impliquent plusieurs entreprises. Un quart de siècle d’existence et un nombre non négligeable d’actifs, le contexte se prêtait bien à un bilan complet. Un groupe de travail, composé de sept organismes (1), s’est penché sur la question. Ses représentants ont détaillé le 18 septembre le fruit de leur labeur, à savoir une étude sur l’état de la filière et un livre blanc consacré à son développement.

Un besoin urgent de formation

Préalable indispensable au livre blanc, l’enquête consacrée au secteur se révèle riche d’enseignements. Ses conclusions sont tirées d’un questionnaire rempli entre juillet et décembre 2016 par 299 coordinateurs SPS, 17 maîtres d’ouvrage, 43 maîtres d’œuvre et 205 entreprises. En premier lieu, il apparaît que 93 % des coordinateurs ont décroché leur qualification après une ou plusieurs expériences dans le BTP. La moyenne d’âge de la population reflète cette orientation tardive : en 2016, 78 % des individus avaient plus de 40 ans et 35 % plus 55 ans. Les rapporteurs estiment ainsi qu’environ 2 000 postes seront à pourvoir dans les années à venir. Ils placent donc la réforme de la formation parmi les priorités de la profession. Leurs recommandations portent entre autres sur l’enrichissement du contenu pédagogique et la promotion de cette pratique.

Des compétences mal employées

Par ailleurs, plusieurs coordinateurs sont débordés. Plus d’un tiers affirment avoir par moment mené simultanément plus de 80 missions en 2015, une charge considérable qui nuit à la qualité de leur travail. Cette saturation résulte peut-être de tarifs très faibles pratiqués pour certaines prestations : les répondants indiquent avoir perçu moins de 40 euros de l’heure dans 27 % des cas. Cette constatation pousse à s’interroger quant aux moyens d'accroître ces revenus. Dans ce domaine, des progrès sont envisageables, tant les compétences de ce corps de métier demeurent encore sous-exploitées. En effet, 76 % des sondés déclarent être rarement sollicités lors de la conception d’un projet. Pis, 75 % notent que les documents utilisés aujourd’hui ne garantissent pas une communication efficace entre le coordinateur et les intervenants du chantier. En outre, 53 % des maîtres d’ouvrage déclarent n’organiser aucunes réunions entre le responsable SPS et la maîtrise d’œuvre.

Améliorer l’information

La profession se trouve donc confronté à une méconnaissance de son savoir-faire. Le groupe de travail a donc réfléchi à plusieurs pistes afin de remédier à cette situation. Les actions proposées dans le livre blanc se révèlent plus ou moins radicales. Les rédacteurs suggèrent notamment d’inscrire la nomination d’un coordonnateur parmi les prérequis au dépôt d’un permis de construire. Un autre pan de mesures concerne l’information des donneurs d’ordre. Celui-ci comprend la vulgarisation de la norme NF P99-600, la réalisation d’une étude sur les bénéfices liés à la coordination SPS, ainsi que la création d’un outil de suivi spécifique à ce type de mission. Enfin, les rapporteurs conseillent d’harmoniser les méthodes de la communauté et d’améliorer son capacité à communiquer. M. D.   (1) : le groupe de travail se composait de représentants de :
  • l’Association française de coordonnateurs sécurité et protection de la santé Ile-de-France (Afco Ile-de-France) ;
  • la fédération Cobaty ;
  • la Coprec ;
  • la Fédération des acteurs de la prévention (FAP) ;
  • le Groupement des organisations représentatives des coordonnateurs SPS (GOC.sps) ;
  • le Groupe responsabilité des acteurs de la construction (Grac) ;
  • SNCF Réseau.
Par ailleurs, cette mission a reçu le soutien de l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP).